Avec près de 40 000 employés de la fonction publique qui ont démissionné en deux ans et demi, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation, les autorités vietnamiennes prévoient d’augmenter le point d’indice salarial de 21 %.
Mise à jour le 21 octobre
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, le Vietnam connaît une forte augmentation du nombre de démissionnaires de la fonction publique qui préfèrent travailler dans le secteur privé.
Près de 40 000 agents ont quitté leur travail au cours des deux dernières années et demie, selon le vice-ministre de l’Intérieur du Vietnam. Ils représentent environ 0,8 % de l’ensemble du personnel de l’administration vietnamienne. Au Vietnam, un employé sur dix travaille dans l’administration.
La grande majorité des personnes qui ont démissionné, soit 35 000 d’entre elles, étaient contractuelles et 4 000 étaient fonctionnaires titulaires. Les démissions ont eu lieu dans la fonction publique territoriale pour 82 % d’entre elles ; 18 % travaillaient dans l’administration publique centrale.
Alors que les autorités ambitionnent d’ajouter 66 000 postes d’enseignants d’ici 2026, c’est l’enseignement qui est en tête des démissions avec plus de 16 000 personnes ayant quitté leur poste. Ils sont suivis par les 12 000 personnes du secteur de la santé. Ces deux secteurs ont vu leurs conditions de travail fortement affectées par la pandémie de COVID-19. Le pays souffre également d’une pénurie de médicaments, de matériel et d’équipements médicaux.
Confronté à cette augmentation du nombre de démissions, particulièrement dans les grandes villes et les régions isolées où les personnes optent pour un salaire et des conditions meilleurs dans le secteur privé, le gouvernement vietnamien a donc proposé d’augmenter les revenus et le point d’indice de 21 %.
L’inflation était de 3,8 % en septembre 2022 et est estimée à 4–4,5% dans les prochains mois selon le bureau général des statistiques du Vietnam.
Utilisé comme base de calcul pour la rémunération des fonctionnaires et contractuels de la fonction publique, le point d’indice passera de 1 490 000 dongs (62 euros) par mois à 1 800 000 dongs (75 euros). Il n’avait pas été réévalué depuis juillet 2019, là où les ajustements sont annuels d’habitude. Dans le même temps, le secteur privé a connu une augmentation, la troisième en trois ans, du salaire minimum de 6 % en juillet dernier. Le revenu moyen des employés tous secteurs confondus dans le pays au cours des six premiers mois de 2022 a augmenté de 5,3 %.
Avec le nouvel indice salarial, le salaire minimum d’un fonctionnaire serait d’environ 2,01 millions de dong bruts (83 euros) par mois et le salaire le plus élevé atteindrait 14,4 millions de dong (594 euros), selon Lao Dong, le site Internet publié par la Confédération générale du travail du Vietnam, l’unique syndicat national du Vietnam.
L’Assemblée nationale, l’organe suprême de l’État doté des pouvoirs constitutionnels et législatifs et dont 97 % des sièges sont occupés par des membres du Parti communiste vietnamien, s’est réunie le 20 octobre pour une session de 21 jours afin d’examiner et d’approuver le budget et certains projets de loi.
Le Comité des finances et du budget de l’Assemblée a aussi proposé à l’unanimité l’augmentation du point d’indice pour le budget de 2023 à 2025 et a suggéré au gouvernement d’établir un plan financier pour s’assurer de sa faisabilité.
Le 21 octobre, le ministère des finances a planifié une augmentation du budget de 60 000 milliards de dong (2,5 milliards d’euros) pour la réévaluation des compensations financières. Ce montant comprend l’augmentation de l’indice des salaires du public et une augmentation similaire (21 %) de l’allocation mensuelle, une prime permanente accordée à des secteurs importants comme l’éducation et la santé, ainsi qu’une augmentation de 12,5 % des prestations d’assurance sociale et une hausse de certaines retraites.
Environ 44 000 milliards de dong (1,8 milliard d’euros) seront alloués au nouveau point d’indice, selon le journal public VietNamNet. Cela ajouterait 0,54 % au taux d’inflation selon les dirigeants.
Les ajustements auront lieu à partir de juillet 2023.
L’allocation mensuelle du personnel de santé passera de 40 % à 100 % de ce qui peut être accordé. Ce changement interviendra à partir de janvier 2023, ce qui représente environ 5 400 milliards de dong (223 millions d’euros) par an dans le budget.
Il a été décidé qu’une augmentation plus large des salaires dans le pays n’est pas prévue dans le budget pour 2023.
Mais ce plan intervient également à un moment où les autorités vietnamiennes réduisent le personnel administratif, ce qui entraîné une surcharge de travail et une pression croissante sur les employés selon le ministère de l’Intérieur.
Néanmoins, ce pays communiste prévoit toujours de moderniser son administration, de supprimer des échelons et d’individualiser la responsabilité des employés afin d’améliorer leur productivité.