Des travailleurs agricoles kényans et malawites sont attendus en Israël pour combler le manque de main d’œuvre causé par la guerre contre le Hamas.
Environ 1 500 fermiers kényans s’envoleront bientôt vers Israël. La décision a été annoncée par le ministère du travail du Kenya ce mercredi. Les employés travailleront sur la base de contrats renouvelables de trois ans, assurant un revenu mensuel net de 1 500 dollars, a précisé le ministère.
Cette annonce intervient près de deux semaines après que le Malawi a envoyé 221 jeunes travailler dans des fermes israéliennes, une décision qui a suscité de nombreuses levées de boucliers dans le pays.
Israël, aux prises avec une importante pénurie de main-d’œuvre agricole, s’est tourné vers l’Afrique pour obtenir de l’aide. Plus de 10 000 travailleurs migrants, principalement originaires de Thaïlande, ont quitté le pays depuis le début du conflit avec le Hamas en octobre. Les travailleurs palestiniens, qui représentent près de 20 % de la main-d’œuvre agricole, sont interdits d’entrée.
Selon l’Organisation Internationale du Travail, 160 000 travailleurs originaires de Cisjordanie ont déjà perdu leur emploi en Israël « en raison des restrictions imposées à l’accès des Palestiniens au marché du travail israélien et des fermetures des points de passage de la Cisjordanie vers Israël et les colonies ».
La pénurie de main-d’œuvre est principalement due aux quelque 360 000 réservistes israéliens appelés au service militaire depuis le début du conflit. Le ministère israélien de l’agriculture déclare avoir besoin de 30 000 à 40 000 travailleurs agricoles.
Des réactions mitigées au Kenya
L’annonce a suscité des réactions mitigées au Kenya, où l’on s’inquiète de la sécurité des travailleurs. Les critiques s’interrogent sur les conditions auxquelles les travailleurs africains peuvent être confrontés en Israël, en se référant à des rapports antérieurs faisant état de pratiques dangereuses et de conditions de vie insalubres.
L’ambassadeur d’Israël au Kenya, Michael Lotem, se veut rassurant quant aux mesures mises en place pour garantir le traitement équitable des travailleurs étrangers. Il affirme que les travailleurs auront la possibilité de déposer des plaintes en cas de problème et que ces plaintes seront traitées rapidement. Toutefois, il est essentiel que ces garanties soient suivies d’actions concrètes pour prévenir toute forme d’exploitation ou de mauvais traitement selon l’ambassadeur.
Les partisans de l’accord soutiennent que celui-ci offre des possibilités d’emploi cruciales dans le contexte de la crise du marché du travail au Kenya.
Le nombre de Kényans sans emploi a doublé au cours d’une décennie de croissance économique alimentée par les infrastructures et l’adoption plus rapide de la technologie, qui a laissé la plus grande économie d’Afrique de l’Est avec le taux de chômage le plus élevé de la région.
Les données de la Banque mondiale montrent que 5,7 % de la main-d’œuvre kényane était sans emploi en 2021, contre 2,8 % lorsque l’administration Jubilee a pris le pouvoir en 2013.