La Chambre des députés du Brésil a approuvé le texte principal d’un projet de loi légalisant les jeux d’argent. Mais les législateurs n’étaient pas d’accord sur la loi, même au sein de leurs propres partis politiques.
La Chambre des députés du Brésil a approuvé le 24 février un projet de loi qui légalise les jeux d’argent dans le pays. Il divise les politiques des mêmes partis et Jair Bolsonaro pourrait y opposer son veto.
Le projet de loi abrogerait une loi fédérale de 1946 qui interdit les jeux d’argent au Brésil. Selon la loi actuelle, ces jeux sont considérés comme un délit et les contrevenants s’exposent à une amende et à une peine de trois à douze mois de prison.
Le texte a été voté par 246 députés pour, 202 contre et avec 3 abstentions. Le projet de loi va maintenant passer au Sénat après que la chambre basse a analysé certains amendements de la proposition.
Mais les législateurs sont jusqu’à présent favorables à la légalisation des jeux d’argent, des paris sur les courses de chevaux, des casinos, des maisons de bingo et des paris en ligne. Le jogo do bicho, une loterie avec des animaux très populaire au Brésil, serait également autorisé. Actuellement interdit presque partout dans le pays, le jogo do bicho, qui signifie jeu d’animaux en brésilien, se joue pourtant dans tout le Brésil depuis des décennies.
Les députés qui ont approuvé le projet de loi voient dans les jeux d’argent une opportunité commerciale, qui permet de collecter des impôts et d’encadrer par la loi des activités qui sont déjà menées illégalement. Ceux qui s’y sont opposés s’inquiètent des risques de dépendance, de corruption et de blanchiment d’argent associés aux jeux d’argent.
Et la division entre les législateurs va au-delà des traditionnels débat entre partis de la coalition au pouvoir et opposition. Ceux proches des cercles religieux ont fortement rejeté la légalisation des jeux d’argent.
Le rapporteur du projet de loi, Felipe Carreras, est issu du parti socialiste brésilien, membre de l’opposition. Pourtant, Alessandro Molon, du même parti et leader de l’opposition à la Chambre des députés, est contre la loi.
Le président Jair Bolsonaro est également contre ce projet de loi et pourrait opposer son veto.
Si la loi passe toutes les étapes du processus législatif, les casinos pourront fonctionner avec des licences et devront être intégrés dans des installations de loisirs telles que des centres de villégiature, des restaurants, des centres commerciaux, des hôtels ou des bateaux de croisière. Les licences, de 1 à 3, seraient accordées en fonction de la taille de la population de chaque État brésilien où il serait situé.
Selon les estimations de Felipe Carreras, les jeux illégaux au Brésil génèrent plus de 27 milliards de reais (5,26 milliards de dollars) chaque année, soit 60 % de plus que le marché de 17 milliards de reais des jeux d’argent officiels comme la loterie nationale.
Carreras a également justifié que la légalisation des jeux d’argent pourrait créer 200 000 nouveaux emplois et rendre légaux 450 000 emplois actuellement exercés de manière informelle.
Une taxe permettrait de collecter 17% des revenus des entreprises opérant dans le secteur des jeux d’argent, qui seraient redistribués dans divers domaines comme le tourisme, le sport et la culture.