Alors que seuls 9 % des déchets plastiques sont recyclés, l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement va discuter d’un cadre pour lutter contre la pollution plastique. Mais si les attentes sont élevées, la pollution plastique sera loin d’être résolue. Un traité juridiquement contraignant ne verra probablement pas le jour avant 2024.
L’Assemblée des Nations unies pour l’environnement se réunira du 28 février au 2 mars à Nairobi, la capitale du Kenya, pour un événement qui fera date dans la lutte contre la pollution plastique. Les attentes à l’égard de ce sommet sont élevées, mais la pollution plastique sera loin d’être résolue.
Cet événement est l’occasion pour les États membres de partager leurs meilleures pratiques en matière de développement durable. Mais l’Assemblée devrait également proposer un cadre international pour s’attaquer au problème des déchets plastiques sur terre, dans les océans et les rivières à l’échelle mondiale.
« Pour la première fois dans l’histoire, nous assistons à un élan mondial sans précédent pour lutter contre le fléau de la pollution plastique », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement.
Deux propositions majeures ont émergé après des années de discussions internationales sur les moyens de réduire les plastiques à usage unique.
La première appelle à une approche globale de la pollution plastique avec l’extraction des matières premières, la production du plastique, son utilisation, son élimination et sa décompensation en microplastique.
Elle a été proposée par le Pérou et le Rwanda et parrainée par le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, la Guinée, le Kenya, Madagascar, la Norvège, les Philippines, le Sénégal, la Suisse, le Royaume-Uni, l’Ouganda et l’Union européenne.
Une autre proposition vise à conclure un accord international sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques, mais limite son champ d’application à la pollution plastique marine plutôt qu’à tous les environnements.
La gestion des déchets est une question essentielle en ce qui concerne les plastiques, et le milieu marin est bien souvent l’ultime destination. Selon WWF, la pollution plastique des océans va quadrupler d’ici 2050 si rien ne change.
Les déchets plastiques ont plus que doublé en 20 ans
De plus, seuls 9 % de tous les plastiques utilisés dans le monde sont recyclés selon l’OCDE. L’organisation basée à Paris a calculé que 460 millions de tonnes de plastique ont été utilisées en 2019, soit presque deux fois plus qu’en 2000. Et les déchets plastiques ont plus que doublé au cours de cette période.
Près de la moitié du plastique finit dans les décharges ; 19% des déchets sont incinérés. Et les 22 % restants sont éliminés dans des décharges sauvages, brûlés en plein air ou finissent dans la nature.
Si l’OCDE a appelé à une économie circulaire du plastique, elle a également estimé qu’il faut considérer réduire la consommation mondiale.
Mais pour Erastus Ooko, responsable de mission autour des plastiques pour Greenpeace Afrique, le soutien de 140 pays aux négociations pour élaborer un cadre ne suffit pas : « Ces pays devraient demander un traité juridiquement contraignant qui soit à la hauteur de l’ampleur et de la profondeur de la crise du plastique ».
Les attentes d’une telle assemblée sont en effet qu’elle débouche sur un accord juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique.
Il pourrait s’agir d’un objectif de réduction de la production de plastique, d’une interdiction du plastique à usage unique, d’un objectif concernant le recyclage du plastique ou la gestion des déchets, ou encore de l’utilisation d’emballages biodégradables.
La population semble espérer un accord transnational. Dans un sondage réalisé par Ipsos pour le WWF, 88 % des personnes interrogées dans 28 pays ont souligné l’importance d’un traité international pour lutter contre la pollution plastique. Et des entreprises comme PepsiCo, Coca-Cola, Procter & Gamble et Unilever sont également favorables à un accord juridiquement contraignant.
Si un tel traité contre le plastique est approuvé par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, M. Andersen a déclaré qu’il « s’agirait de la décision la plus importante en matière de gouvernance environnementale mondiale depuis l’accord sur le climat de Paris en 2015″.
Mais l’objectif de cette cinquième assemblée de l’ONU pour l’environnement est pour l’instant de se mettre d’accord sur un processus et de former un comité intergouvernemental de négociation. Et ensuite, le comité devrait discuter d’un traité à signer. Mais cela pourrait prendre plusieurs années.
Les deux propositions prévoient que le comité de négociation finalisent le traité juridiquement contraignant sur le plastique d’ici 2024. Et, comme pour les autres traités, les pays disposeront de plusieurs années pour s’adapter et mettre en œuvre les changements.
Mise à jour du 2 mars : le groupe d’experts de l’ONU a accepté de négocier l’élaboration d’un traité mondial juridiquement contraignant d’ici 2024 pour l’ensemble du cycle de vie du plastique, y compris sa production, sa conception et son élimination.