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Une variété de café premium pourrait résister à la menace du changement climatique

2 minutes de lecture
21 avril 2021

Le café de qualité est menacé par le changement climatique. Mais une espèce pensée disparue pourrait résister à des températures plus chaudes tout en offrant une excellente saveur ce qui soulagerait l’industrie du café.

Les cultures de café menacées par le réchauffement climatique

Coffea stenophylla
Coffea stenophylla, ici dans le jardin botanique de Berlin, n’avait pas été trouvé à l’état sauvage depuis 64 ans

Le Coffea stenophylla, une espèce de café sauvage rare originaire de Guinée, de Sierra Leone et de Côte d’Ivoire pourrait être une alternative potentielle au café Arabica dans les prochaines années.

Les grains d’arabica et de robusta constituent l’essentiel du marché mondial du café. Mas l’arabica, réputé de meilleure qualité, est menacé par le réchauffement climatique.

L’Arabica est une espèce de café poussant sur les hauts plateaux au niveau des Tropiques, entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude, avec une température moyenne optimale autour des 18–22 degrés Celsius. Une augmentation de la température entre 2 et 3 degrés Celsius pousserait les cultures d’Arabica vers les montagnes, ce qui bouleverseraient les zones de production de café actuelles.

Le Robusta est plus robuste comme son nom l’indique. Il résiste à une maladie affectant les feuilles de caféier, mais il peut également se cultiver dans des climats humides, en-dessous de 1 500 mètres d’altitude. Il résiste aussi à des températures plus élevées, entre 24–26 degrés Celsius voire jusqu’aux 30 degrés.

Mais il reste malgré tout sensible aux fortes températures et son rendement le plus optimal se situe sous les 22 degrés Celsius.

Des températures plus élevées, un marché du café perturbé

L’arabica est réputé comme étant beaucoup plus goûtu. Son prix est également plus élevé. Et le café de bonne qualité est une source de revenus plus intéressante pour les producteurs de café qui sont pour la plupart de petits exploitants.

Mais avec le réchauffement climatique, la surface potentielle de production de café pourrait diminuer de 15 % d’ici 2050. De plus, environ la moitié des terres propices au café arabica ne plus être adaptées d’ici 2050.

Un tel changement refaçonnerait l’économie des pays de la ceinture du café. « Le café est le moteur d’une industrie mondiale de plusieurs milliards de dollars, soutient l’économie de plusieurs pays tropicaux et fournit des moyens de subsistance à plus de 100 millions de caféiculteurs », explique le Dr Aaron Davis, auteur principal de l’étude publiée dans la revue scientifique Nature.

Pendant ce temps, la demande de café devrait doubler d’ici 2050.

Coffee Belt
La ceinture de café, à peu près entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne, pourrait être remodelée avec le changement climatique

Une espèce de café sauvage rare et savoureuse

Il existe environ 120 espèces de café et beaucoup d’entre elles peuvent pousser à l’état sauvage dans des conditions similaires à celles du Robusta. Cependant, aucune ne s’est avérée avoir des saveurs adaptées aux normes de consommation actuelles.

L’étude a révélé que le coffea stenophylla peut pousser dans les mêmes conditions climatiques que le café Robusta et encore donner des saveurs d’une qualité comparables à l’Arabica. Le café sauvage n’a généralement pas bon goût, mais celui-ci semble différent. « Nous avons été complètement époustouflés par le fait que ce café avait un goût incroyable » a déclaré Aaron Davis, responsable de la recherche sur le café au Royal Botanic Gardens a‑t-il déclaré à la BBC.

Coffea stenophylla n’avait pas été vu à l’état sauvage depuis 1954 mais il a été redécouvert en Sierra Leone en 2018.

Son potentiel de production à grande échelle est encore incertain. Il faudrait quelques années pour cultiver cette espèce ou la croiser avec d’autres pour obtenir des volumes de production plus importants. Il ne représentera probablement qu’un marché de niche au cours des 5 à 7 prochaines années, avant de s’étendre potentiellement à une clientèle plus large.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.