La Belgique francophone a enregistré une forte augmentation de candidats aux examens d’entrée pour les études de médecine. La moitié d’entre eux ne sont pas belges.
Le 6 juillet, environ 5 500 candidats, sur les 6 165 inscrits, ont passé un examen à Bruxelles, Liège, Louvain, Mons ou encore Namur en Wallonie, la partie francophone de la Belgique. Ils ont postulé pour entamer des études de médecine.
En 2021, le nombre d’étudiants ayant passé l’examen a augmenté de 37 % par rapport à 2020. L’année dernière et en 2019, l’augmentation du nombre de candidats tournait davantage autour de 5% et 6%.
En moyenne, 20 % d’entre eux réussissent le test. Avec 1 300 candidats reçus, cela reste beaucoup plus que les places disponibles en dernière année de spécialisation. En 2020, 1 230 postes étaient disponibles, 492 pour la Wallonie et 738 pour la région flamande, tandis que 1 695 étudiants en avaient sollicitaient un.
Laurent Despy, de l’Académie de la recherche et de l’enseignement supérieur, explique l’augmentation des candidats par deux hypothèses : « le pourcentage de non-résidents ayant pris part à cette épreuve est en augmentation et il est possible que la pandémie ait suscité des vocations ».
Pas plus de 30 % d’étudiants étrangers en Belgique
En fait, 54% des personnes qui tentent d’étudier la médecine en Belgique cette année ne vivent pas en Belgique. La plupart d’entre eux sont français.
La situation n’est pas récente pour les voisins français qui émigrent en Belgique pour leurs études. La sélection en médecine ou en kinésithérapie est drastique en France et beaucoup de ceux qui ont échoué tentent leur chance en Belgique. Leur diplôme belge est valable en France.
Depuis une dizaine d’années, la Belgique a imposé certaines restrictions pour limiter le flux d’étudiants étrangers. Les étudiants français doivent prouver qu’ils n’ont pas déjà échoué deux fois à des examens de l’enseignement supérieur. Et seuls 30 % de non-résidents sont acceptés pour étudier en Belgique. L’enseignement à distance pendant la pandémie n’a pas modifié les quotas.
Mais cette année, la nouvelle réforme de l’université française pourrait avoir poussé plus de candidats vers la Belgique. La nouvelle organisation, plus proche des systèmes anglo-saxons avec une majeure et une mineure, apporte plus de flexibilité aux étudiants en santé. S’ils ne réussissent pas les examens, ils peuvent se réorienter vers un autre domaine la deuxième année. Il encourage également les futurs praticiens à s’intéresser non seulement aux sciences mais aussi aux sciences humaines.
Mais la transition a été difficile. La fin du numerus clausus limitant le nombre de praticiens a donné la fausse impression que, tout d’un coup, les portes étaient ouvertes à toutes et tous.
Les universités ont publié les places disponibles pour chaque spécialisation un an après, ce qui a empêché les étudiants de s’adapter en fonction de leurs chances de réussite. De plus, avec moins d’heures pour la majeure, les enseignants ont le plus souvent couvert le même programme mais en moins de temps.
En juin, le Premier ministre français, Jean Castex, a annoncé un nouveau plan pour ajuster la réforme. Entre-temps, les étudiants français ont tenté leur chance ailleurs.