Les Philippines pourraient garantir des protections aux réfugiés climatiques alors que le problème des conséquences du dérèglement climatique est de plus en plus pressant : 32 millions de personnes ont été déplacées à cause de catastrophes climatiques et certains pays sont menacés d’être submergés.
Le mercredi 29 mai 2024, des législateurs philippins ont proposé un projet de loi concernant les réfugiés climatiques. Les migrants obligés de quitter leurs pays à cause des effets du changement climatique pourraient se voir garantir des protections aux Philippines.
Le projet de loi permet de défendre les intérêts des réfugiés climatiques et plus particulièrement des habitants des petits États insulaires en développement (PEID).
L’archipel s’érigerait alors comme un refuge en prenant cette mesure de manière proactive alors que les 39 petits États insulaires en développement sont de plus en plus menacés par le dérèglement climatique. Et pour cause, ces îles sont toutes situées au niveau de la mer, ce qui rend le phénomène d’élévation du niveau de l’eau d’autant plus dangereux.
Ziaur-Rahman Alonto-Adiong, un des législateurs à l’initiative du projet, a expliqué que cette proposition d’amendement du Philippine Immigration Act était une réponse directe à la crise croissante que traversent les habitants des PEID.
Ces territoires sont particulièrement exposés aux phénomènes météorologiques violents provoqués par le dérèglement climatique comme l’ouragan Irma en 2017, le plus intense jamais enregistré dans l’Océan Atlantique qui a détruit 90 % de l’île caribéenne de Barbuda.
C’est d’ailleurs dans cette même île qu’avait lieu la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID4) ce lundi 27 mai où Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies a déclaré que « votre géographie unique vous met à la merci du chaos climatique, de l’élévation du niveau de la mer et de la dégradation des terres. Le changement climatique constitue une crise existentielle pour toute la famille humaine, mais les PEID sont en première ligne. »
Le projet de loi n’ayant pas encore été rendu disponible au public, sa composition reste inconnue. Mais Philippine News Agency, l’agence de presse du gouvernement, précise que « la loi HB 10490 vise à établir des protections pour les migrants environnementaux ou les réfugiés du changement climatique et souligne l’engagement en faveur du devoir humanitaire et la tradition philippine d’offrir un refuge en temps de crise mondiale ».
16% des déplacés intérieurs pour une catastrophe météorologique sont Philippins
En 2015, les Philippines ont donné refuge à 6 milliers de migrants de Birmanie et du Bangladesh persécutés pour leur religion ou fuyant la pauvreté et rejetés par le reste de l’Asie du Sud-Est.
Les Philippines comprennent aussi très bien les enjeux des PEID puisque le pays est composé de pas moins de 7 000 îles, certaines trop petites pour être nommées. L’archipel est lui aussi confronté aux défis du changement climatique. En 2021, le typhon Rai a forcé 4 millions de personnes à quitter leurs logements.
Des 2013, les déplacés internes philippins sont d’ailleurs protégés par une loi, qui leur donnent droit à des remboursements pour la destruction de leur logement entre autres, tant le phénomène est large.
En 2022, les Philippines étaient le 2ème pays au monde avec le plus de déplacés internes à cause de catastrophes, hors conflits armés, avec plus de 5 millions de personnes en un an, d’après le rapport de l’Observatoire des déplacements internes. Cela représente 16% des 32,6 millions de déplacés internes pour cause de catastrophe dans le monde.
Des migrants apatrides d’ici 2050
D’ici à 2050, 216 millions de personnes seront contraintes de migrer à l’intérieur de leur pays à cause du changement climatique, d’après le rapport Groundswell de la Banque mondiale. Et pour les PEID, qui risquent d’être submergés par la montée des eaux d’ici cette date, la migration de leurs habitants devenus apatrides sera un autre défi.
En prévision de ce phénomène, l’Australie a déjà conclu un accord avec Tuvalu, ce petit État insulaire en développement qui sera la première nation à disparaître à cause du changement climatique. Les 11 000 habitants de l’île peuvent obtenir l’asile climatique, des droits qui leur permettront de s’installer, de travailler, de se soigner et d’étudier dans le pays. Pour Jane McAdam, professeure universitaire australienne, cet accord « est le premier (…) qui s’attaque spécifiquement à la mobilité climatique ».