Lors d’un « sommet automobile », qui s’est déroulé le 23 septembre dernier en ligne, le ministre fédéral de l’Économie Robert Habeck, les constructeurs automobiles, les associations et les syndicats ont cherché des solutions face à la crise qui frappe l’industrie automobile allemande.

L’industrie automobile, secteur clé en Allemagne, est en crise. Une solution envisagée ? Six mille euros de prime pour les conducteurs qui abandonnent leur moteur thermique au profit d’une nouvelle voiture électrique et 3000 euros pour un véhicule électrique d’occasion. C’est ce qu’ont proposé les responsables économiques du groupe parlementaire SPD, parti social-démocrate allemand, lors du dernier sommet automobile.
Lors de la crise économique de 2009, l’Allemagne avait déjà favorisé le remplacement des voitures avec une prime. Quiconque mettait sa vieille voiture à la casse et en achetait une nouvelle recevait une prime environnementale de 2 500 euros. Certains partis d’opposition évoquent une proposition « absurde ». « La prime à la casse n’a eu, à l’époque, aucun effet sur la demande de voitures », a notamment critiqué Ulrich Lange, vice-président du groupe parlementaire conservateur CDU/CSU.
D’autres propositions faites au sommet automobile incluent une réduction gouvernementale pour la location de voitures électriques pour les personnes à revenus faibles ou moyens et le financement de bornes de recharge privées.
L’UE souhaite renforcer progressivement les objectifs de flotte en matière d’émissions de dioxyde de carbone (CO2) nocif pour le climat. La moyenne actuelle de 115,1 grammes d’émissions de CO2 par kilomètre et par véhicule devrait diminuer progressivement pour atteindre 49,5 grammes en 2030.
Le syndicat IG Metall estime qu’un nouveau programme de financement pour l’électromobilité est nécessaire. « Le plan de financement doit contribuer à accélérer la montée en puissance de la mobilité électrique », a déclaré un porte-parole syndical du groupe dans un communiqué.
Une industrie à la peine
L’industrie automobile allemande, pilier économique de longue date, est soumise à une pression croissante à mesure que la concurrence mondiale s’intensifie.
Selon le ministère fédéral de l’Économie et de l’Action climatique (BMWK), le secteur reste de loin « la branche industrielle la plus importante d’Allemagne », générant 564 milliards d’euros (628 milliards de dollars) de revenus en 2023. Cependant, les experts du secteur préviennent que la hausse des coûts de l’énergie, la concurrence des fabricants chinois et le retard de la mobilité électrique menacent son avenir.
Le sommet sur l’automobile intervient dans un contexte tendu après que des mesures d’austérité ont été annoncées chez Volkswagen, symbole de la puissance industrielle allemande. En août dernier, l’usine de voitures électriques Volkswagen de Zwickau a été fermée. L’entreprise a déjà supprimé les équipes de nuit et résilié les contrats de centaines de travailleurs temporaires. Ce qui avait commencé comme une mesure de réduction des coûts s’est rapidement transformé en un événement sismique : l’un des constructeurs les plus célèbres d’Allemagne a annoncé qu’il pourrait fermer plusieurs de ses usines pour la première fois en 87 ans d’histoire.
La lutte de l’entreprise pour passer des moteurs à combustion interne traditionnels aux véhicules électriques met en évidence les défis plus vastes auxquels est confrontée l’industrie automobile allemande. Alors que la plus grande économie d’Europe est aux prises avec une concurrence croissante, une baisse de la production et une instabilité politique, la perspective de la fermeture des usines Volkswagen pourrait marquer le début d’une ère difficile pour l’Allemagne en tant que puissance industrielle.
Les ventes de voitures électriques ont chuté dans le pays, avec ‑36,8% en juillet par rapport à l’année précédente, en raison du ralentissement des incitations financières gouvernementales en faveur de ces dernières. En effet, le bonus écologique mis en place en Allemagne était passé progressivement de à 6 000 à 3 000 euros pour les véhicules de moins de 40 000 euros en 2022, et avait totalement disparu pour les véhicules de plus de 45 000 euros. Une décision qui s’expliquait à l’époque par la hausse des ventes, comme l’avait déclaré le ministre de l’Économie Robert Habeck en 2022 : « Les véhicules électriques deviennent de plus en plus populaires et n’auront plus besoin de subventions gouvernementales dans un avenir proche ».
Les immatriculations de voitures électriques dans l’Union européenne ont, elles aussi, connu une baisse de 10,8 % en juillet, selon les chiffres récemment publiés par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Au total, 102 705 voitures électriques ont été vendues en juillet, la part de marché étant tombée à 12,1 %, contre 13,5 % pour le même mois de l’année dernière.