Le ministre zimbabwéen reçoit le prix du meilleur ministre africain des finances…en pleine crise économique

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12 décembre 2023

Le Professeur Mthuli Ncube a reçu le prix du « meilleur ministre africain des finances » lors d’une cérémonie qui s’est déroulée en Angleterre les 8 et 9 décembre, alors que le pays fait face à une période de grandes difficultés économiques.

Professeur Mthuli Ncube, ministre des Finances du Zimbabwe
Professeur Mthuli Ncube, ministre des Finances du Zimbabwe | © Brookings Institution, 2022

Le ministre zimbabwéen des Finances, du Développement économique et de la Promotion des investissements, le professeur Mthuli Ncube, a été élu « meilleur ministre africain des finances » parmi 100 autres personnalités lors de la cérémonie des Reputable Banks and Fintech Awards.

La remise de prix, organisée par Global Reputation Forum, est née d’une initiative de Reputation Poll International, une société de gestion mondiale connue pour établir la liste des 100 personnalités les plus réputées, des 100 Africains les plus réputés et des 50 PDG de banque les plus réputés.

L’événement annuel, qui offre une plateforme aux startups fintech et aux institutions bancaires établies pour présenter leurs dernières innovations, réunit également des experts des secteurs financier et technologique au Marriott County Hall de Londres.

Lors de la cérémonie, le président de Reputation Poll International, Lord John Waverly, a déclaré : « Dans le paysage financier actuel en constante évolution, la convergence de la technologie et des banques a donné naissance à une nouvelle ère de défis en matière de gestion financière. Le ministre zimbabwéen, avec un budget serré, a réussi à lutter contre la pandémie de Covid-19, » selon le média public zimbabwéen The Herald.

« Quelle blague ! »

Toutefois, de nombreux zimbabwéens ne partagent pas cet avis. Le journaliste primé Hopewell Chin’ono a notamment fait part de son mécontentement sur la plateforme X expliquant que « le ministre des Finances du Zimbabwe, qui gère la pire économie du monde en termes de taux d’inflation, est nommé meilleur ministre des Finances d’Afrique. Il s’avère que l’organisation qui lui a décerné ce prix est aussi bidon que son économie. »

Steve Hanke, professeur d’économie renommé à l’université John Hopkins, a quant à lui déclaré : « Le ministre des finances du Zimbabwe, Mthuli Ncube, a été désigné « meilleur ministre des finances africain de l’année ». Quelle blague ! Aujourd’hui, je mesure avec précision que l’inflation au Zimbabwe est de 943 % par an. C’est le taux le plus élevé au monde. »

Un récent article de Bloomberg fait état d’une augmentation des prix à la consommation de 21,6 % en novembre par rapport au mois précédent, contre 17,8 % un mois plus tôt, selon des données rapportées par l’Agence nationale des statistiques du Zimbabwe. Une augmentation de 2 dollars américains par kilowattheure sur les tarifs de l’électricité en novembre a probablement contribué à cette hausse.

L’économie du Zimbabwe est en difficulté depuis des décennies. Le dollar zimbabwéen a été retiré en 2009 après que l’inflation a atteint le chiffre stupéfiant de 231 millions pourcent. Les critiques accusent la mauvaise gestion du parti au pouvoir, la Zanu-PF, d’abord sous Robert Mugabe, puis sous M. Mnangagwa. Les sanctions imposées par les pays occidentaux sont également mises en cause.

Selon les données de la Banque Mondiale, bien que l’extrême pauvreté ait diminué depuis le pic atteint en 2020 au Zimbabwe, elle reste élevée dans le contexte d’une production agricole cyclique et des prix alimentaires en hausse.

L’inflation persistante, la forte dépendance à l’égard d’une agriculture peu productive, la lenteur de la transformation structurelle et les chocs intermittents tels que la sécheresse, les catastrophes naturelles et la pandémie de Covid-19 ont contribué au taux élevé de pauvreté et de vulnérabilité au Zimbabwe. La dette élevée du pays continue de limiter la marge de manœuvre budgétaire et le potentiel de croissance du pays.

Julie Carballo

Julie Carballo est correspondante pour Newsendip.

Auparavant, elle a notamment travaillé pour Le Figaro et au bureau de Rome pour l'AFP.