Pour la première fois en 13 ans, l’amendement de la loi sur la citoyenneté qui interdit aux Palestiniens qui épousent des Israéliens d’obtenir un statut de résidence légal n’a pas été prorogé. Le vote s’est transformé en motion de censure pour le nouveau gouvernement.
En Israël, la Loi sur la citoyenneté interdit temporairement aux Palestiniens mariés à des Israéliens d’obtenir le statut de citoyen ou de résident en Israël. L’amendement de la loi a été renouvelé chaque année depuis qu’il a été voté en 2003 pendant la seconde Intifada. Une partie de la nouvelle coalition gouvernementale s’est opposée à l’interdiction malgré des accords de dernière minute.
Le 5 juillet, lors d’un vote à égalité avec 69 voix de chaque côté et deux abstentions du parti islamique Liste arabe unie membre de la coalition gouvernementale, la loi n’a pas été prorogée. Un législateur du parti au pouvoir a voté contre la loi. Le Premier ministre Naftali Bennett a averti que « faire entrer des milliers de Palestiniens et les naturaliser nuit à la sécurité de l’État ».
Le Premier ministre pensait être parvenu à un accord pour voter une prolongation de six mois au lieu d’un an, délivrant ainsi un permis de séjour à 1 600 familles palestiniennes et des solutions humanitaires à près de 10 000 Palestiniens vivant en Israël.
La loi est controversée car ses opposants avancent des raisons discriminatoires en matière de droits de l’homme puisqu’elle laisse certains résidents dans une situation juridique précaire. En fait, l’interdiction vise également à préserver la majorité juive en Israël.
Une loi pour préserver la majorité juive d’Israël
Le ministre des affaires étrangères, Yair Lapid, l’a clairement reconnu : « Il n’y a pas lieu de se voiler la face sur l’essence de cette loi. C’est l’un des outils conçus pour garantir la majorité juive dans l’État d’Israël. Israël est l’État-nation du peuple juif et notre objectif est d’avoir une majorité juive. De plus, la loi a une importance en matière de sécurité. »
En 2002, un Palestinien, conjoint d’une Israélienne, avait tué 15 personnes dans un attentat suicide, et un autre a tué sept personnes en conduisant une bombe dans un bus à Jérusalem.
Selon un groupe israélien de défense des droits de l’homme, 9 200 Palestiniens vivant en Israël ont épousé un ou une Israélienne. Trois mille cinq cents autres personnes disposent d’un visa de résident temporaire. Environ 130 000 Palestiniens ont acquis la citoyenneté israélienne avant la restriction de 2003. Un média israélien a rapporté qu’environ 20 000 Palestiniens auraient obtenu la citoyenneté ou des droits de résidence chaque année sans l’interdiction.
Même si la loi n’est pas prorogée, les changements ne seront pas spectaculaires. Le ministère de l’intérieur a toujours la possibilité d’accorder les titres de séjour au cas par cas.
En revanche, le vote marque également l’état précaire de la coalition gouvernementale. Le Likoud, le parti conservateur de Benjamin Netanyahu, et les alliés ultra-orthodoxes ont voté contre l’amendement, bien qu’ils l’aient approuvé chaque année jusqu’alors.
Le vote s’est transformé en motion de défiance envers le gouvernement, qui n’a pas obtenu la majorité absolue.