Alors que l’Indonésie cherche à devenir un pays développé d’ici 2045, elle est confrontée à un défi de taille : un nombre croissant de chômeurs au sein de la génération Z. La baisse de la création d’emplois ces dernières années pousse la génération Z vers le secteur informel, ce qui a des conséquences négatives sur l’économie du pays.
L’âge moyen en Indonésie est de 30 ans alors que de nombreux pays développés sont confrontés au vieillissement de leur population, comme le Japon, où l’âge médian est de 50 ans. Le pays devrait donc pouvoir s’appuyer sur une démographie en pleine possession de ses moyens pour faire croître son économie. Mais l’Indonésie est confrontée à un défi de taille : les diplômés de la génération Z ont du mal à trouver un emploi et à s’intégrer au sein de la population active.
La génération Z, qui comprend les 75 millions d’Indonésiens nés entre 1997 et 2012, est, actuellement la génération la plus représentée en Indonésie, avec 28 % de sa population totale.
Environ une personne sur cinq de cette génération est sans emploi, ne va pas à l’école ni n’est engagée dans des études ou processus de formation. Selon l’Agence centrale des statistiques d’Indonésie (BPS), 9,9 millions de personnes n’étaient pas engagées dans un processus d’éducation, d’emploi ou de formation (NEET) en 2023, et la plupart d’entre elles appartenait à la génération Z.
Le vice-ministre des finances, Suahasil Nazara, a réagi à cette nouvelle en insistant sur le fait que le gouvernement devait surveiller l’évolution de l’absorption de la main-d’œuvre et les conditions de l’offre et de la demande de main-d’œuvre, bien qu’il n’ait pas donné de détails sur le soutien que recevront les personnes entrant sur le marché du travail.
« Peut-être que le lien n’est pas assez fort pour correspondre à l’industrie », a déclaré le sociologue Imam Prasodjo de l’Université d’Indonésie, faisant référence à l’inadéquation entre l’éducation et les besoins du marché de l’emploi. Il affirme que de nombreux entrepreneurs ont réussi à créer des emplois dans le pays et que leur créativité devraient être encouragées pour continuer de développer de nouveaux métiers qui permettraient d’aider la jeune génération à s’insérer sur le marché du travail.
Les experts préviennent que les pays développés dont la population vieillit, y compris la Chine, connaîtront bientôt un ralentissement de leur croissance économique.
Mais dans une interview accordée à CNBC Indonesia, l’économiste indonésien Raden Pardede estime que l’Indonésie a là une occasion unique de stimuler la productivité tant que cet avantage démographique durerait. D’ici 2040, l’Indonésie entrera elle aussi dans une phase de vieillissement démographique. « À mesure que la nation vieillit, le nombre de personnes productives diminue… à moins qu’il n’y ait des percées technologiques », a‑t-il ajouté.
La génération Z a plus de mal à trouver du travail
Les tendances du marché de l’emploi en Indonésie montrent un déclin inquiétant des opportunités dans le secteur formel, y compris pour les nouveaux diplômés.
Au cours des 15 dernières années, la création d’emplois dans le secteur formel a considérablement diminué, le nombre d’emplois passant de 15,6 millions entre 2009 et 2014 à seulement 2 millions entre 2019 et 2024. Cette situation a contraint de nombreux jeunes à se tourner vers le secteur informel, qui emploie aujourd’hui environ 74 millions de travailleurs, contre 57 millions dans le secteur formel.
Cette évolution a des conséquences importantes sur la stabilité des revenus et la protection de l’emploi.
Les emplois du secteur formel, qui impliquent des travailleurs ayant un contrat de travail avec une structure légale, avec un salaire moyen de 3,1 millions de roupies indonésiennes par mois (193 dollars), offrent une meilleure sécurité et une meilleure protection que le secteur informel, où le revenu moyen est de 1,9 million de roupies (118 dollars) et où les personnes ne bénéficient pas de sécurité sociale complète.
L’institut de recherche IDN a publié un rapport sur la génération Z qui montre que plus de la moitié de cette génération vit et dépend encore financièrement de sa famille, car une « caractéristique notable de cette génération est son revenu personnel relativement limité ou inexistant. »
Tadjuddin Noor Effendi, conférencier à l’université Gadjah Mada, explique que la complexité des procédures d’autorisation et les taxes illégales font partie des facteurs qui dissuadent les entreprises d’investir en Indonésie, exacerbant ainsi le déclin de l’absorption de la main-d’œuvre formelle. Les investissements étrangers ont également été découragés en raison de ces problèmes, ainsi que de l’instabilité des conditions politiques et de la faible qualification de sa main-d’œuvre.
« Il existe des politiques qui rendent les investissements étrangers réticents à entrer en Indonésie, notamment l’obtention de permis qui est assez difficile et prend un à deux ans », a‑t-il expliqué.
La prépondérance du secteur informel pose des problèmes pour le développement de l’Indonésie. Les vendeurs à la sauvette, petits réparateurs domestiques ou automobiles mais aussi d’autres activités qui constituent le secteur informel comme la prostitution et le trafic de drogue échappent aux taxes et impôts du gouvernement.
Dans le même temps, le secteur ne contribue guère à réduire la pauvreté à long terme, leurs revenus couvrant à peine leurs dépenses du quotidien.