Song Young-gil, chef du parti au pouvoir en Corée du Sud, a été agressé lors d’un rassemblement quelques jours avant l’élection présidentielle marquée par une campagne âpre.

Song Young-gil a été agressé le 7 mars lors d’un meeting en faveur du candidat de son parti à la présidence de la Corée du Sud, quelques jours avant les élections présidentielles du pays.
L’agresseur, âgé d’environ 70 ans, s’est approché derrière Song et l’a frappé à plusieurs reprises avec ce qui semblait être un marteau enveloppé dans un sac en plastique avant d’être maîtrisé par des personnes se trouvant à proximité, selon des vidéos prises par des témoins et publiées sur les médias sociaux.
Song Young-gil est le président du Parti démocratique, au pouvoir en Corée du Sud. Lee Jae-myung, ancien gouverneur de la province de Gyeonggi, est le candidat du Parti démocrate à l’élection présidentielle qui aura lieu le 9 mars.
Song Young-gil a reçu quatre à cinq points de suture mais semble ne pas avoir été blessé plus sérieusement. Sur sa page Facebook, Song a écrit « c’est supportable » quelques heures après l’attaque. Un responsable de la police métropolitaine de Séoul a déclaré que des agents interrogeaient l’agresseur.
Le parti a publié une déclaration dans laquelle il condamne fermement l’attaque contre Song, qualifiant de tels actes de « menace grave pour la démocratie ».
Yoon Suk Yeol, candidat d’opposition conservateur qui s’est engagé dans une course au coude-à-coude avec Lee Jae-myung avant le vote de mercredi, a publié une déclaration sur Facebook dans laquelle il souhaite un prompt rétablissement de Song. « Toute action violente qui perturbe une élection ne peut être justifiée », a déclaré Yoon.
Cette attaque est le dernier événement d’une campagne présidentielle dure qui a mis en évidence le clivage politique de la Corée. Les enquêtes d’opinion montrent que les deux candidats ont plus de détracteurs que de partisans.
Le pays est divisé par des rivalités régionales sud-coréennes, des divergences sur la question de la Corée du Nord, un conflit de générations, des inégalités économiques et les questions relatives aux droits des femmes.
En pleine pandémie de COVID-19 impactant son économie, la Corée du Sud est tiraillé entre les États-Unis et la Chine, le premier étant son principal allié et la seconde son principal partenaire commercial, tout en faisant face aux menaces de la Corée du Nord avec ses tests de missile.
Le parti conservateur plaide en faveur d’une alliance plus forte avec les États-Unis et d’une ligne plus dure à l’égard de la Corée du Nord, tout en reconnaissant que les anciens dirigeants autoritaires du pays ont rapidement relevé l’économie après la guerre de Corée. Le parti démocrate est critique à l’égard des anciens dirigeants autoritaires sur le respect des droits de l’homme, souhaite un rapprochement avec la Corée du Nord et un rééquilibrage dans les relations avec les États-Unis.
Des candidats au coude-à-coude dans une campagne aux discours toxiques
Les deux candidats se présentent à la présidence dans une élection au résultat incertain. La campagne présidentielle a également connu des niveaux sans précédent de discours nauséabonds et de poursuites judiciaires alors que le vote anticipé présente déjà des irrégularités.
Yoon a critiqué Lee pour ses liens supposés au scandale d’un programme d’aménagement corrompu, ce que Lee a nié. De son côté, Lee a tenté de lier Yoon à ce même scandale et l’a critiqué pour ses liens présumés avec le chamanisme.
Des attaques ont également été lancées contre les épouses des candidats, qui ont toutes deux été contraintes de présenter des excuses à la suite de scandales distincts.
« Hitler », « Mussolini », « parasite », « bête », « dictateur » sont quelques-uns des mots employés pour décrire son adversaire pendant la campagne.
« L’élection présidentielle a été bien plus envahie par une campagne de destruction que lors des élections précédentes, et la haine mutuelle ne s’estompera pas facilement après l’élection », a déclaré Choi Jin, directeur de l’Institute of Presidential Leadership basé à Séoul.
Leurs équipes de campagne respectives et leurs partisans ont intenté des dizaines de procès pour diffamation et diffusion de fausses informations.
Les profondes divisions de la Corée du Sud se reflètent dans les difficultés des trois derniers dirigeants. Ils ont été soumis à d’intenses enquêtes pour des soupçons corruption après avoir quitté leur fonction. Une enquête sur sa famille a même poussé l’ancien président libéral Roh Moo-hyun à se suicider en 2009, un an après avoir quitté l’exécutif.
Lors d’un récent débat télévisé, Yoon et Lee ont accepté de ne pas lancer d’enquêtes à caractère politique contre l’autre camp s’ils gagnent. Mais certains mettent en doute leur sincérité. Il y a de nombreuses rumeurs sur le fait que le perdant sera arrêté.
« La campagne électorale est désormais comme dans “Squid Game”, mais il appartiendra au nouveau président de nous sortir de là », a déclaré Cho Jinman, professeur à l’université de Duksung à Séoul.