Le 1er décembre, la Nouvelle-Zélande a décidé d’unir ses forces à celles de l’Australie, des Fidji et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour stabiliser la situation dans les îles Salomon. Le même jour, le gouvernement a déclaré que le quartier chinois et tous les bâtiments incendiés étaient interdits jusqu’à ce que les autorités nettoient la zone.
Les îles Salomon étant en proie à des troubles politiques internes violents, elles ont demandé l’aide de la Nouvelle-Zélande.
Le 1er décembre, la Nouvelle-Zélande a confirmé qu’elle allait joindre ses forces à celles de l’Australie, des Fidji et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui ont déjà envoyé des troupes pour aider à maintenir la paix dans l’archipel.
L’Australie a déployé une centaine de soldats, aux côtés du contingent de 50 personnes des îles Fidji et de 50 personnes en provenance de Papouasie-Nouvelle-Guinée, arrivés à la demande du gouvernement des îles Salomon.
« Nous essayons de ne pas prendre part aux problèmes internes des Îles Salomon, mais simplement de nous assurer que tous les problèmes soient traités de manière calme et pacifique », a déclaré le Premier ministre australien Scott Morrison.
« Nous sommes profondément préoccupés par les troubles civils et les émeutes qui ont eu lieu récemment à Honiara et, à la suite de la demande formulée hier par le gouvernement des Îles Salomon, nous avons agi rapidement pour fournir une aide d’urgence », a écrit la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern dans un communiqué.
Une première équipe de 15 personnes de Nouvelle-Zélande sera déployée dans l’immédiat pour évaluer la situation, suivie d’un groupe de 50 membres des forces de défense et de la police néo-zélandaises au cours du week-end.
La police des Samoa n’a reçu aucune demande mais se dit prête à aider si on le lui demande.
Troubles politiques, incendies de bâtiments et pillages
Ce n’est pas la première fois que les îles Salomon demandent une aide extérieure pour rétablir le calme.
De 1998 à 2003, un conflit armé interne a déstabilisé les îles. À l’époque, le Premier ministre avait également demandé une aide internationale. Cela avait conduit à la création de la RAMSI, la mission d’assistance régionale aux îles Salomon. Composée de policiers et de militaires d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de pays du Pacifique, la RAMSI a fonctionné de 2003 à 2017.
Le 24 novembre 2021, une manifestation pacifique s’est transformée en troubles violents lorsque des personnes sont parvenues à rentrer dans le Parlement, ont brûlé le toit d’un bâtiment proche du Parlement, un poste de police, un lycée et certains bâtiments de la zone commerciale de Kukum et du quartier chinois.
Les manifestants demandaient à l’origine la démission du Premier ministre.
Après 36 heures de troubles à Honiara, la capitale, Manasseh Sogavare a refusé de démissionner. « Si je suis démis de mes fonctions de Premier ministre, ce sera par le biais du Parlement », a‑t-il déclaré. Le Premier ministre du pays est élu par les 35 membres du Parlement.
Le 28 novembre, le chef de l’opposition et membre du Parlement Matthew Wale a déposé une motion de censure contre le Premier ministre. La motion sera présentée d’ici le 5 décembre.
Des tensions anciennes entre les îles Malaita et Guadalcanal
Les îles Salomon sont un archipel du Pacifique indépendant des Britanniques depuis 1976, où environ 650 000 personnes y vivent avec des revenus situés dans la moyenne basse. Il y a 6 îles principales. Sa capitale Honiara est située à Guadalcanal, la plus grande île. Sa voisine Malaita est l’île la plus peuplée.
Les raisons du soulèvement politique est « une histoire mixte », comme l’a expliqué le premier ministre australien.
Le pays a été confronté à de graves difficultés économiques avec la pandémie de Covid-19. Le gouvernement estime que les émeutes ont coûté au pays 25 millions de dollars et 1 000 emplois.
De plus, la population de Malaitu considère que le gouvernement fédéral de Honiara ne la soutient pas assez, explique le média australien ABC.
Un nombre important de manifestants venait de la province de Malaitu. Le Premier ministre de Malaitu, Daniel Suidani, a rejeté l’intervention extérieure de l’Australie car elle aidera à maintenir « un Premier ministre corrompu au pouvoir ».
Depuis des années, la population de Malaita migre vers Guadalcanal pour y trouver de meilleures opportunités économiques. Malaita et Guadalcanal ont été au cœur des tensions ethniques internes entre 1998 et 2003.
En 2019, les manifestants de Malaitu cherchaient à obtenir l’indépendance du reste de l’archipel après une décision concernant les relations diplomatiques avec Taïwan et la Chine.
La communauté chinoise visée lors des manifestations
Cette année-là, le Premier ministre M. Sogavare avait décidé de revoir les relations extérieures du pays après avoir été élu. Les îles Salomon se sont alors rapprochées de la Chine en mettant fin à leurs relations avec Taïwan.
Les îles Salomon reconnaissait auparavant Taïwan en tant que pays, mais les représentants des deux parties ont alors rompu les liens. Taïwan avait dénoncé la « diplomatie du dollar et les fausses promesses de grandes sommes d’aide étrangère de la Chine pour acheter un petit nombre de politiques ».
En 2019, de violentes manifestations avaient déjà visé le quartier chinois. En 2006, la communauté chinoise avait également été ciblée pour des allégations d’ingérence dans les élections du Premier ministre.
Le premier ministre de Malaita, Daniel Suidani, a interdit les entreprises chinoises dans sa province.
En 2021, plusieurs bâtiments et entreprises ont été incendiés dans le quartier chinois. Des entreprises dans Honiara ont également été pillées.
Le 1er décembre, le gouvernement a déclaré que le quartier chinois et tout bâtiment touché par un incendie était une « no-go zone », une zone interdite, jusqu’à ce que les bâtiments qui ont brûlé soient sécurisés et les matières dangereuses enlevées. Le 30 novembre, la police avait également demandé à la population de rester à l’écart pour que les autorités puissent nettoyer les dégâts.
Le ministre chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian, a demandé aux îles Salomon de protéger la communauté chinoise.
Alors que la motion de censure sera présenté le 5 décembre, le gouvernement souligne également que les îles Salomon vont souffrir d’une crise humanitaire en raison de pénurie alimentaire.