La Russie était censée mettre en œuvre une réforme où les fabricants doivent recycler tous les emballages de leurs produits, payer une taxe pour la gestion des déchets ou retirer les produits de la vente. Mais elle est reportée car plusieurs ministères la jugent irréalisable.
En décembre 2020, la Russie avait l’ambition d’améliorer son système de gestion des déchets largement défaillant. Le ministère des ressources naturelles de Russie avait décidé qu’à partir de janvier 2022, 100 % des emballages de produits devraient être recyclés. Mais la réforme est reportée car plusieurs ministères n’étaient pas d’accord, rapporte RBC.
Environ la moitié des déchets municipaux solides, c’est-à-dire les déchets provenant des ménages ou que les gens jettent régulièrement comme la nourriture, proviennent des emballages. La Russie produit 60 millions de tonnes de déchets municipaux solides et 8 milliards de tonnes de déchets industriels par an.
Avec la réforme, tous les emballages des marchandises devaient être recyclés à partir de 2022.
Depuis 2019, les fabricants nationaux et étrangers devaient payer une taxe pour la collecte des déchets ou s’occuper eux-mêmes de la gestion des déchets, via un sous-traitant ou avec leur propre installation.
Actuellement, ils doivent faire recycler ou éliminer correctement entre 10 et 40 % de leurs produits dans une installation de gestion des déchets. Et la réforme prévoyait d’augmenter ce seuil de 10 % chaque année.
Les produits auraient pu être interdits à la vente et retirés des rayons des magasins si les entreprises ne s’y conformaient pas.
De plus, la taxe environnementale actuelle ne s’applique qu’aux produits vendus, alors que la nouvelle réforme visait à appliquer la taxe à tous les produits manufacturés, même s’ils étaient endommagés et ne pouvaient pas être vendus par exemple.
Le système de recyclage et de gestion des déchets en Russie encore à ses débuts
Mais les ministères du développement économique, du commerce et de l’industrie, et de l’agriculture ont tous désapprouvé la réforme, qu’ils ont jugée irréalisable. Ils ont préconisé son report. Certains acteurs économiques ont également prévenu qu’il pourrait y avoir une pénurie de nourriture et de produits dans les magasins.
La réforme consistait à véritablement mettre en œuvre la responsabilité élargie du producteur (REP) cette fois-ci. En effet, le concept, instauré en 2015 en Russie, n’a jamais vraiment décollé.
« La REP a fonctionné pendant plus de quatre ans mais n’a montré qu’une stagnation environnementale et économique » avait déclaré Victoria Abramchenko, la vice-Première ministre en charge de l’écologie, en 2020.
La taxe actuellement demandée dans le cadre de la responsabilité élargie des producteurs n’est en fait payée que par quelques entreprises. Pourtant, elle est censée financer la construction d’installations de gestion des déchets, des infrastructures qui sont déficientes en Russie.
« Il n’y a jamais eu d’industrie de gestion des déchets dans le pays », admet Victoria Abramchenko. La plupart des déchets russes finissent par s’entasser dans les décharges. Quatre-vingt-quatorze pour cent des déchets solides municipaux, y compris le verre, sont en effet déversés dans les décharges. De plus, beaucoup d’entre elles sont saturées.
Les entreprises devront payer pour le recyclage et la gestion des déchets
La réforme vise également à faire payer la gestion des déchets par les entreprises plutôt que par la population, un système qui existe dans presque tous les pays, selon le président russe Vladimir Poutine.
Les Russes paient environ 180 milliards de roubles par an (2,45 milliards de dollars) pour le système de gestion des déchets du pays. Dans le même temps, la taxe environnementale des entreprises ne rapporte que 3 milliards de roubles par an (40 millions de dollars).
De plus, le fait de ne pas recycler et de ne pas réutiliser les matières premières coûterait à l’économie russe environ 275 milliards de roubles (3,75 milliards de dollars).
L’année dernière, Vladimir Poutine a fixé des objectifs de développement à atteindre d’ici 2030 en Russie. En matière de gestion des déchets, 100 % des ordures devront être triées d’ici à 2030. Et au moins 50 % des déchets devraient être pris en charge dans une installation de gestion des déchets.
Le pays devra être en mesure de trier 80 % des déchets et de recycler 60 % des déchets municipaux solides en 2024. En septembre, la Russie envisageait également d’interdire le plastique à usage unique dans les deux prochaines années.
Mais en ce qui concerne le recyclage et la gestion des déchets d’emballages, les réformes ne passent déjà pas et la taxe environnementale sur les entreprises ne sera pas collectée avant juillet 2022 désormais.