Le vice-président du Kenya, William Ruto, a promis de l’argent à des travailleurs du sexe pour qu’ils changent d’emploi. Il veut représenter un choix alternatif lors des élections présidentielles de 2022 en soutenant les personnes qui luttent dans l’économie informelle.
Le 25 octobre, lors d’un discours prononcé depuis une voiture qui fait le tour des villages du sud du Kenya, le vice-président s’est engagé à offrir 1 million de shillings kényans (9 000 dollars) aux travailleuses et travailleurs du sexe de Mtito Andei, une ville de 5 000 habitants, afin qu’ils puissent créer de nouvelles entreprises, rapportent les médias kenyans.
Il a demandé aux travailleurs du sexe de la région de construire une SACCO, une coopérative d’épargne et de crédit, un type de coopérative d’épargne collective, où il y déposera les fonds.
Au Kenya, le salaire moyen est de 800 000 shillings par an, selon l’étude du Bureau national des statistiques du Kenya. Les fonds représenteraient donc environ 15 mois du salaire moyen d’une personne seule.
Le vice-président, sans mentionner l’origine des fonds, a fait cette promesse après qu’une femme, qui se serait identifiée comme une travailleuse du sexe, a expliqué les difficultés économiques rencontrées avec la pandémie de Covid-19. La prostitution est illégale au Kenya.
L’homme politique est connu pour donner de l’argent directement à la population et pour d’autres actions populistes. En début d’année, il a offert des brouettes, des chariots ou des réservoirs d’eau à de jeunes chômeurs kényans pour les aider à travailler.
L’annonce a été faite lors d’un discours qui ressemblait à un meeting politique en plein air où il a promis de créer 4 millions d’emplois pour les jeunes au Kenya.
Ces dons font partie du « modèle de développement économique du bas vers le haut » prôné par William Ruto et axé sur les personnes à faibles revenus.
Une « hustler nation », une nation de la débrouille
En essayant de dépasser les choix politiques traditionnels fondés sur l’appartenance ethnique, il veut s’adresser à ceux qu’il appelle les « hustlers », les personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui gagnent de l’argent grâce à l’économie informelle ou d’autres astuces plus ou moins légales.
William Ruto ne cache pas son passé d’enfant pauvre, qui a vécu pieds nus jusqu’à 15 ans et vendait des poulets au bord des routes, mais qui a réussi et a pu devenir riche.
La façon dont il est devenu riche a été entourée de plusieurs allégations d’appropriation de terres ou de corruption.
En 2013, la Haute Cour lui a ordonné de rendre une ferme et d’indemniser l’agriculteur pour l’appropriation illégale de terres pendant les violences post-électorales de 2007. William Ruto est également souvent associé au meurtre d’un homme d’affaires critique de la corruption et de l’homme politique.
Dans le cadre d’une candidature non encore déclarée à la prochaine élection présidentielle de 2022, le vice-président fait la promotion de sa politique de classe : « débrouillards contre dynastie ».
Il se positionne aux antipodes des dynasties politiques riches et puissantes incarnées par le président Uhuru Kenyatta et l’ancien leader de l’opposition, Raila Odinga, les fils respectifs du premier président et du premier vice-président du Kenya.
Uhuru Kenyatta aurait été censé soutenir William Ruto pour l’élection présidentielle de 2022.
Cependant, en 2018, le président est parvenu à un accord avec Raila Odinga, son ancien rival politique lors d’élections présidentielles contestées de 2017 qui ont vu environ 150 personnes tuées lors d’émeutes après les résultats.
MM. Odinga et Kenyatta sont maintenant devenus des alliés politiques, et M. Ruto veut être le visage d’une alternative.