Le 30 septembre, l’Éthiopie a décidé d’expulser sept représentants des Nations unies, dont des responsables humanitaires de première importance. Quelques jours auparavant, le chef de l’aide humanitaire de l’ONU avait demandé au gouvernement de cesser d’empêcher les camions de livrer de l’aide à la région du Tigré.

En septembre, le ministère éthiopien des affaires étrangères a déclaré avoir notifié à sept employés des Nations unies qu’ils devaient quitter le pays dans les 72 heures. Ils sont accusés « d’ingérence dans les affaires intérieures du pays ».
L’un d’entre eux est le représentant du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) en Éthiopie. Six d’entre eux font partie du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (BCAH).
Le secrétaire général des Nations unies s’est déclaré choqué par « l’information selon laquelle le gouvernement éthiopien a déclaré persona non grata sept fonctionnaires des Nations unies, y compris des fonctionnaires humanitaires de haut rang des Nations unies ».
Le BCAH fait régulièrement le point sur la situation dans la région du Tigré, que ce soit dans les rapports hebdomadaires sur la situation humanitaire dans le nord de l’Éthiopie ou dans les résumés quotidiens.
Le 2 septembre, les Nations unies ont déclaré que la crise humanitaire dans la région s’aggravait, les stocks d’aide humanitaire, d’argent liquide et de carburant étant « très bas ou épuisés ».
Pour l’ONU, les camions transportant l’aide humanitaire se voient refuser l’accès du Tigré
Le BCAH a averti à plusieurs reprises que l’aide n’était pas suffisante pour atteindre la population du Tigré.
Depuis le 12 juillet, seuls environ sept camions par jour ont pu acheminer de l’aide humanitaire alors que 100 camions sont nécessaires quotidiennement. L’organisation considère qu’ils se voient refuser l’accès à la seule route menant au Tigré pour le carburant et les fournitures médicales.
Le 28 septembre, le responsable de l’aide humanitaire des Nations unies a déclaré à Reuters qu’il demandait au gouvernement éthiopien de « faire circuler ces camions ; […] Cette situation est le fait de l’homme, elle peut être corrigée par l’action du gouvernement ».
De plus, la plupart des camions envoyés dans la région du Tigré ne reviennent pas.
En août, une transcription du point de presse du premier ministre éthiopien souligne que « des images montrant des produits alimentaires d’agences internationales d’aide humanitaire entre les mains de terroristes » ont fait surface.
Le gouvernement éthiopien considère le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) comme des terroristes. Le FLPT a contesté les réformes menées par le gouvernement et la querelle s’est transformée en conflit armé depuis novembre 2020. Selon l’ONU, quelque 1,7 million de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire dans la région.
Le Royaume-Uni, l’Union européenne et l’Allemagne ont condamné l’expulsion ; les États-Unis ont déclaré qu’ils n’hésiteraient pas à recourir à des sanctions économiques ciblées.
Le 1er octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies discute de la situation au Tigré à la demande de l’Estonie, de la France, de l’Irlande, de la Norvège, du Royaume-Uni et des États-Unis, selon le rapport du Conseil de sécurité.