À la suite des incendies de 2017 dans le pays, six jeunes Portugais poursuivent 32 pays devant la Cour européenne des droits de l’homme pour inaction face à la crise climatique. Ils estiment que leur santé physique et mentale souffre du changement climatique. « C’est David contre Goliath. »

Six jeunes Portugais ont traduit 32 pays devant la Cour européenne des droits de l’homme pour non-réponse à la crise climatique.
Leur action fut motivée par une série d’incendies de forêt qui ont touché plusieurs régions du Portugal en 2017. L’affaire est portée contre les 27 États membres de l’Union européenne, ainsi que la Norvège, la Russie, la Suisse, la Turquie et le Royaume-Uni.
Les requérants soutiennent que ces pays ne font pas assez pour lutter contre les menaces croissantes de la crise climatique. Ils invoquent des violations des droits de l’homme au titre des articles 2, 8 et 14 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui protègent le droit à la vie, le droit à la vie privée et le droit de ne pas subir de discrimination.
L’audience s’est ouverte à la CEDH à Strasbourg, le 27 septembre. Les requérants portugais, âgés de 11 à 24 ans, font valoir que leur santé physique et mentale souffre déjà du changement climatique. Les vagues de chaleur de ces dernières années les empêchent de dormir, de faire de l’exercice ou de se concentrer.
Trois d’entre eux souffrent d’affections respiratoires et quatre souffrent de problèmes de santé liés à la pollution et aux allergènes.

Ils mettront en avant les preuves qu’une augmentation d’un seul degré Celsius des températures moyennes entraînerait une augmentation de 1,7 % des maladies respiratoires au Portugal. En outre, le changement climatique exposera les Portugais à des niveaux de pollution plus élevés et à une augmentation potentielle des niveaux d’allergènes qui aggravent les maladies respiratoires telles que l’asthme.
La procédure, soutenue par le Global Legal Action Network (GLAN), une organisation à but non lucratif établie en Irlande et en Angleterre, est centrée sur l’affirmation selon laquelle les gouvernements européens n’ont pas pris les mesures qui s’imposaient pour lutter contre le dérèglement climatique.
Les émissions de gaz à effet de serre de tous ces pays contribuent également au réchauffement de la planète. Les requérants affirment qu’il existe des preuves indiscutables de la crise climatique et que des mesures plus fermes doivent être prises pour contrer la menace permanente du réchauffement de la planète, car il s’agirait d’une question relevant des droits de l’homme.
Gearóid Ó Cuinn, l’un des deux avocats irlandais représentant les jeunes et le directeur fondateur du GLAN, a qualifié cette affaire de « David contre Goliath » concernant le climat. « Il s’agit également d’un événement historique sur le plan juridique. Jamais autant de pays dans le monde n’ont eu à se défendre devant un tribunal. »
Catarina dos Santos Mota, 23 ans, qui fait partie du groupe des six jeunes Portugais ayant déposé la plainte, a déclaré : « Depuis que nous avons entamé cette affaire, nous avons senti l’impact de la crise climatique s’aggraver de plus en plus, en particulier la chaleur. En 2023, le mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré. Il est effrayant de penser que ce n’est que le début et qu’il va faire de plus en plus chaud. » Mme Mota espère que le tribunal parviendra à une décision dans les six à douze mois. Mais il faut parfois plus de trois ans à la Cour européenne des droits de l’homme pour arriver à un jugement.
Le Réseau européen d’action pour le climat, l’une des parties qui présente des arguments à la Cour pour soutenir les requérants, estime que les gouvernements doivent « réduire rapidement les émissions et limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels », comme cela a été établi dans l’Accord de Paris de 2015, un traité international juridiquement contraignant sur le changement climatique.
Les 32 gouvernements tenteront de faire valoir que les candidats n’ont pas prouvé que leurs actions, ou leur absence d’actions, les ont personnellement impactés.
Ils tenteront également de discréditer certaines des preuves présentées par les requérants et soutiendront que cette question ne relève pas de la compétence de la CEDH. Vingt-deux juges examineront l’affaire.
S’ils devaient rendre une décision, celle-ci deviendrait juridiquement contraignante, exigeant que les pays en question agissent urgemment pour trouver des actions plus fortes et des réglementations relatives à la crise climatique, ce qui peut inclure la réduction des émissions de combustibles fossiles et la construction d’infrastructures renouvelables.