Dans l’impossibilité d’exporter ses fruits de mer vers la Chine à cause de son embargo suite au rejet des eaux traitées de la centrale nucléaire de Fukushima, le Japon va fournir gratuitement 100 000 portions de coquilles Saint-Jacques aux cantines des écoles du pays.
L’industrie de la pêche japonaise est dans l’incertitude, confrontée à la chute des prix et à ses stocks de fruits de mer qui ne peuvent être exportés vers la Chine.
Le gouvernement chinois a en effet imposé une interdiction sur les produits de la mer en provenance du Japon, à la suite du déversement dans l’océan Pacifique des eaux usées de la centrale nucléaire de Fukushima n° 1. Il a invoqué des inquiétudes sanitaires pour justifier cette interdiction.
Face à l’impact de l’embargo dans de nombreuses régions, Mori, une ville de l’île d’Hokkaido où l’élevage de coquilles Saint-Jacques est très répandu, a décidé de fournir environ 100 000 portions de coquilles Saint-Jacques qui ne peuvent pas être exportées pour qu’elles soient mangées gratuitement dans les cantines scolaires à travers le pays.
Pour soutenir l’industrie, la municipalité de Mori a acheté des coquilles Saint-Jacques qui ne pouvaient être exportées et qui étaient stockées dans les frigos des exploitants. Elle les a offertes gratuitement pour qu’elles puissent être consommées dans les cantines scolaires de tout le pays
À Kanekichi Sawada Suisan, une entreprise de transformation de fruits de mer située à Mori, le président de l’entreprise, Hikaru Sawada, a déclaré qu’ils exportaient pour environ 1 milliard de yens (6,4 millions d’euros) de coquilles Saint-Jacques par an à la Chine.
Le 22 septembre, le maire de Mori, Kosuke Okajima, a visité l’entreprise locale et a annoncé que la municipalité fournirait gratuitement des coquilles Saint-Jacques dans les cantines scolaires du pays. Le 27 septembre, des coquilles Saint-Jacques ont également été servies lors d’un marathon organisé par un lycée à Kitami, sur l’île d’Hokkaido, afin de soutenir les pêcheries locales.
La ville de Mori utilise le fonds gouvernemental de 30 milliards de yens (191 millions d’euros) pour contrecarrer la mauvaise publicité de l’interdiction chinoise d’importer des produits de la mer.
Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, s’était notamment employé à manger des huîtres devant les caméras pour rassurer de la qualité des produits japonais.
En juillet, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a estimé que le plan japonais de rejet de l’eau traitée de la centrale de Fukushima était conforme aux normes de sécurité internationales. L’AIEA a procédé à des examens et a déclaré que le rejet progressif de l’eau traitée n’aurait pas d’impact négatif sur la population et l’environnement.
Cela fait un mois depuis le 24 septembre que la Chine a pris des mesures pour interdire les importations de produits de la mer japonais. Avec ses 87,1 milliards de yens (553 millions d’euros) l’année dernière, la Chine est le plus grand marché d’exportation de produits de la mer du Japon. Parmi les produits les plus populaires figurent les coquilles Saint-Jacques, le thon, les oursins, les vivaneaux et les concombres de mer, également appelés namako.
Le Japon craint désormais que la Russie suive les pas de la Chine. Rosselkhoznadzor, le service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire, envisage la possibilité de s’associer aux restrictions chinoises sur les livraisons de produits de la pêche en provenance du Japon, ce qui sera décidé après discussion avec les responsables japonais. La Russie est l’un des principaux fournisseurs de produits marins de la Chine et cherche à accroître sa part de marché.
Le porte-parole du gouvernement japonais, Hirokazu Matsuno, a déclaré : « Nous demandons instamment à la Russie d’agir sur la base de preuves scientifiques », ajoutant que la Russie était membre de l’équipe d’experts de l’AIEA à Fukushima, qui a approuvé le plan de rejet des eaux.
Pour Gen Komori, le président de House, une société commerciale basée à Tokyo et spécialisée dans les produits de la pêche, l’entreprise doit se tourner vers les marchés de l’Europe, des États-Unis et de l’Asie du Sud-Est en raison de l’embargo commercial chinois.