La Lettonie a interdit le ruban de Saint-Georges, un symbole militaire russe traditionnel. Utilisé pour commémorer la Seconde Guerre mondiale, il est également devenu un message politique de soutien à la Russie, une reminiscence de l’Union soviétique pour le parlement letton.
Le 11 novembre, la Saeima, le parlement letton, a décidé d’interdire l’utilisation du ruban de Saint-Georges lors d’événements publics. La loi sur la sécurité et les divertissements publics et les événements festifs, qui vise à garantir le bon déroulement des événements publics en toute sécurité, sera modifiée.
La Lettonie a « des raisons de voir une menace suffisante pour l’ordre démocratique et sa sécurité », explique Artuss Kaimiņš, membre du Parlement et président de la commission des droits de l’homme et des affaires publiques chargé de rédiger le projet de loi.
L’interdiction est justifiée par « l’expansion de la Russie en Ukraine et son idéologie totalitaire envers les anciennes républiques de l’URSS ».
Ainsi, l’objectif de l’interdiction du ruban de Saint Georges est de limiter la propagation de l’idéologie soviétique et des mouvements pro-russes.
La loi a été votée le 11 novembre, à l’occasion du jour de la Lāčplēsis qui commémore les soldats qui ont combattu pour l’indépendance de la Lettonie pendant la guerre d’indépendance contre la Russie entre 1918 et 1920.
La Lettonie est le premier membre de l’Union européenne à interdire l’utilisation de ce symbole en public.
Le ruban de Saint-Georges, un symbole du patriotisme russe
Le ruban de Saint-Georges est un symbole militaire russe noir et orange. Il faisait partie des plus hautes distinctions militaires établies en 1769 par l’empire russe.
Souvent présent dans les décorations et distinctions en Russie, il est depuis plus récemment utilisé pour rendre hommage aux soldats et vétérans de la Seconde Guerre mondiale, à l’instar du coquelicot britannique commémorant la victoire sur le fascisme.
Mais il est également devenu un symbole du patriotisme russe et une marque de soutien au gouvernement russe.
Il est de plus en plus controversé dans les pays de l’ancienne Union soviétique qui se sentent menacés par les envies expansionnistes de la Russie. En Ukraine, paramilitaires pro-russes ou partisans de la Russie lors de l’annexion de la Crimée portaient le ruban de Saint-Georges.
Début novembre, Maria Zakharova, porte-parole du ministre russe des affaires étrangères, a déclaré que la législation « confirmerait l’idée que la Lettonie est un pays où non seulement le nazisme est glorifié, mais où les résultats de la Seconde Guerre mondiale sont contestés ».
Elle a ajouté que le ruban datait d’avant la Seconde Guerre mondiale et que cette « mesure provocatrice » ne contribuerait pas à « l’harmonie entre les peuples ».
Le ruban rejoint d’autres symboles interdits par la législation lettone, comme les symboles SS ou la croix gammée nazie, le drapeau, l’hymne ou les armoiries de l’URSS, ainsi que le marteau et la faucille avec une étoile à cinq branches.
Les exceptions à la loi concernent les champs de l’éducation, la science ou l’art, ou lorsque l’affichage du ruban ne vise pas à glorifier le régime soviétique.
L’interdiction du ruban fut proposée pour la première fois en 2014. La loi actuelle a été approuvée par le Parlement après sa troisième lecture. Le président doit encore la promulguer.