Un nombre important de jeunes adultes a quitté la Nouvelle-Zélande, et, alors que les frontières s’ouvrent à nouveau, se pose la question si c’est un phénomène temporaire ou si la Nouvelle-Zélande a perdu de son attractivité.
Les chiffres publiés le 12 mai par les Statistics New Zealand montrent un déficit migratoire net de 7 300 personnes pour l’année se terminant en mars 2022. Il s’agit du solde migratoire le plus faible depuis 2012. Cela fait suite à une perte de 1 700 personnes en 2021 et à un solde positif record de 91 700 personnes en 2020 lors du début de la pandémie de COVID-19.
La perte de résidents se fait plus sentir parmi les étrangers, puisqu’environ 33 300 ont quitté la Nouvelle-Zélande quand 23 900 sont arrivés, soit une solde négatif de 9 400 personnes. Dans le même temps, environ 22 200 Néo-Zélandais sont revenus dans leur pays quand 20 100 sont partis à l’étranger, soit un solde positif de 2 100.
« L’immigration a chuté à des niveaux observés au milieu des années 1980 et l’émigration a chuté à des niveaux observés au milieu des années 1990 », a déclaré Tehseen Islam, responsable des indicateurs de population à Statistics New Zealand. Les restrictions de déplacement liées au COVID-19 introduites en mars 2020 ont perturbé les schémas habituels pour le voyage et les migrations.
La baisse d’arrivée d’étrangers et de citoyens néo-zélandais qui rentrent chez eux est « un renversement des tendances historiques », ajoute M. Islam. La Nouvelle-Zélande était en fait un pays attractif, avec des soldes migratoires positifs de l’ordre de 50 000 à 60 000 personnes dans les années précédant la pandémie, loin de la perte de 7 300 personnes de 2021.
Et ce sont surtout les jeunes adultes, tant les Néo-Zélandais que les étrangers, qui sont à l’origine du solde migratoire négatif. Les Néo-Zélandais âgés de 18 à 27 ans affichent une déficit migratoire net de 1 800 personnes au cours de l’année, alors qu’ils ont enregistré de légers gains en 2020 et 2021 pendant la pandémie. De plus, de nombreux citoyens non néo-zélandais âgés de 18 à 33 ans ont quitté le pays alors qu’ils contribuaient fortement à la hausse du solde migratoire des étrangers.
Le mois dernier, les responsables néo-zélandais ont déclaré que jusqu’à 125 000 compatriotes pourraient quitter le pays au cours de l’année prochaine, à mesure que les frontières rouvrent et que les jeunes qui ne pouvaient pas voyager à l’étranger le fasse. Mais ils ont également déclaré qu’un niveau proche des 50 000 serait plus probable.
Certains d’entre eux sont motivés par les conditions économiques difficiles, le coût élevé du logement et de la vie. Le pays est confronté à une inflation de 6,9 % sur l’année, soit la plus forte augmentation de l’indice des prix à la consommation depuis 1988.
Ce flux migratoire a également des conséquences sur le marché du travail, puisque la population en âge de travailler a diminué de 0,2 % sur l’année, et celle des jeunes âgés de 20 à 29 ans de 3,1 %. Dans le même temps, de nombreux employeurs peinent à trouver des employés.
Les inquiétudes concernant l’attractivité du pays ont soulevé les critiques de l’opposition du gouvernement du parti travailliste. À l’occasion de la publication du budget 2022, David Seymour, chef du parti libéral ACT New Zealand qui dispose de 10 des 120 sièges de la Chambre des représentants, a qualifié ce budget de « budget du brain drain », de la fuite des cerveaux.
Le ministre de l’immigration a annoncé des mesures qui visent à simplifier les demandes d’entrée et les conditions d’accès à la résidence sur le territoire. Comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie est une autre destination populaire auprès des jeunes adultes. Et en janvier, elle a supprimé les frais de demande de visa afin d’attirer les backpackers et les étudiants internationaux afin de limiter les tensions sur le marché du travail.
La première ministre Jacinda Ardern a déclaré que les voyages à l’étranger font « partie de notre histoire en tant que nation et que les Néo-Zélandais vont et viennent fréquemment dans le cadre de notre expérience à l’étranger, afin de développer des compétences ». Elle a également indiqué qu’elle avait vécu à Londres pendant un certain temps et que les estimations tablaient sur une augmentation du solde migratoire au cours des prochaines années.
La population de la Nouvelle-Zélande a augmenté de 0,4 % en un an, pour atteindre 5,13 millions de personnes, grâce à l’accroissement naturel.