Le Chili a annulé un contrat avec le consortium d’entreprises sino-allemand composé d’Aisino et de Mühlbauer en raison de problèmes de sécurité des données, mais aussi pour rester dans le programme d’exemption de visa avec les États-Unis.
Le 15 novembre, le service de l’état civil et de l’identification du Chili a annoncé qu’il annulait un marché public remporté par la société chinoise Aisino pour la création des documents d’identité des Chiliens.
L’administration chilienne avait lancé un appel d’offres en juillet afin de réduire les coûts de renouvellement des passeports et des documents d’identité. Un passeport au Chili coûte 90 000 pesos (107 dollars), « l’un des tarifs les plus élevés au monde » pour la population selon l’administration.
Le mois dernier, le consortium Aisino-Mühlbauer a été sélectionné pour créer les nouveaux documents pour les dix prochaines années.
Préoccupations concernant la protection des données avec Aisino
Aisino est l’une des plus grandes entreprises technologiques chinoises et détient 52 % des parts du consortium qui avait remporté le marché.
Le contrat s’élevait à 205 millions de dollars pour les dix prochaines années, soit bien moins que les 680 millions de dollars prévus par le Chili dans le contrat précédent, ce qui permettrait aux Chiliens de bientôt renouveler leur passeport pour la moitié du coût actuel et bénéficier d’une baisse de 20 % du prix pour la création d’une carte d’identité.
Aisino devait être chargé de fournir le logiciel et le matériel, tandis que Mühlbauer interviendrait dans la fabrication des documents.
Mais selon l’administration chilienne, Aisino a refusé de fournir des informations de base avant de signer le contrat lorsqu’elle a constaté quelques « incohérences ». Selon l’administration, Aisino a considéré cette demande comme « injuste ».
Des politiques du parti d’opposition avaient critiqué le choix des entreprises, craignant pour la protection des données personnelles des Chiliens.
Le porte-parole du gouvernement, Jaime Bellolio, a confirmé que certaines des raisons de l’annulation de l’accord étaient liées à des problèmes de sécurité des données.
L’annulation de l’accord pour rester dans le programme américain d’exemption de visa
En outre, le ministère des affaires étrangères a confirmé que la signature du contrat entraînerait « très probablement » la fin du programme d’exemption de visa avec les États-Unis et le Canada.
Moreover, the ministry of Foreign Affairs confirmed that signing the contract would « very likely » cause the termination of the Visa Waiver program with the United States, as well as with Canada.
Quelques jours après l’annonce du contrat, une délégation composées de membres du département de la sécurité intérieure et du département d’État américain s’est rendue au Chili pour évaluer l’éligibilité du pays au programme d’exemption de visa.
Cette évaluation, effectuée pour tous les pays, fut l’occasion de « discuter en détail les plus grandes sources de préoccupation pour la délégation », sans préciser s’il avait été question du contrat remporté par Aisino-Mühlbauer.
Le programme d’exemption de visa permet aux Chiliens de se rendre aux États-Unis pour une durée maximale de 90 jours grâce à un système électronique d’autorisation de voyage (ESTA). Cette procédure, plus pratique, plus rapide (moins de 72h) et moins chère (14 dollars) que la demande d’un visa est accordée par les États-Unis à 40 pays. Et le Chili est le seul pays américain de la liste (le Canada et le Mexique ont des procédures simplifiées différentes).
Depuis la participation du Chili au programme en 2014, le nombre de Chiliens qui se rend aux États-Unis pour le travail, le tourisme ou en escale transit a été multipliés par quatre.
Par conséquent, le service d’état civil et d’identification du Chili a annulé l’accord pour ne pas mettre en péril le programme d’exemption de visa avec les États-Unis.
Une décision commerciale avec des implications politiques ?
Mais selon le journal El Mercurio, Aisino estime être victime « d’attaques orchestrées par des concurrents, des parlementaires et d’anciennes autorités ». L’entreprise explique que « des intérêts et des critères non techniques semblent avoir prévalu » dans la décision, sous-entendant une pression politique venant des États-Unis.
Le consortium Aisino-Mühlbauer prévoit de faire appel de la décision « auprès de toutes les entités juridiques nationales et internationales compétentes ».
Aisino a contacté l’ambassadeur du Chili en Chine, tandis que l’ambassadeur chinois au Chili a fait part de son étonnement quant à l’annulation d’un contrat déjà conclu à cause d’intérêts de tiers.
Au Chili, certains s’inquiètent des conséquences politiques que cette décision pourrait avoir sur le pays. Ou comment une décision commerciale sur la création de documents d’identité des économies de dépenses est devenue une question politique.