La junte militaire de Birmanie a révoqué la citoyenneté de dirigeants de l’opposition accusés d’avoir fui le pays et d’avoir porté atteinte aux intérêts nationaux.

Le conseil militaire au pouvoir en Birmanie a annoncé la révocation de la citoyenneté des principaux membres du principal groupe de coordination de la résistance au régime militaire.
L’annonce a été faite à la télévision d’État le 4 mars. Elle visait huit membres du Gouvernement d’Union Nationale en exil (NUG) et trois militants de premier plan.
Les onze dirigeants opposés à la junte militaire ne sont plus Birmans car ils auraient fui le pays et porté atteinte aux intérêts de la nation. Les militaires ont également déclaré que « les auteurs d’actes similaires seront identifiés et poursuivis ».
Le NUG se considère comme le pouvoir légitime du pays. Il a été créé par des parlementaires élus qui n’ont pas été autorisés à siéger lorsque les militaires ont pris le pouvoir en février de l’année dernière, évinçant le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi. La résistance au coup militaire a conduit à ce qui s’apparente à une guerre civile selon certains experts de l’ONU.
La plupart des dirigeants du NUG se cacheraient dans des zones frontalières contrôlées par des groupes armés de minorités ethniques qui leur sont favorables, tandis que d’autres opèrent depuis l’étranger. Aung San Suu Kyi, emprisonnée par la junte depuis le coup d’État et récemment condamnée à une peine de prison pour avoir possédé des talkies-walkies et enfreint les règles sanitaires liées au coronavirus, est conseillère d’État du NUG, l’équivalent du poste de premier ministre. Elle ne fait pas partie des membres privés de citoyenneté.
« La privation de la citoyenneté des membres du Cabinet par une junte militaire terroriste n’est qu’une blague. Rien ne peut arrêter notre amour pour notre pays ». le ministre des droits de l’homme du NUG Aung Myo Min a réagi sur Twitter. Ciblé par la décision de la junte, il considère que cette annonce est illégale, arguant que le conseil militaire n’est pas le gouvernement légitime.
Le ministre voyagait en Europe pour chercher du soutien au mouvement de résistance.
Zin Mar Aung, ministre des affaires étrangères du groupe, également privé de sa citoyenneté, estime qu” »ils n’ont pas le droit de retirer la citoyenneté aux gens ». « Ce n’est pas parce que des putschistes se faisant passer pour un gouvernement me retirent ma citoyenneté que j’aime moins le Myanmar. »
Ils sont également accusés de haute trahison, passible de la peine de mort, et d’autres crimes politiques.
Parmi les trois militants considérés comme apatrides par la junte figure l’un des leaders d’un soulèvement manqué en 1988 contre une dictature militaire précédente.
Au Myanmar, la plupart des Rohingyas sont également privés de la citoyenneté birmane. Ils sont considérés comme des « étrangers résidents » et la plupart sont apatrides. En 2017, pendant un intervalle démocratique, le génocide des Rohingyas perpétré par les militaires birmans a tué plus de 25 000 personnes et a forcé des centaines de milliers d’entre eux à fuir le pays. Aung San Suu Kyi, dirigeante du pays à l’époque, a été critiquée sur la scène internationale pour son manque d’actions contre les forces militaires qui l’ont ensuite démise de ses fonctions.