Greenpeace Italie dénonce un greenwashing de l’État en faisant la promotion du plastique jetable et compostable qui finit en fait dans des usines de traitement des déchets inadaptées, des incinérateurs ou des décharges.

En Italie, les couverts, assiettes ou emballages rigides faits de plastique compostable peuvent être jetés dans la même poubelle que les déchets organiques.
Mais la cellule investigation de Greenpeace Italie affirme que 63 % de ces déchets bioplastiques sont envoyés dans des usines de recyclage qui ne sont pas en mesure de traiter les plastiques compostables. Ils finissent alors dans des incinérateurs ou des décharges. Le reste est envoyé dans des sites de compostage où ils ne restent généralement pas assez longtemps sur place pour se dégrader selon l’association.
Les bioplastiques sont fabriqués en partie à partir de polymères naturels provenant de la canne à sucre ou du maïs, par exemple, et peuvent avoir un label attestant qu’ils sont compostables.
Greenpeace reproche à l’Italie de promouvoir les plastiques compostables sans disposer des capacités adéquates pour les recycler.
Le plastique compostable doit faire l’objet d’un traitement spécifique, car ce n’est ni totalement du plastique ni totalement de la matière organique. Stefanie Siebert, directrice exécutive du European Compost Network, une organisation à but non lucratif qui promeut les pratiques de recyclage durable, affirme que « les plastiques compostables en Europe finissent généralement par compromettre la filière du plastique, ou vont dans des décharges ou des incinérateurs ».
Mais contrairement à l’Italie, des pays comme l’Allemagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ne demandent pas de jeter les bioplastiques rigides avec les déchets organiques.
De plus, les tests effectués en laboratoire pour que ces produits puissent être étiquetés comme compostables ne reproduisent pas les conditions réelles des usines de compostage. Le problème de la fin de vie des bioplastiques existe « à cause d’usines qui ne sont pas toujours adéquates, mais aussi à cause de la déconnexion évidente entre ce qui est requis pour obtenir les certifications sur la compostabilité et les conditions réelles en usine », déclare Greenpeace Italie.
Pour Giuseppe Ungherese, responsable de la campagne anti-pollution de Greenpeace, « nous sommes face à un greenwashing d’État, qui se transforme en une escroquerie contre la collectivité ». Il note que l’Italie « favorise les plastiques compostables à usage unique » alors que « le reste de l’Europe s’oriente vers des solutions basées sur la dématérialisation des emballages et l’utilisation de produits durables et réutilisables ».
L’Europe possède un quart de la capacité de production mondiale de plastiques compostables. Le leader européen du secteur est Novamont, une entreprise italienne. Novamont compte plus de 600 employés, réalise un chiffre d’affaires de 287 millions d’euros en 2020, opère dans plus de 40 pays et « a évidemment des intérêts considérables dans la promotion des bioplastiques, » alerte Greenpeace.