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La Russie mêle les sanctions de la guerre en Ukraine à l’accord sur le programme nucléaire iranien

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7 mars 2022

Alors que les discussions avec l’Iran sur son programme nucléaire étaient proches d’un accord, la Russie veut s’assurer que les sanctions contre son invasion de l’Ukraine n’affecteront pas son partenariat avec l’Iran.

Sergey Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères
Sergey Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères

Le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a déclaré le 5 mars qu’il souhaitait obtenir des « garanties« que les sanctions prises à l’encontre de la Russie pour son invasion de l’Ukraine « n’affecteront en aucune façon les relations commerciales, économiques et d’investissement contenues dans l’accord sur le programme nucléaire iranien », selon l’agence de presse russe Tass.

Les négociations à Vienne étaient sur le point d’aboutir à un accord potentiel entre les puissances mondiales et l’Iran sur son programme nucléaire, mais le récent commentaire du ministre russe des Affaires étrangères pose un nouveau défi pour trouver un terrain d’entente.

En 2015, l’Iran a accepté de limiter drastiquement son enrichissement d’uranium en échange de la levée des sanctions économiques. Mais en 2018, Donald Trump s’est unilatéralement retiré de l’accord, déclenchant des années de tensions avec le Moyen-Orient.

La Chine, la Russie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France font partie des discussions à Vienne sur un nouvel accord nucléaire avec l’Iran.

Jeudi dernier, le représentant russe à Vienne, Mikhail Ulyanov, a pourtant tweeté que les négociations étaient « presque terminés » après 11 mois d’un « marathon long et éreintant ».

« Les points de divergences sont plus petits que les doigts de la main – si personne n’ajoute de nouveau problème », a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh.« Jusqu’à présent, la Russie a fait preuve d’une approche constructive pour parvenir à un accord collectif à Vienne et nous analysons leur déclaration », a‑t-il ajouté. « Nous allons attendre qu’ils nous donnent plus de détails à Vienne. »

Du fait que les États-Unis et de nombreux autres pays ont imposé des sanctions économiques à la Russie après son invasion de l’Ukraine, cette requête ajoute un paramètre supplémentaire dans les discussions ce qui pourrait retarder un accord entre les parties.

« Nous évaluons les nouveaux éléments qui pèsent sur les négociations et chercherons en conséquence des moyens créatifs pour aboutir à une solution », a tweeté lundi Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien. Il a estimé que « les participants de Vienne agissent et réagissent en fonction de leurs intérêts, ce qui est compréhensible ».

Khatibzadeh a également estimé que la « coopération nucléaire pacifique » entre la Chine, l’Iran et la Russie ne devrait pas être limitée par des sanctions. Lavrov veut des garanties que les sanctions n’affecteront pas leur « coopération commerciale, économique, financière, militaire et technique avec l’Iran ».

Mais le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, adopte une position plus ferme que celle de Shamkhani, affirmant que le pays ne laissera « aucun agent étranger porter atteinte à ses intérêts nationaux », ont rapporté lundi les médias d’État iraniens. Plus tard, lors d’un appel téléphonique avec son homologue iranien, Lavrov a affirmé que l’accord ne devait pas faire de discrimination entre les parties.

Le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a réagi dimanche en déclarant que les exigences de la Russie n’étaient « pas pertinentes », car l’accord nucléaire et les sanctions imposées à Moscou en raison de la guerre en Ukraine sont « totalement différents ».

À ce jour, Téhéran enrichit l’uranium jusqu’à un taux de 60 %, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant et n’est plus qu’à un pas d’atteindre les 90 % nécessaires pour la fabrication d’armes nucléaires. Ce taux est également bien supérieur au plafond de 3,67 % prévu dans l’accord nucléaire de 2015. Le stock d’uranium enrichi de l’Iran continue également de croître, ce qui inquiète les experts de la non-prolifération nucléaire, qui craignent que l’Iran ne se rapproche du seuil où il disposerait de suffisamment de matière pour fabriquer une arme atomique s’il décidait d’en fabriquer une.

La France, qui participe aux pourparlers de Vienne et s’entretient régulièrement avec la Russie sur la guerre en Ukraine, ne souhaite pas avoir recours au chantage sur l’accord nucléaire.

« Sortir de l’accord était l’une des pires erreurs commises ces dernières années. Elle a libéré l’ensemble du programme nucléaire iranien que nous avions restreint », M. Blinken a déclaré au talk-show Face the Nation de CBS. Donc s’il y a un moyen de revenir à une mise en œuvre efficace de cet accord, il est dans notre intérêt de le faire et nous y travaillons en ce moment même. C’est également dans l’intérêt de la Russie. »

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Newsendip avec AP

Articles écrits par la rédaction de Newsendip avec l'aide de l'agence de presse Associated Press