Des documents judiciaires montrent qu’Alex Saab était un informateur de la DEA en 2018. Mais la coopération a cessé après qu’il ne se soit pas rendu aux forces de l’ordre comme convenu.
Alex Saab, considéré comme un diplomate par le Venezuela et extradé par les États-Unis l’année dernière, était secrètement inscrit comme informateur de la Drug Enforcement Administration, l’agence américaine chargée de lutter contre le trafic de drogue, en 2018.
Selon les documents judiciaires américains, il révélait des informations sur des pots-de-vin qu’il avait versés à des hauts fonctionnaires du gouvernement socialiste du Venezuela sous Nicolás Maduro.
Il a également effectué trois virements sur des comptes de la DEA pour près de 10 millions de dollars qu’il avait gagnés grâce à la corruption.
Mais ses contacts avec la DEA ont brusquement cessé après avoir manqué une date butoir en mai 2019 pour se rendre aux autorités comme cela avait été convenu, selon les procureurs.
L’information est devenue publique après une audience à huis clos le 16 février au tribunal fédéral de Miami.
Neil Schuster, un avocat d’Alex Saab, a pourtant fait valoir que sa famille au Venezuela pourrait être incarcérée ou physiquement menacée si sa collaboration avec l’agence antidrogue américaine était connue. « Si le gouvernement vénézuélien découvre l’étendue de ce que cet individu a fourni, je n’ai aucun doute qu’il y aura des représailles contre sa femme et ses enfants ».
Mais l’équipe juridique de M. Saab n’avait pas accepté une offre précédente pour aider sa famille à quitter le Venezuela. D’autres avocats de Saab ont toujours nié sa coopération avec les États-Unis.
Le juge Robert Scola a levé les scellés sur la transcription, expliquant que le droit du public à accéder aux procédures pénales l’emportait sur toute préoccupation concernant la sécurité de sa famille.
Alex Saab accusé de participation à un système de corruption au Venezuela
Alex Saab, un homme d’affaires né en Colombie, fut extradé vers les États-Unis le 16 octobre 2021. Il a été arrêté au Cap-Vert en juin 2020 lors d’une escale pour un voyage entre l’Iran et le Venezuela.
M. Saab est accusé d’avoir participé à un vaste système de corruption. En 2019, il a été inculpé par le tribunal fédéral de Miami pour avoir détourné des millions de dollars en provenance de contrats d’État vénézuéliens. Il aurait soudoyé des fonctionnaires vénézuéliens pour construire des logements à loyers modérés en 2011.
Il aurait ensuite profité d’un taux de change avantageux avec le dollar dédié au gouvernement et aurait corrompu des fonctionnaires pour approuver des documents d’importation de biens et de matériaux qu’il n’a jamais importés. Avec son partenaire commercial, le ministère américain de la justice affirme qu’il a transféré environ 350 millions de dollars du Venezuela vers des comptes bancaires américains.
Le Venezuela le considère pourtant officiellement comme un diplomate. Le voyage depuis l’Iran était un voyage humanitaire pour les fonctionnaires vénézuéliens ; et son arrestation une violation des conventions diplomatiques selon la version officielle sud-américaine.
Quelques heures après l’extradition d’Alex Saab vers les États-Unis, le Venezuela a emprisonné des cadres américains d’une société pétrolière qui étaient auparavant en résidence surveillée.
De plus, le régime de Nicolas Maduro a décidé de mettre fin aux négociations avec la coalition d’opposition soutenue par les États-Unis à l’approche des élections législatives. Le régime affirme qu’Alex Saab était un membre officiel de la délégation participant aux pourparlers visant à restaurer une stabilité politique dans le pays.
Et les discussions ne reprendraient pas sans la libération d’Alex Saab qui fut enlevé par les États-Unis selon Nicolas Maduro.
Le vice-président du Parti socialiste uni du Venezuela, Diosdado Cabello, a réaffirmé cette position dans un journal pro-Maduro le 14 février. Il a affirmé qu’Alex Saab a été inculpé aux États-Unis parce qu’il « a osé affronter le blocus nord-américain » contre le Venezuela.
Un autre avocat de Saab, qui se bat pour faire reconnaître le statut de Saab en tant que diplomate vénézuélien par la Cour d’appel des États-Unis à Atlanta, a rejeté avec fermeté les affirmations selon lesquelles l’homme d’affaires aurait coopéré avec les enquêteurs américains.
Aucun des fonctionnaires vénézuéliens présumés corrompus n’a été nommé dans les dossiers judiciaires.