Le commerce du charbon de bois, qui accélère la déforestation en Ouganda, a incité les autorités à prendre un décret interdisant de couper des arbres à des fins commerciales. L’ordre d’exécution ayant été retardé, le ministre d’État pour l’Ouganda du Nord a ordonné que le charbon de bois récemment saisi soit donné aux écoles.
Le 7 octobre, Grace Freedom Kwiyucwiny, ministre d’État pour le nord de l’Ouganda, a ordonné à l’Autorité nationale des forêts (ANF) de distribuer le charbon de bois saisi aux écoles et aux établissements scolaires.
En mai dernier, le président ougandais Yoweri Museveni avait publié un décret interdisant l’abattage d’arbres à des fins commerciales pour la production de charbon de bois et l’exportation illégale de bois. Le président reprochait alors la corruption parmi des membres de la sécurité et d’officiels chargés de la protection de l’environnement et de l’ANF d’avoir contribué à l’essor du commerce du charbon de bois.
Mais la mise en œuvre du décret a été reportée au 20 octobre.
Ainsi, après que l’ANF a trouvé et saisi 5 000 sacs de charbon de bois près de la rivière Aswa, elle a suggéré qu’ils soient mis aux enchères. La vente aux enchères aurait pu rapporter des revenus, mais le décret ne prévoit pas de ventes aux enchères publiques pour nourrir les revenus des autorités locales.
Par ailleurs, des dirigeants locaux ont réagi à l’idée de l’ANF de vendre le charbon aux enchères, estimant que c’était contourner l’ordonnance du président.
Selon l’ANF, elle voulait initialement distribuer le charbon de bois aux écoles et aux institutions de différentes régions, mais le tribunal de première instance de Gulu avait bloqué cette initiative. John Gilbo, le directeur de l’ANF Aswa River Range, a déclaré qu’il attendait des clarifications et des mises à jour de la part du siège de l’ANF à Kampala, la capitale de l’Ouganda, avant de faire quoi que ce soit avec le charbon de bois.
Finalement, la ministre Kwiyucwiny a ordonné la distribution du charbon de bois saisi aux écoles et aux établissements d’enseignement.
La forêt couvrait 19 % du territoire ougandais en 2000, mais seulement 12 % en 2015
En Ouganda, le charbon de bois, issu de bois sec que l’on brûle dans un trou dans le sol fermé pour limiter l’apport d’oxygène, et le bois de chauffage sont régulièrement utilisés comme sources d’énergie.
Environ 90 % des ménages tirent leur énergie du charbon de bois – pour les ménages urbains – et du bois de chauffage – pour les ménages ruraux – et ce, principalement pour l’utiliser en cuisine. Les institutions telles que les écoles, les prisons, les hôpitaux et l’armée utilisent également beaucoup le bois.
Et la demande pour le bois de chauffage et le charbon de bois augmente, de 9 % entre 2015 et 2019, selon un rapport de la Banque mondiale sur le bois en Ouganda datant de 2019.
C’est l’un des facteurs de la perte et de la dégradation des forêts en Ouganda, avec l’expansion agricole et le besoin de terres supplémentaires, l’urbanisation croissante et les incendies de forêt.
En 2020, la Banque mondiale a également indiqué que la perte nette totale des forêts ougandaises entre 2000 et 2015 était estimée à 1,8 million d’hectares, soit un taux de perte annuel moyen de 4 %.
Selon le Global Forest Watch, l’Ouganda a perdu 1,03 million d’hectares de boisement, soit une diminution de 13 % entre 2000 et 2022. Au cours des 100 dernières années (1921−2021), l’Ouganda a perdu 42 % de son espace forestier, selon Illuminem, une plateforme d’information et de données sur le développement durable.
La police et les forces de l’ordre sont également critiquées pour ne pas avoir fait assez pour mettre fin au commerce illégal de charbon.