En juillet, la Norvège a refusé d’allouer une subvention à la Hongrie. Par conséquent, Viktor Orbán aurait bloqué une déclaration commune du Conseil de l’Espace économique européen afin de les contrarier.
Le journal hongrois Népszav a rapporté que la Hongrie voulait empêcher l’Espace Économique Européen (EEE) d’adopter une déclaration commune à l’issue du Conseil du 24 novembre.
Et pour la première fois en 27 ans, une déclaration commune n’a pas été adoptée à l’issue de cette réunion biannuelle.
« Bien qu’il n’ait malheureusement pas été possible d’adopter des conclusions formelles du Conseil de l’EEE lors de la réunion d’aujourd’hui, nous soulignons le bon fonctionnement de l’EEE », a brièvement mentionné la déclaration de l’EEE-AELE.
Les conséquences sont assez limitées puisqu’il n’y avait aucune résolution ou décision en jeu.
Mais la raison cachée, telle que rapportée par les médias hongrois, remonte au moment où la Norvège a décidé de ne pas allouer 214,6 millions d’euros dans le cadre d’une subvention à la Hongrie.
Le Conseil de l’EEE est présidé par Anniken Huitfeldt, la ministre des affaires étrangères de Norvège.
L’Espace économique européen se compose des États membres de l’Union européenne et de trois autres pays membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE) : l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège. Il vise à renforcer les relations commerciales et économiques et la libre circulation des marchandises entre les membres.
Dans le cadre de leur coopération avec l’Union Européenne, la Norvège, le Liechtenstein et l’Islande contribuent à réduire les disparités sociales et économiques dans 15 pays de l’UE grâce aux Subventions EEE et Norvège.
La Norvège finance 96 % des fonds des subventions.
La Hongrie et la Norvège ne sont pas d’accord sur la répartition de 5 % de la subvention
Pour la période 2014–2021, 2,8 milliards d’euros ont ainsi été provisionnés pour des projets autour du changement climatique, de l’éducation, de l’inclusion sociale, etc.
Mais en juillet 2021, un désaccord entre la Norvège et la Hongrie a conduit à l’annulation de 215 millions d’euros dédiés à la Hongrie. Pourtant, les deux pays avaient signé un accord de coopération en décembre 2020 après de longues négociations sur ces fonds.
En fait, la Norvège a spécifiquement exigé que l’argent soit géré par des organisations totalement indépendantes des autorités nationales et gouvernementales.
La discorde porte spécifiquement sur l’organisation chargée de la coordination et de la distribution des 10 millions d’euros dédiés à la société civile, au soutien des groupes vulnérables et à la promotion des droits des minorités.
La Hongrie a refusé l’organisation ayant remporté le marché public.
Juillet 2021 était le dernier délai pour trouver un accord et la Hongrie a fini par perdre la totalité de la subvention. Sauf que pour le gouvernement hongrois la Norvège s’est déjà engagée et lui doit l’argent.
Ökotárs Alapítvány dans une liste d’organisations indésirables en Hongrie
Viktor Orbán a tenté sans succès d’avoir la Croix-Rouge hongroise qui gère l’argent dédié à la société civile en tant qu’organisation indépendante.
Mais l’organisation au cœur du litige était surtout Ökotárs Alapítvány. Cette fondation hongroise pour le partenariat environnemental est une organisation issue de la société civile qui « vise à contribuer au développement d’une société démocratique, durable et équitable ».
En 2014, le bureau de Viktor Orbán avait inclus Ökotárs Alapítvány dans une liste de 13 organisations de la société civile travaillant sur les droits de l’homme, la lutte contre la corruption, l’égalité des sexes ou des LGBTI, les considérant comme problématiques ou indésirables.
Par ailleurs, en 2017, la Hongrie a adopté la loi sur la transparence des organisations soutenues depuis l’étranger. Elle a contraint les associations et fondations hongroises recevant des fonds de sources étrangères à être déclarées et identifiées publiquement en tant qu” »organisation soutenue depuis l’étranger », et à se conformer à des réglementations et des comptes-rendus plus stricts pour ne pas risquer de sanctions.
Les organisations intergouvernementales et de la société civile ont perçu cette loi, la première de ce type en Europe, comme un obstacle majeur à leurs activités.
Rumeurs de représailles politiques contre la Norvège
Suite à la décision de la Norvège, Viktor Orbán a cherché à se venger.
Le fait de ne pas adopter les conclusions officielles du Conseil de l’EEE, qui doivent être approuvées à l’unanimité, aurait alors été une manœuvre de la Hongrie.
Mais cela n’a pas beaucoup d’impact. Présidé par le ministre norvégien des affaires étrangères, le Conseil de l’EEE s’est contenté d’évaluer son fonctionnement général et de tenir un débat sur l’orientation de la politique industrielle de l’UE.
Toutefois, les médias hongrois s’attendent à d’autres gestes de Viktor Orbán comme une forme de représailles contre le Royaume de Norvège.
Le timing pourrait néanmoins ne pas être idéal puisque les négociations sur les Subventions EEE et Norvège 2021–2027 ont déjà commencé.