La Hongrie est un pays de transit pour les demandeurs d’asile et les migrations régulières et irrégulières. Un rapport confidentiel des services de renseignement hongrois montre que des groupes de passeurs afghans et des talibans sont installés près de la frontière entre la Hongrie et la Serbie. Les critiques de ce rapport considèrent qu’il s’agit de propagande gouvernementale.
Un rapport des services de renseignement hongrois, intitulé « Aspects de sécurité nationale de la migration illégale dans la zone frontalière serbo-hongroise », a été publié sur le site internet du Parlement hongrois.
Et ce rapport « conclut » que les services de renseignement des Talibans ont pris le contrôle direct des groupes de passeurs afghans opérant sur le territoire serbe à proximité de la frontière hongroise.
Le rapport classifié est daté du 25 octobre 2023 et a été compilé à partir de rapports de renseignement du Centre national d’information, une agence gouvernementale hongroise chargée des informations relatives à la sécurité nationale.
En l’espace de quelques semaines, des parties du rapport classifié ont été divulguées au journal Magyar Nemzet, pro-gouvernemental et favorable à Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, et qui a régulièrement publié des articles sur la montée de la violence à la frontière hongroise.
Dans un message publié sur X (ex-Twitter), le directeur politique du Premier ministre et membre de l’Assemblée nationale, Balázs Orbán, a indiqué que le rapport des services de renseignement contenait les principales conclusions suivantes : « À la frontière serbo-hongroise, des organisations terroristes connues telles qu’ISIS, Al-Qaïda et le Hamas sont déjà présentes ; Les talibans sont également présents en Voïvodine, de nombreux trafiquants d’êtres humains ayant des liens familiaux avec des responsables gouvernementaux talibans afghans et des membres du groupe terroriste associé Haqqani ; Le service de renseignement taliban a placé les activités des trafiquants d’êtres humains afghans sous un contrôle direct. »
Les dirigeants hongrois sont souvent connus pour leurs valeurs conservatrices au sein de l’Union européenne, en raison de leurs opinions sur l’immigration et les questions sociales. Le premier ministre hongrois, Viktor Orbán, à la tête du parti Fidesz, a publiquement fait part de ses opinions anti-migrants.
Le 26 octobre, à la veille d’un sommet de l’UE à Bruxelles, M. Orbán a déclaré que « ceux qui soutiennent l’immigration soutiennent également le terrorisme. Nous sommes contre le terrorisme et donc nous ne soutenons pas l’immigration ».
La déclassification a été initiée par Mate Kocsis, chef du groupe parlementaire du Fidesz, le parti au pouvoir en Hongrie, et président de la commission de la sécurité nationale. Le rapport décrit également l’intensification des combats internes entre les différents gangs de passeurs en Voïvodine, en Serbie, et l’incapacité de la police serbe à contrôler la situation.
Selon les sources de renseignement citées dans le rapport, deux groupes afghans, l’un appelé 40–059 et l’autre 313, contrôlent désormais la majeure partie du trafic d’êtres humains.
Selon le média Balkan Insight, les critiques estiment que la publication du rapport classifié pourrait être utilisée par le gouvernement hongrois pour façonner le climat politique avant les élections européennes de l’année prochaine, au cours desquelles la question contestée de l’immigration devrait être un sujet majeur.
Népszava, un journal hongrois social-démocrate et de gauche, estime que le langage du rapport ne ressemble pas vraiment à celui des services secrets. Par exemple, les groupes de trafiquants d’êtres humains afghans sont marqués par des chiffres, ce qui ne serait pas habituel pour ces services.
Des critiques et des experts en sécurité nationale interrogés par Nepszava, ont qualifié la publication du rapport de propagande en raison de son manque d’intention de proposer des solutions spécifiques, affirmant qu’il était destiné à créer un précédent concernant les migrants.