Diana Șoșoacă est une sénatrice roumaine qui pense être persécutée parce qu’elle est contre les vaccins contre le COVID-19. Elle est également au cœur d’une polémique car elle aurait séquestré une équipe de journalistes italiens.
Le 16 décembre, la sénatrice roumaine Diana Șoșoacă affirme qu’un voleur a emporté sa sacoche dans l’enceinte du Parlement.
À l’intérieur du sac se trouvaient une tablette qui lui permet de voter et d’avoir accès aux sites de l’État protégés par un mot de passe ainsi que son ordinateur portable, qui contient des projets de loi en construction.
Tous les parlementaires ont la même mallette et quelqu’un aurait pu la prendre par erreur, rapporte ProTv News.
Alors qu’une équipe d’enquête n’a pas encore tiré de conclusions, Diana Șoșoacă suggère pourtant que cela fait partie d’un complot visant à la dénigrer. Et elle soupçonne les services secrets d’avoir volé le sac.
Diana Șoșoacă, une sénatrice roumaine antivax active
« Il me semble que tout est cousu de fil blanc, y compris cette tentative de me dénigrer, par le biais de soi-disant journalistes internationaux », a‑t-elle déclaré aux médias.
En fait, la disparition de la sacoche parlementaire survient alors que Diana Șoșoacă a été au centre d’une polémique cette semaine. Elle est accusée d’avoir séquestré une équipe de journalistes italiens.
Le 12 décembre, Lucia Goracci, une journaliste de la chaîne italienne Rai 1, et son équipe se sont rendues à Bucarest pour interviewer la sénatrice sur sa position concernant le vaccin contre le COVID-19. La Roumanie et la Bulgarie sont les deux pays ayant les plus faibles taux de vaccination contre le COVID-19 au sein de l’Union européenne.
Diana Șoșoacă ne cache pas être contre le vaccin COVID-19 et s’oppose fermement aux restrictions liées à la pandémie. Elle considère qu’il n’y a pas de mort ni de pandémie et qu’il y aura un Nuremberg II, en référence aux procès pour les crimes contre l’humanité commis par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
En septembre, elle a empêché des personnes de se faire vacciner. Elle a également porté une sorte de muselière à l’occasion des 30 ans de la Constitution roumaine en guise de protestation contre le gouvernement. En novembre, un représentant roumain a appelé la police parce qu’elle ne portait pas de masque chirurgical dans le bâtiment et a été condamné à une amende de 500 lei (114 dollars), selon les médias roumains.
Au cœur d’une polémique car elle aurait séquestré des journalistes italiens
L’interview de Lucia Goracci ne s’est pas bien passée. Alors que la journaliste italienne contestait ses propos, la sénatrice a dit qu’elle était « avec Dieu et la vérité » et a considéré que la journaliste était pro-gouvernement, explique Lucia Goracci dans une interview.
Selon la journaliste italienne, la sénatrice a coupé court à l’interview et leur a demandé de quitter son bureau. Mais elle est ensuite venue verrouiller les portes pour qu’ils ne sortent pas. La sénatrice a appelé la police en dénonçant l’équipe pour intrusion dans une propriété privée. « J’appelle parce que des personnes sont entrées dans mon bureau et me menacent », peut-on entendre sur la vidéo des journalistes italiens.
La sénatrice a ensuite mis en doute la véritable profession de Lucia Goracci et lui a demandé à plusieurs reprises « qui êtes-vous ? » dans la vidéo enregistrée par la sénatrice avec son téléphone. À cela, Lucia Goracci répond « je suis journaliste ».
« Effacez la vidéo. C’est mon bureau, vous n’avez pas le droit de filmer ici. Je vous ai dit que je répondrais à trois questions, pas de filmer ici et là dans mon bureau. Nous étions d’accord pour trois questions. Maintenant, c’est une insulte pour moi en tant que sénatrice de Roumanie, et vous allez payer pour cela », dit la sénatrice à l’équipe.
Et elle ajoute plus tard que « c’est mon bureau, c’est mon territoire. Vous n’avez pas le droit de filmer tout ce que vous voulez ».
À un moment, Lucia Goracci a pu s’extirper des lieux après l’entrée de quelqu’un d’extérieur. Comme le reste de l’équipe était encore à l’intérieur, elle est revenue avec la police.
Le mari de la sénatrice a également tenté de confisquer le téléphone de la journaliste pendant qu’elle filmait. Il aurait également chuchoté à leur traducteur roumain « nous vous retrouverons ». Des personnes avec la sénatrice auraient dit à l’équipe de journalistes qu’ils seraient jetés par la fenêtre.
La sénatrice a déclaré à la police qu’ils lui avaient volé des documents
La police a fini par accompagner l’équipe de journalistes au commissariat de police. Les journalistes sont allés déposer une plainte mais ils furent interrogés et fouillés.
Lucia Goracci n’a pas validé le rapport rédigé par la police. La police n’a ensuite pas accepté de libérer l’équipe, qui a appelé l’ambassade d’Italie pour pouvoir sortir. La police roumaine a gardé l’équipe jusqu’à ce que l’ambassadeur italien de Roumanie intervienne et réussisse à les laisser sortir après plusieurs heures.
La police s’est défendue lors d’une conférence de presse mercredi et a justifié qu’elle les avait fouillés parce que la sénatrice s’était plainte que l’équipe était en possession de drogues et qu’elle avait peut-être volé des documents dans son cabinet d’avocats. Les recherches se sont avérées infructueuses et « les accusations se sont révélées infondées », a expliqué le porte-parole de la police.
À la demande des autorités italiennes, une enquête a été lancée par la Roumanie pour déterminer les détails de l’incident et a souligné que le pays restait « profondément engagé à protéger la liberté de la presse », selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le Premier ministre Nicolae Ciucă a déclaré que l’incident était inacceptable.
Les autorités enquêtent sur les accusations portées contre la sénatrice pour avoir séquestré les journalistes. Son mari est également accusé d’avoir agressé un policier lors de l’altercation.
Diana Șoșoacă se dit victime d’un complot et craint pour sa vie
La sénatrice estime qu’elle et sa famille sont « lynchées ». Diana Șoșoacă affirme que cela fait partie d’une conspiration internationale dirigée par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, car elle est contre les campagnes de vaccination.
Elle dit également avoir craint que si le procureur chargé de l’affaire concernant son mari avait exigé de l’amener au poste de police, il aurait été tué et aurait fini dans un sac poubelle.
La sénatrice a aussi déclaré qu’elle est attaquée parce que certains politiques lui fournissent des informations sensibles. « J’ai des informations, qui, si je vous les donnais maintenant, détruiraient une partie de l’Union européenne et une partie de l’OTAN. C’est pourquoi je suis attaquée de cette façon. »
Le 15 décembre, la sénatrice a déclaré à la version roumaine de Sputnik, une agence de presse publique russe, qu’elle se présentera aux élections présidentielles roumaines en 2024. Elle a également déclaré qu’elle serait élue avec plus de 50 % des voix dès le premier tour.
Mais elle a aussi estimé qu’il lui fallait trois conditions pour se présenter et gagner les élections : « être en bonne santé, libre et en vie ».