Le président du Pérou Pedro Castillo est accusé de plagiat pour le mémoire qu’il a écrit pour obtenir son master. Il rejette tout acte irrégulier.

Le ministère public du Pérou a lancé le 5 mai une enquête contre le président Pedro Castillo pour des suspicions de plagiat de son mémoire de recherche dans le cadre de son master.
Avant d’être président, Pedro Castillo et sa femme étaient enseignants dans une école de campagne et diplômés d’un master qu’ils sont maintenant accusés d’avoir plagié. Le diplôme leur permettait par ailleurs d’être mieux payé.
Pedro Castillo est titulaire d’un bachelor (Bac +4) en éducation obtenu en 2006 à l’université César-Vallejo. Il a ensuite suivi un programme de master en psychologie de l’éducation de la même université en 2010–2011, dont il est sorti diplômé en 2013. Le mémoire de recherche, rédigé avec son épouse, portait sur l’impact de la parité chez les enseignants sur l’apprentissage des écoliers du primaire.
L’université César-Vallejo fut fondée en 1991 par César Acuña, candidat aux élections présidentielles de 2001, qui a été également accusé d’avoir plagié sa thèse pendant la campagne.
Des journalistes du programme télévisé Panorama ont soumis le mémoire de Pedro Castillo dans le logiciel de détection de plagiat Turnitin. Il en est ressorti que 54 % du mémoire était la reproduction d’autres auteurs. Selon le reportage diffusé le 1er mai, la partie théorique du mémoire, 26 des 121 pages, était entièrement copiée-collée d’auteurs nationaux et étrangers sans les citer. Le couple aurait également falsifié la validation académique de la méthodologie utilisée pour leur recherche.
Dans une déclaration publiée le 4 mai, le président « rejette les accusations “mal-intentionnées” » et « tout acte irrégulier », avançant que le mémoire a été « validé avec les standards de qualité appropriés ». Il a également affirmé que les informations manquaient de légitimité, car le document présenté par Panorama ne comportait aucun cachet confirmant qu’il s’agissait du document officiel.
Pedro Castillo estime que les accusations ont un objectif politique, faisant partie d’un « plan de déstabilisation ».
Panorama a répondu à l’accusation sur la légitimité en communiquant l’ordonnance du Tribunal de la transparence et de l’accès à l’information publique demandant à l’université de fournir le mémoire aux journalistes, tous les mémoires et thèses étant des documents accessibles au public. L’université avait d’abord refusé d’accéder à la demande des journalistes.
Un jour plus tard, l’enquête a été annoncé pour examiner des délits aggravés de plagiat, de publication de faux et de rémunération indue au détriment de l’État. L’épouse de Pedro Castillo, Lilia Paredes, fait également l’objet d’une enquête en tant que co-auteure du mémoire.
Les faits reprochés ne sont pas prescrits. Mais comme ils ont eu lieu avant que Pedro Castillo ne soit élu président, le ministère public ne peut être chargé de l’enquête, qui est donc menée par un procureur provincial du district de Tacabamba, dans la région de Cajamarca dans le nord du pays, où Pedro Castillo et son épouse ont effectué leur recherche et rédigé leur mémoire.
Nommé pour l’enquête, le procureur Juan Ramón Tantalean Olano est diplômé de la même université que le couple présidentiel. Il a obtenu une licence en droit en 1999 et un master en gestion publique en 2016. Le ministère public exclut tout conflit d’intérêts car il n’y a aucun lien entre eux selon la loi.
Dans une interview à Canal N, l’avocat de Pedro Castillo a déclaré que ce qu’il a fait était autorisé à l’époque, avant que la réforme universitaire de 2014 ne fixe de meilleures normes.
Après la réforme universitaire, une autorité publique, la Sunedu, fut créée pour contrôler et améliorer la qualité de l’enseignement supérieur dans les universités. Mais ce scandale est aussi utilisé comme une opportunité par les législateurs pour réorganiser la Sunedu, critiquée par des membres du parlement. Selon El Pais, plusieurs universités appartenant ou représentées par des membres du Congrès de divers partis ont été fermées par la Sunedu faute de normes éducatives suffisantes.
Les accusations de plagiat compliquent encore la présidence de Pedro Castillo, qui a déjà eu quatre premiers ministres différents depuis le début de son mandat. Élu en juin dernier avec une faible marge, les membres de l’opposition font pression sur lui pour qu’il démissionne. Ils ont déjà tenté de démettre le président de ses fonctions par une motion de vacance.
Plus tôt cette année, le ministère public a ouvert des enquêtes sur plusieurs affaires liées à Karelim López, une lobbyiste qui accuse Pedro Castillo d’être à la tête d’une organisation criminelle. Les enquêtes portant sur le président lui-même ont été reportées à la fin de son mandat en 2026.
Mais jeudi, le même jour de l’ouverture de l’enquête sur le plagiat, le ministère public a annoncé avoir ouvert des enquêtes préliminaires sur un ancien ministre et cinq membres du Congrès connus sous le nom de « Los Niños », tous accusés par Karelim López d’arranger des appels d’offres publics lors de réunions clandestines avec le président. Au cours des 20 dernières années, tous les présidents du Pérou ont été entachés d’accusations de corruption.