L’Espagne a commandé de nouveaux trains pour les provinces de Cantabrie et des Asturies, mais ils auraient été trop larges pour certains anciens tunnels. Le directeur de Renfe et la secrétaire d’État aux transports ont démissionné à la suite de l’erreur.
En 2020, l’opérateur ferroviaire espagnol Renfe annonçait son intention de moderniser la flotte des vieux trains de banlieue et de trains de moyenne distance dans les provinces autonomes de Cantabrie et des Asturies dans le nord de l’Espagne. Le contrat s’élevait à 258 millions d’euros pour 31 nouveaux trains.
Mais ils sont trop grands pour certains tunnels et les voyageurs devront encore attendre pour que les mauvaises conditions du système ferroviaire dans ces régions s’améliorent.
Le problème avait été révélé publiquement en janvier et suscité de vives réactions indignées en Espagne.
Renfe a commandé les trains en 2020. Cependant, le fabricant basque, CAF, a réalisé que les dimensions des trains étaient inexactes en mars 2021. Renfe affirme avoir fourni des mesures basées sur les spécifications fournies par Adif, le gérant de l’infrastructure ferroviaire espagnole. L’Agence nationale pour la sécurité ferroviaire (AESF) a également joué un rôle dans ce fiasco.
En raison du tollé provoqué par cette erreur dans le pays, le directeur de l’opérateur ferroviaire espagnol Renfe, Isaías Táboas, l’équivalent de la SNCF en France, et la secrétaire d’État aux transports, Isabel Pardo de Vera, ont tous deux démissionné de leurs fonctions le 20 février. Mme Pardo de Vera fut présidente de l’Adif entre 2018 et 2021.
Il y a quelques semaines, un responsable de la Renfe et le chef de la technologie des voies d’Adif ont été licenciés à la suite de l’erreur.
La ministre des Transports Raquel Sánchez a déclaré lundi que le gouvernement central « assume la responsabilité du retard dans la livraison des trains », tout en défendant que « ce gouvernement est également responsable d’avoir déployé des mesures pour améliorer les trains de banlieue et promouvoir leur utilisation comme aucun autre gouvernement ne l’avait fait auparavant. » La ministre des Transports aussi déclaré qu’un audit interne serait mené pour identifier plus précisément les raisons de cette erreur.
Les conditions de service des trains de banlieue en Cantabrie et dans les Asturies sont décrites comme celles d’un pays du « tiers monde » par Miguel Ángel Revilla, le président de Cantabrie.
M. Revilla avait auparavant qualifié la débâcle de « travail monumentalement bâclé » et souhaitait que des têtes tombent dans cette affaire. Adrián Barbón, président de la Principauté des Asturies et membre du Parti socialiste ouvrier espagnol qui fait partie de la coalition gouvernementale du pays, s’est dit « déconcerté, en colère et déçu ».
Les deux régions autonomes ont un paysage montagneux et le système du réseau ferroviaire espagnol date du 19e siècle. Elles comptent un certain nombre de tunnels dont les dimensions ne conviennent pas aux dimensions plus modernes des trains.
Les trains devaient initialement être achevés en 2024, mais ils n’ont pas encore été fabriqués car ils étaient toujours en phase de conception. Le ministère des transports a assuré dans une note samedi que puisque les incohérences ont été détectées dès les premières étapes du processus de conception, cela « n’a pas impliqué de gaspillage de ressources publiques. »
La conception des nouveaux trains est désormais censée être prête fin 2023-début 2024 pour lancer immédiatement la production. La mise en circulation des trains est maintenant prévue pour le premier semestre de 2026, ce qui indique également que les échéances initialement prévues avaient déjà peu de chances d’être respectées avant même que l’information ne devienne publique.
En raison des mauvaises liaisons, le service de navette ferroviaire est gratuit en Cantabrie et dans les Asturies. Cet accord avec le gouvernement espagnol était censé s’arrêter à la fin de 2023, date de livraison initialement prévue.
Mais la gratuité du service a été prolongée jusqu’à la mise en circulation des nouveaux trains, suite à un accord entre la ministre et les deux présidents.
À titre de compensation, 38 trains au total seront également désormais fabriqués au lieu des 31 initialement prévus ; sept de plus seront livrées aux Asturies au lieu de 10. Cela correspond à l’activation d’une clause incluse dans le contrat, qui n’implique pas « une modification significative du contrat », selon l’accord. De plus, de nouveaux contrats complémentaires seront articulés pour garantir le renouvellement total de la flotte de ces trains qui circulent sur les voies ferrées à écartement métrique des deux régions.
Le conseil des ministres a approuvé mardi la nomination de Raül Blanco Díaz comme nouveau président de Renfe. Depuis juin 2018 et jusqu’en décembre dernier, M. Blanco occupait le poste de secrétaire général de l’industrie et des petites et moyennes entreprises. David Lucas devient le nouveau secrétaire d’État aux Transports, à la Mobilité et à l’Urbanisme, une extension de son précédent périmètre en tant que secrétaire d’État à l’Urbanisme et au Logement.
En 2014 déjà en France, la SNCF avait commandé 2 000 trains régionaux trop larges pour les quais du réseau car le gestionnaire d’infrastructure n’avait pas tenu compte des anciennes structures. Les trains étaient pourtant déjà livrés mais aucun membre du gouvernement n’a démissionné à cause de cela.