La nouvelle idée de la Hongrie pour se débarrasser de ses respirateurs inutilisables du Covid

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3 juin 2024

La Hongrie tente de se débarrasser de 12 000 respirateurs artificiels chinois achetés à la hâte lors de la pandémie Covid-19. Jamais utilisés, ils prennent la poussière dans des entrepôts malgré les tentatives de vente ou de mises aux enchères. Mais les autorités pensent avoir enfin trouvé une solution : les convertir pour des patients souffrant d’apnée du sommeil.

Deux mains sur un respirateur artificiel
Certains respirateurs importés de Chine étaient incompatibles avec les hôpitaux hongrois. | © Une image d’un respirateur artificiel par This is Engineering

Lors de la première vague de la pandémie de Covid-19, la Hongrie s’est empressée de se procurer suffisamment de respirateurs pour répondre à la crise sanitaire en dépensant 300 milliards de forints, environ 778 millions d’euros. En mai 2020, la Hongrie avait investi dans 16 000 respirateurs chinois, bien plus que les besoins du pays quand, au plus fort de la crise, seuls 2 000 à 2 500 respirateurs étaient nécessaires.

Outre le surplus, les respirateurs fabriqués en Chine ne répondaient pas aux normes hongroises ou à celles de l’Union européenne. Sans certification CE, nombre d’entre eux ne pouvaient être utilisés dans les hôpitaux. Certains fonctionnaient également avec des logiciels inconnus des experts hongrois ou nécessitaient des pièces supplémentaires qui ne pouvaient pas être achetées en Hongrie.

En juin 2021, la Hongrie a fait don de dizaines de milliers de respirateurs à des pays dans le besoin, afin de réduire le surplus, notamment en Europe de l’Est et dans les Balkans. Mais la grande majorité d’entre eux sont restés dans des entrepôts, inutilisés, et le gouvernement n’a pas été en mesure de les vendre, même à une fraction de leur prix d’achat.

Une autre solution envisagée pour les vendre en février n’a pas plus abouti. Le service hongrois d’exécution judiciaire a organisé une vente aux enchères de près de 800 respirateurs après que le ministère des affaires étrangères a pris des mesures à l’encontre de TMT Technics Ltd, qui avait été chargée de les acheter des ventilateurs en 2020 mais qui a fait faillite depuis.

Le ministère des affaires étrangères souhaitait récupérer une partie de l’avance d’environ 4 milliards de forints (10 millions d’euros) versée par l’entreprise lors de la conclusion du marché. TMT Technics Ltd. n’a pas rendu compte de l’intégralité des fonds reçus et, incapables de rembourser leur dette, les propriétaires ont liquidé l’entreprise.

Mais cela ne résout pas le problème des 12 000 ventilateurs inutilisés qui sont toujours entreposés. Interrogé par 24.hu, un média hongrois indépendant souvent critique à l’égard du gouvernement, sur le sort de ces machines après l’échec de la vente aux enchères, le ministère des affaires étrangères et du commerce n’a pas répondu à la demande.

Une solution pour les patients souffrant d’apnée du sommeil

Selon un article paru sur 24.hu, le secrétaire d’État à la santé, Péter Takács, a déclaré le 16 avril au comité populaire de protection sociale que le gouvernement, en collaboration avec une association de recherche, l’institut Bay Zoltán, étudiait actuellement la possibilité de transformer les respirateurs. M. Takács a bon espoir qu’une grande partie des ventilateurs puissent être transformés en aides pour les patients souffrant d’apnée du sommeil.

Takács a indiqué que, les machines n’ayant pas toutes les mêmes capacités, certaines des moins avancées conviendraient à une assistance respiratoire non invasive. Il a expliqué la décision du gouvernement en déclarant que, bien qu’il soit important de se préparer à une nouvelle mutation du Covid, la situation épidémiologique ne justifiait pas le maintien d’un si grand nombre de respirateurs en stock.

Environ 77 000 patients souffrent d’apnée du sommeil en Hongrie, un trouble dans lequel la respiration s’arrête périodiquement pendant le sommeil, soit en raison d’une obstruction due au relâchement des muscles, soit parce que le cerveau n’envoie pas les signaux appropriés aux muscles qui contrôlent la respiration.

Allégations de corruption

Outre la gestion d’un nombre important de respirateurs inutilisés, la Hongrie a également dû faire face à des soupçons de corruption avec un processus d’achat obscur à des prix excessifs. TMT Technics, par exemple, n’a pas présenté de détails pour les trois mois durant lesquels ses recettes sont passées de 113 millions à 18,5 milliards de forints grâce à la vente de respirateurs.

Les enquêtes ont révélé que la Hongrie a payé beaucoup plus que le prix du marché, réalisant ainsi la pire affaire de toute l’Union européenne, selon les données du commerce international analysées par Direkt36, un média en ligne qui enquête sur la corruption politique en Hongrie. L’ensemble du processus de passation de marché aurait été « aussi hâtif que négligé, et soupçonné de corruption massive ».

Une enquête de transparence sur une société malaisienne, GR Technologies, qui a vendu près de 6 300 respirateurs à la Hongrie, avait également montré que tous les documents relatifs à l’achat avaient été détruits dès que Transparency International avait commencé son enquête.

Claire Rhea

Claire est journaliste pour Newsendip.

Elle a grandi à Londres et possède la double nationalité américaine et française. Elle est diplômée en sciences politiques et économie de l'Université McGill à Montréal. Elle a également vécu en Italie.

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