Le parlement israélien a approuvé une loi temporaire controversée datant de 2003 et de la seconde intifada visant à préserver la majorité juive dans le pays. Il empêche le regroupement des familles mixtes Israélo-palestiniennes. L’extension de la loi avait été refusée l’année dernière après 13 années de renouvellement continu.
Le parlement d’Israël a renouvelé une loi temporaire datant de 2003 qui empêche d’accorder la nationalité ou le droit de séjour aux Palestiniens mariés à des Israéliens.
Israël justifie la loi pour des raisons de sécurité. Les critiques voient la loi comme une mesure raciste cherchant à préserver la majorité juive du pays. La loi vise les Palestiniens et ne s’applique pas aux Juifs installés en Cisjordanie étant donné qu’ils possèdent déjà la nationalité israélienne.
Le Knesset, le parlement d’Israël n’a pas approuvé l’extension de la loi l’été dernier pour la première fois en 13 ans parce qu’elle a été bloquée par de partis de gauche ainsi que par le parti arabe membre du gouvernement de coalition. L’opposition conservatrice formée autour de l’ancien premier ministre Benjamin Netanyahu est pourtant en faveur de la loi mais elle a refusée de voter la loi afin d’embarrasser le gouvernement.
La ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked a pris des mesures pour empêcher le regroupement familial pendant les mois où la loi est restée en suspens tout en faisant campagne pour son renouvellement. Elle ainsi que d’autres officiels ont reconnu que la loi était en partie destinée à préserver la majorité juive d’Israël.
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid l’a clairement affirmé l’année dernière « Il n’y a pas besoin de se cacher derrière l’essence de cette loi. C’est un des outils destinés à s’assurer qu’il y a une majorité juive au sein de l’État d’Israël. Israël est l’État-nation du peuple juif, et notre objectif est d’avoir une majorité juive. »
Une loi sur la citoyenneté qui touche 20% de la population d’Israël
La loi votée le 10 mars avec le soutien de l’opposition mais sans le parti de gauche Meretz ni la Liste arabe unie, un parti politique arabe qui a rejoint le gouvernement de coalition l’année dernière, une première dans l’histoire du pays.
Shaked a tweeté que le vote du projet de loi était une victoire pour « un État juif et démocratique » et une défaite pour « un État pour tous ses citoyens ». Ce dernier slogan est souvent utilisé par la minorité arabe d’Israël pour aspirer à l’égalité.
Ayman Odeh, un homme politique arabe, a répondu au tweet de Shaked et qualifiant le vote d’une victoire pour « l’apartheid ».
La loi principalement touche la minorité arabe, qui correspond à 20% des 9,5 millions de personnes en Israël et qui a des liens familiaux avec des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Ils possèdent la citoyenneté israélienne, le droit de vote, et ont atteint certaines sphères d’influence mais font face à une forte discrimination.
Le projet Citoyenneté et Entrée a été approuvée comme une loi temporaire en 2003 au moment de la seconde intifada. À l’époque, les instigateurs de la loi justifiaient que des Palestiniens des territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza étaient susceptibles d’être recrutés par des groupes armés. La loi voulait prévenir des ennemis d’acquérir la citoyenneté israélienne et de s’installer dans le pays.
La loi a été continuellement prolongée même après la fin de l’intifada. Aujourd’hui, Israël laisse plus de 100 000 travailleurs palestiniens de Cisjordanie rentrer dans le pays de manière régulière.
Avec cette loi, les citoyens arabes n’ont que peu d’espoir de faire venir leur époux ou épouse de Cisjordanie et de Gaza en Israël. La politique impacte des milliers de familles.
La loi ne s’applique pas aux près de 500 000 juifs installés en Cisjordanie, qu’Israël a saisi depuis la guerre de 1967 et que les Palestiniens revendiquent.
Sous la Law of Return, les Juifs qui viennent vivre en Israël de n’importe où dans le monde sont éligibles à la citoyenneté israélienne.