Du 19 avril au 1er juin 2024 se déroulent les élections législatives indiennes permettant d’élire la chambre basse du Parlement indien ainsi que le premier ministre. Les deux alliances de partis, la NDA et l’INDIA, se jettent mutuellement la pierre au sujet de la corruption tandis que les déboires judiciaires des politiques alimentent les journaux.
Les élections législatives indiennes commenceront dans un peu moins d’une semaine. Elles ont pour particularité cette année d’opposer deux grandes alliances de partis : la NDA (National Democratic Alliance) et l’INDIA (Indian National Developmental Inclusive Alliance).
La NDA est composée d’une trentaine de partis dont celui du premier ministre sortant Narendra Modi, le BJP (Bharatiya Janata Party). Cette alliance fait figure de large favorite avec 70% des intentions de vote selon un sondage de Times Now et de ETG.
L’INDIA, elle, est constituée de 26 partis et représente l’opposition avec comme chef de proue le parti Indian National Congress, au pouvoir jusqu’en 2014. Cette large alliance permet à l’opposition de présenter un front uni face au NDA dont la popularité s’est bâtie sur un programme à l’idéologie nationaliste et anticolonialiste.
Une opposition minée par le gouvernement en place
Pour l’image d’une bonne entente, il faudra repasser. L’INDIA peine à garder ses représentants, visés par de nombreuses enquêtes judiciaires. Des enquêtes qui disparaissent une fois que l’accusé choisit de rejoindre le parti du premier ministre. Au cours de ces derniers mois, au moins 12 dirigeants de l’opposition faisant face à des accusations criminelles ont choisi de rejoindre le BJP d’après un rapport de The Wire,
L’alliance INDIA est sérieusement affaiblie par les emprisonnements de plusieurs leaders de ses partis comme Arvind Kejriwal, le chef du parti Aam Aadmi et le ministre en chef de l’état de Delhi qui a été arrêté le 21 mars.
Amnesty International avait déclaré le lendemain de son arrestation que « la répression contre l’opposition atteint un point critique à l’approche des élections nationales. » D’après une enquête du journal Indian Express, possédé en parti par un proche de Narendra Modi, 95% des enquêtes du Directorate of Enforcement (ED), l’agence gouvernementale chargée des crimes financiers, visant des politiques concernaient des membres de l’opposition.
Triste ironie du sort, le leader de Aam Aadmi a été accusé de recevoir des pots-de-vins alors qu’il avait fondé son parti en proposant un programme anticorruption dirigé contre le BJP.
« C’est une conspiration politique », a dénoncé son parti qui accuse notamment l’ED d’être sous le contrôle du BJP.
Des médias partisans du pouvoir
Les nombreuses arrestations ne sont pas les seules menaces auxquelles font face l’opposition : le parti du Congrès a subi le gel de ses comptes bancaires en février et l’utilisation du nom même de l’alliance INDIA doit être examiné par la justice, à une semaine du début des élections.
Dans cette bataille d’opinion, l’INDIA peine à convaincre et pour cause : les médias indiens diffusent sans arrêt leurs péripéties. Une couverture qui fait sens quand on sait que ces dernières années, les médias indiens sont tombés aux mains de milliardaires proches du Premier Ministre Modi.
« Étant donné que les médias grand public sont en fait une chambre d’écho qui célèbre le gouvernement Modi, il n’est pas surprenant que l’opposition soit en difficulté », explique Maya Tudor, professeure associée à la Blavatnik School of Government de l’université d’Oxford.