Des scientifiques veulent changer la taxonomie de certaines espèces humaines en supprimant deux dénominations et en en créant une nouvelle qui deviendrait notre ancêtre direct : l’Homo bodoensis.
Le 28 octobre, des scientifiques ont publié un article intitulé Resolving the « muddle in the middle » : The case for Homo bodoensis (Résoudre la « confusion au milieu » : le cas de l’Homo bodoensis), préconisent de clarifier une partie confuse de l’évolution sur les espèces d’homininés il y a un demi-million d’années.
Et cela pourrait toucher directement la branche de l’histoire de tous les humains vivant aujourd’hui, qui font partie de l’espèce Homo sapiens.
Le nombre d’espèces humaines primitives ayant vécu au cours de l’histoire fait l’objet d’un débat entre les scientifiques, mais on admet actuellement qu’il existe environ 21 espèces d’homininés différentes.
Et les auteurs, Mirjana Roksandic et Predrag Radović, proposent de remanier la nomenclature en ajoutant une nouvelle espèce et en en supprimant deux autres.
La proposition correspond à l’âge du Pléistocène moyen, également nommé Chibanien, soit une période comprise entre 774 000 et 129 000 ans avant notre ère.
Cette période est assez complexe, avec une grande variabilité parmi nos ancêtres. Et la terminologie ne reconnaît pas correctement l’évolution humaine. L’objectif de ce changement serait de construire « des modèles explicatifs plus robustes qui décrivent mieux l’évolution des homininés ». (Les homininés sont une classification plus restreinte des hominidés en ne prenant compte que l’évolution des hommes, chimpanzés et gorilles).
En anthropologie, les espèces sont un concept différent de celui du règne animal où les différentes espèces ne peuvent pas se reproduire avec d’autres groupes. « L’espèce, dans notre cas, est une affaire linguistique, pas biologique » a déclaré l’un des co-auteurs du papier à Business Insider.
Les anthropologues utilisent ces désignations pour distinguer des groupes d’ancêtres avec des caractéristiques ou des aires géographiques similaires.
Les Homo heidelbergensis sont-ils les premiers Néandertaliens ?
L’Homo sapiens est apparu il y a 300 000 ans. Et la paléontologie suggère aujourd’hui que nous avons très probablement évolué à partir de l’Homo heidelbergensis, l’ancêtre commun que nous partageons avec l’homme de Néandertal. Les Néandertaliens sont considérés comme nos plus proches parents humains éteints ; ils vivaient il y a 400 000 ans et se sont éteints il y a environ 40 000 ans.
Mais la définition de l’Homo heidelbergensis a créé de la confusion parmi certains scientifiques, car des fossiles très différents découverts à la même époque en Afrique, en Europe et en Asie, ont été regroupés sous la même terminologie.
Par conséquent, l’article demande de retirer l’Homo heidelbergensis, ainsi que l’espèce Homo rhodesiensis, de la taxonomie actuelle des homininés car ils « ne reflètent pas toute le spectre entier des différences des homininés au Pléistocène moyen ».
À l’aide de résultats ADN, les fossiles d’Europe occidentale classés comme Homo heidelbergensis deviendraient en fait des Homo neanderthalensis afin de « mieux refléter l’apparition précoce des caractéristiques différentes de Neandertal dans la région », expliquent les auteurs.
Pour la même raison, certains fossiles asiatiques – en particulier ceux trouvés en Chine – également classés comme Homo heidelbergensis représenteraient alors une ou plusieurs lignées distinctes non nommées en raison d’une variabilité des homininés beaucoup plus complexe qu’initialement prévue.
De plus, ils proposent d’ajouter une nouvelle espèce : l’Homo bodoensis. Il s’agit d’un ancêtre de la lignée Homo sapiens qui vivait principalement dans toute l’Afrique mais aussi dans la région de la Méditerranée orientale (Europe du Sud-Est et Levant).
Bodoensis aurait un ancêtre commun avec les Néandertaliens et les Denisovans, un autre parent de l’homme moderne, et représenterait l’ancêtre direct d’Homo sapiens au Pléistocène moyen.
Le nom Homo bodoensis vient d’un crâne trouvé à Bodo D’ar en Ethiopie en 1976.
Mais certains critiques affirment qu’il ne faut pas supprimer Homo heidelbergensis mais être plus restrictif et qu’un autre nom pour les fossiles de Bodo existe déjà et a la priorité.