Le prix du café n’a jamais été aussi élevé en 10 ans. Pour la Colombie, cela signifie plus de revenus malgré une production plus faible, tandis qu’en Turquie les prix s’envolent avec l’inflation.
Roberto Vélez, le président de la fédération nationale des producteurs de café de Colombie, a partagé son enthousiasme avec son audience lors du congrès national des producteurs de café effectué à distance le 30 novembre.
Il a expliqué que les revenus provenant de la production de café représenteraient 1% du produit intérieur brut de la Colombie en 2021. Ce serait une première depuis 2002.
La valeur de la récolte de café en 2021 se situera probablement entre 11 et 12 milliards de dollars, soit une augmentation de 23 % par rapport à l’année dernière.
La Colombie exportera pour 3,4 milliards de dollars de grains de café cette année, ce qui représente environ 9 % des recettes totales de la Colombie générées par l’exportation.
Les producteurs de café colombiens connaissent une bonne année.
Pourtant, la production de café de la Colombie diminuera de 7 % en 2021 par rapport à 2020. Mais cette faible production est compensée par les prix les plus élevés du produit que le marché a connu depuis 10 ans.
À l’Intercontinental Exchange de New York, le café a atteint son prix le plus élevé depuis 2011. Dans le même temps, le prix de référence de l’Association internationale du café a enregistré une hausse de 85 % par rapport à l’année dernière.
Incertitude sur l’offre mondiale en raison de la faible production brésilienne
Dans son rapport d’octobre, l’Association internationale du café prévoit que la consommation mondiale de café augmentera de 1,9 % en 2021⁄20 pour atteindre 167,15 millions de sacs de 60 kg par rapport à 2019⁄20. Par ailleurs, la production mondiale totale n’a augmenté que de 0,4% au cours de l’année caféière 2020⁄21, même si elle est supérieure de 8,6% à la production moyenne des 10 dernières années.
Mais la hausse mondiale des prix est en réalité motivée par « des inquiétudes sur l’approvisionnement issu de productions importantes ».
Les conditions du marché sont volatiles et à la hausse car le Brésil, l’un des plus grands producteurs de café au monde, a connu des conditions climatiques défavorables pour le café.
Au cours de l’année, la production brésilienne de café a souffert de la sécheresse, ainsi que de températures basses et de gelées. De plus, d’autres grands producteurs comme l’Éthiopie ou le Vietnam apportent des perspectives incertaines. Les cas de Covid-19 au Vietnam inquiètent les autorités et l’Éthiopie est proche d’une guerre civile au Tigré.
Mais en Turquie, où le café était autrefois cultivé, la hausse des prix du café n’est pas accueillie de la même manière.
Le prix du café s’envole en Turquie
En effet, le prix du café pour les consommateurs aurait été multiplié par trois en moins d’un an en Turquie.
En plus du prix des grains de café, les coûts de transport ont grimpé en flèche en raison de l’encombrement du trafic maritime.
Pour ne rien arranger, le cours de la livre turque est dans ses plus bas, accélérant l’inflation dans le pays qui dépasse les 10 % depuis 2018. Cette forte inflation augmente rapidement les prix des marchandises.
Après le sucre et l’huile, la Turquie a décidé de limiter la vente de café car l’offre et les stocks sont faibles, rapporte Sözcü.
De plus, les cafés pourraient insérer plus de Robusta dans leurs mélanges, une variété de café moins cher mais de moins bonne qualité que l’Arabica, une variété menacée par le réchauffement climatique dans les années à venir.
En Colombie, le ministre de l’agriculture et du développement rural a invité les producteurs de café à profiter des prix élevés pour renouveler leurs plantations de café et maintenir une productivité élevée.
Les prix des grains de café avaient diminué ces dernières années et l’industrie a également souffert de la pandémie de Covid-19 qui limitait les personnes à ne boire du café qu’à la maison.
Mais la tension de l’offre sur le marché du café devrait durer jusqu’en 2023 au moins.