Payer les heures supplémentaires des fonctionnaires en Irlande plus coûteux que prévu

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26 octobre 2021

En décembre 2020, l’Irlande était revenue sur un plan d’austérité qui augmentait le temps de travail des fonctionnaires. Mais le montant des compensations pourrait être quatre fois plus élevé qu’initialement prévu, alors que les syndicats rejettent les prévisions du gouvernement.

Hôpital
Le gouvernement prévoit que la réduction du temps de travail dans le secteur de la santé coûterait 300 millions d’euros par an.

En décembre 2020, au milieu de la pandémie de Covid-19, le gouvernement irlandais était revenu sur des mesures d’austérité instaurées dix ans auparavant dans le secteur public.

Le plan Building Momentum est un accord salarial national qui ouvre la voie à des ressources supplémentaires dans le secteur public pour les deux prochaines années. Le gouvernement a par exemple prévu deux augmentations de salaire, de 1 % ou de 500 euros, selon le montant le plus élevé, sur le salaire annuel de tous les fonctionnaires en octobre 2021 et 2022.

Avec ce plan, le gouvernement a également accepté de revoir certaines parties de l’accord « Haddington Road », l’une des principales revendications des syndicats de travailleurs pour négocier avec le gouvernement.

L’accord d’Haddington Road de 2013 est une mesure d’austérité permettant d’économiser un milliard d’euros pour financer les retraites en réduisant les salaires et en augmentant le temps de travail hebdomadaire. Les personnes qui travaillaient moins de 35 heures par semaine ont augmenté leurs heures à 37 heures hebdomadaires, et celles entre 35 et 39 heures devaient travailler 39 heures par semaine.

Ainsi, les heures supplémentaires étaient considérées comme des heures régulières tandis que les syndicats de travailleurs considèrent qu’il ne s’agissait que d’une mesure temporaire et réclament le paiement des heures supplémentaires passées.

Un demi-milliard de plus que ce que le gouvernement a prévu

Une enveloppe de 150 millions d’euros avait été débloquée pour compenser l’annulation partielle de l’accord de Haddington Road et la diminution des heures de travail.

L’été dernier, le comité du service public du Congrès irlandais des syndicats (ICTU), qui représente 90 % des fonctionnaires, avait alors estimé que cette somme suffirait à financer le changement sans effets négatifs.

Mais les prévisions du gouvernement sont bien plus élevées.

Pour le ministère irlandais des Dépenses publiques et de la Réforme (DPER), le département du gouvernement chargé de superviser les réformes dans le secteur public, la réduction du temps de travail coûterait 645 millions d’euros par an rapporte l’Irish Times. En 2017, le ministère avait estimé le coût à 600 millions d’euros afin d’embaucher et de compenser les heures de travail supplémentaires.

Les prévisions représenteraient 500 millions d’euros de plus que ce qui a été anticipé. Environ 300 millions d’euros seraient nécessaires pour le secteur de la santé uniquement.

Selon l’Irish Times, le DPER a calculé que les heures perdues représentaient l’équivalent de près de 11 000 employés à temps plein.

Mais pour la commission des services publics de l’ICTU, les estimations sont surévaluées car elles ne tiennent pas compte de l’amélioration de la productivité et des services fournis depuis 2013.

Comme les augmentations salariales risquent d’être inférieures à l’inflation, le déploiement de l’inversion de l’accord n’est pas donc finalisé. Et des questions demeurent ainsi sur la capacité du gouvernement à satisfaire ou à négocier la réduction du temps de travail des fonctionnaires.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.