Des scientifiques chinois sont parvenus à inverser le diabète de type 1 chez une patiente grâce à une greffe de cellules souches, marquant une avancée significative dans le traitement de cette maladie.

« Je peux enfin manger du sucre », a déclaré la patiente, originaire de Tianjin, en Chine, au média Nature. La jeune femme de 25 ans est en effet devenue la première personne au monde à guérir du diabète de type 1 grâce à une transplantation de ses propres cellules souches. Une première mondiale qui lance l’espoir de développer un traitement contre cette maladie auto-immune considérée comme irréversible : le diabète de type 1 est en effet très bien pris en charge grâce à un apport d’insuline exogène, mais pas guéri.
Pour réaliser cette prouesse scientifique, Deng Hongkui, biologiste cellulaire à l’Université de Pékin, et ses collègues ont extrait des cellules de trois personnes atteintes de diabète de type 1 et les ont ramenées à un état pluripotent, c’est à dire un état partir duquel elles pourraient être transformées en n’importe quel type de cellule dans le corps.
Les chercheurs ont ensuite utilisé les cellules souches pluripotentes chimiquement induites (iPS) pour générer des groupes d’îlots en 3D : les îlots sont des groupements de trois types de cellules endocrines, disséminés dans le pancréas.
Ils ont testé la sécurité et l’efficacité des cellules chez des souris et des primates non humains, avant de les injecter dans les muscles abdominaux de la patiente. La plupart des greffes d’îlots sont injectées dans le foie, où les cellules ne peuvent pas être observées. Mais en les plaçant dans l’abdomen, les chercheurs pourraient surveiller les cellules par imagerie par résonance magnétique et éventuellement les retirer si nécessaire.
Les cellules implantées ont commencé à produire de l’insuline de manière autonome, rétablissant ainsi efficacement la fonction du pancréas. Au fil du temps, le patient a présenté une amélioration de sa glycémie et une dépendance significativement réduite aux injections d’insuline.
L’étude, publiée le 26 septembre dernier dans la revue scientifique Cell, fait suite à la publication d’une autre étude menée par des scientifiques de l’université de Shanghai, en Chine, qui rapportait avoir réussi à transplanter des îlots producteurs d’insuline dans le foie d’un homme de 59 ans atteint de diabète de type 2 en avril. Les îlots provenaient également de cellules souches reprogrammées prélevées sur le propre corps de l’homme et ce dernier a depuis arrêté de prendre de l’insuline.
Un demi-milliard de personnes dans le monde souffrent de diabète
Ces études font partie d’une série d’essais pionniers utilisant des cellules souches pour traiter le diabète, qui touche près d’un demi-milliard de personnes dans le monde.
La plupart d’entre eux souffrent de diabète de type 2 : le corps ne produit pas suffisamment d’insuline ou sa capacité à utiliser l’hormone diminue. Dans de nombreux cas, il est possible de retarder ou de prévenir l’apparition de la maladie. Représentant environ 90 % de l’ensemble des cas de diabète, le diabète de type 2 est le type de diabète le plus courant. Les modifications du régime alimentaire et de l’activité physique liées au développement rapide et à l’urbanisation ont entraîné une forte augmentation du nombre de personnes atteintes de diabète de type 2. Auparavant, cette condition touchait principalement les personnes âgées. Toutefois, en raison de l’augmentation de l’obésité, de la sédentarité et d’une mauvaise alimentation, le diabète de type 2 est en augmentation chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes.
Dans le diabète de type 1, comme pour celui de la patiente guérie de Tianjin, le système immunitaire attaque les cellules des îlots du pancréas. Les personnes atteintes de diabète de type 1 ont besoin d’injections quotidiennes d’insuline pour contrôler leur glycémie. Si elles n’ont pas accès à l’insuline, elles mourront. Les causes exactes du diabète de type 1 restent inconnues. Toutefois, la recherche montre que la possibilité de développer la maladie augmente légèrement si un membre de la famille en est atteint. Il existe également des facteurs environnementaux, tels que l’exposition à une infection virale, qui peuvent déclencher une réaction auto-immune à l’origine du diabète de type 1.
Les cellules souches peuvent être utilisées pour cultiver n’importe quel tissu du corps et peuvent être cultivées indéfiniment en laboratoire, ce qui signifie qu’elles offrent potentiellement une source illimitée de tissu pancréatique. En utilisant des tissus fabriqués à partir des propres cellules d’une personne, les chercheurs espèrent également éviter le recours aux immunosuppresseurs, qui doivent être pris lors d’une greffe de cellules ou d’organes provenant de donneurs pour éviter un rejet.
Bien que les premiers résultats soient prometteurs, cette approche est encore en phase d’essai clinique et des recherches beaucoup plus approfondies sont nécessaires pour évaluer son efficacité et sa sécurité à long terme. L’équipe de scientifiques a indiqué que les résultats sont tout aussi encourageants pour les deux autres patients pris en charge par cet essai clinique. Ils espèrent désormais pouvoir l’étendre à 10 ou 20 autres individus. Il s’agira d’une étape indispensable pour confirmer le bon fonctionnement de la procédure et convaincre la communauté scientifique.