Les images satellites montrent que les émissions de méthane du secteur de l’énergie sont 70 % plus élevées que les statistiques officielles communiquées par les gouvernements. Les fuites de méthane pourraient fournir la totalité du gaz utilisé pour l’électricité en Europe.

L’Agence internationale de l’énergie a déclaré le 24 février que les émissions de méthane provenant de la production de pétrole, de gaz et de charbon sont nettement plus élevées que ce que prétendent les gouvernements.
L’agence basée à Paris a déclaré que son analyse montre que les émissions provenant des énergies fossiles sont 70 % plus élevées que les chiffres officiels fournis par les gouvernements à travers le monde.
Le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone et est responsable d’environ 30 % de l’augmentation des températures depuis la révolution industrielle, selon l’AIE. C’est le deuxième plus grand contributeur au réchauffement de la planète. Toutefois, ce gaz reste dans l’atmosphère pendant une période beaucoup plus courte que le dioxyde de carbone.
Le rapport souligne le manque de données et de surveillance des émissions de méthane dans le secteur de l’énergie. L’agence appelle donc à une plus grande transparence sur l’ampleur et la localisation des émissions de méthane.
Le secteur de l’énergie est responsable d’environ 40 % des émissions de méthane dues à l’activité humaine, soit un peu moins que le secteur agricole.
Les fuites de méthane pourraient alimenter la totalité du gaz utilisé pour l’électricité en Europe : « Si toutes les fuites de méthane provenant de l’exploitation d’énergies fossiles en 2021 avaient été captées et vendues, les marchés de gaz naturel auraient été alimentés par 180 milliards de mètres cubes de gaz naturel supplémentaires. Cela équivaut à la totalité du gaz utilisé pour fournir de l’électricité en Europe et est plus que suffisant pour atténuer l’étroitesse actuelle du marché. »
Les émissions de méthane par l’industrie de l’énergie ont augmenté de près de 5 % l’année dernière. Des émissions importantes ont été confirmées au Texas et dans certaines parties de l’Asie centrale, le Turkménistan étant responsable à lui seul d’un tiers des grands épisodes d’émissions observés par satellite en 2021. Relativement peu de fuites importantes ont été détectées pour les principaux producteurs de pétrole et de gaz au Moyen-Orient.
Des satellites pour surveiller les fuites d’émissions de méthane
Les émissions de méthane sont supérieures aux niveaux de 2019. Cependant, le rapport note que l’augmentation est inférieure à la hausse de la consommation d’énergie mondiale, « ce qui indique que certains efforts pour limiter les émissions portent sans doute déjà leurs fruits ».
Le Methane Global Tracker utilise des images satellites pour réaliser son évaluation des émissions de méthane. Néanmoins, les régions situées le long de l’équateur, dans le Grand Nord et des plateformes offshore sont encore mal couvertes par les satellites.
Récemment, une équipe de chercheurs des Pays-Bas a découvert à l’aide de satellites que les mines de charbon australiennes émettraient beaucoup plus de méthane que déclaré par le gouvernement à cause de fuites. Coincés dans les veines de charbon, le méthane et d’autres gaz sont libérés lors de l’extraction du charbon.
Lors de la COP26 à Glasgow, plus de 110 pays se sont engagés à réduire de 30 % d’ici à 2030 les émissions de méthane dues aux activités humaines comme l’agriculture ou le secteur énergétique entre autres. Mais la Chine, la Russie, l’Iran et l’Inde, quatre des cinq pays qui émettent le plus de méthane du fait de leur industrie énergétique, n’ont pas pris part à cet engagement.
« Réduire de 30 % les émissions mondiales de méthane dues aux activités humaines d’ici à la fin de cette décennie aurait le même effet sur le réchauffement de la planète d’ici à 2050 que d’avoir l’ensemble du secteur des transports avec une empreinte carbone nulle », a déclaré Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE.