À travers l’entité des États-Unis de Kailasa, le chef de groupe indien Nithyananda a conclu des partenariats symboliques avec des villes des États-Unis et au Paraguay, et a bénéficié d’une représentation nationale lors d’une conférence des Nations unies. Mais cette nation autoproclamée n’a pas de territoire défini et se qualifie elle-même de mouvement.
Jeudi dernier, les États-Unis de Kailasa, une nation autoproclamée et un mouvement religieux qui a récemment été représenté aux Nations unies, ont publié une déclaration défendant leurs droits en tant que nation. L’entité a publié une proclamation de collaboration du Paraguay signée en octobre par deux officiels du gouvernement. Or, cette proclamation a conduit au licenciement du ministre de l’agriculture du Paraguay.
La proclamation signée par les deux fonctionnaires paraguayens affirme que les États-Unis de Kailasa disposent d’un territoire souverain, ce que de manière contradictoire le soit-disant pays nie lui-même puisqu’il se définit comme une « idéologie, plutôt qu’un territoire ».
Les États-Unis de Kailasa revendiquent leur nationalité sur la base de leurs symboles, de leur constitution, de leur histoire commune supposée et de leurs pratiques hindoues. Ils ont cité leur droit fondamental à l’autodétermination comme fondement éthique de leur souveraineté. Cependant, les informations sur le pays concernant notamment sa population ou même sa situation géographique restent flous.
Malgré le manque de détails concrets sur leur supposée nation, leurs allégations de persécution massive ont recueilli le soutien symbolique des Nations Unies et des gouvernements de plusieurs pays, dont certains ont depuis été annulés.
Ils ont signé un accord de jumelage avec la ville américaine de Newark, dans le New Jersey, ainsi qu’avec d’autres villes des États-Unis. Un représentant de Kailasa s’est exprimé lors d’une réunion de l’ONU en février dernier et en décembre 2021 pour parler de la persécution religieuse au nom des hindous.
Au-delà de ses ambitions politiques, l’activité du Kailasa tourne principalement autour de conseils spirituels prodigués aux membres et adeptes qui se présentent sous la forme de cours payants, de contenu sur les réseaux sociaux et de discours enregistrés du leader de Kailasa, Nithyananda.
Le passé juridique de Nithyananda
Le leader du groupe, Nithyananda, fut accusé de viol en 2010 en Inde par une ressortissante américaine. Son accusatrice affirmait être une de ses disciples et l’accusait d’abus sexuels sur une période de cinq ans, de 2005 à 2009.
Mais Nithyananda n’a pas répondu à son mandat d’arrêt en Inde. En revanche, comme Nithyananda a poursuivi son accusatrice devant le tribunal du district sud de l’Ohio, aux États-Unis, en 2013 pour diffamation et ingérence délictuelle dans les relations commerciales, l’affaire a finalement abouti à une résolution aux États-Unis. L’accusatrice de Nithyananda a été reconnue coupable des deux chefs d’accusation, et ses accusations d’abus sexuels au cours de ces cinq années ont été jugées fausses par le juge.
Nithyananda a ensuite intenté une nouvelle action en justice contre son accusatrice en 2016, affirmant qu’ils – la femme et son mari – n’avaient pas payé la somme demandée d’environ 475 000 dollars lors du premier procès.
En 2019, la police du Gujarat (Inde) a déclaré que Nithyananda avait fui l’Inde, évitant ainsi son arrestation.
Il a été accusé par un père de la région du Karnataka d’avoir enfermé illégalement trois enfants dans son immeuble. Dans le communiqué de presse des États-Unis de Kailasa, ils ont déclaré que l’Inde poursuivait une persécution infondée contre Nithyananda, affirmant qu’il existe de nombreuses preuves l’acquittant. (Mise à jour : le 2 février 2024, la Haute Cour du Gujarat a rejeté la plainte estimant que les deux adultes résidant dans la communauté sont « suffisamment mûrs pour comprendre leur bien-être et sont apparemment heureux à l’endroit où ils résident actuellement et sur leur chemin spirituel. »)
Nous avons contacté les États-Unis de Kailasa pour obtenir leurs commentaires concernant ces accusations et les preuves correspondantes sans recevoir de réponse.