Le taux de fécondité de l’Inde n’a jamais été aussi bas et se situe pour la première fois sous le seuil de renouvellement des générations. Cela indique que la taille de la population indienne va décroître, mais pas à court terme.
Le 24 novembre, le ministère indien de la Santé et de la Famille a partagé les résultats de son enquête nationale sur la santé des familles 2019–21 détaillant des indicateurs clés sur sa population.
Il en ressort notamment que le taux de fécondité en Inde a encore diminué, passant de 2,2 en 2015 à 2,0 en 2021. Cette estimation, basée sur une enquête auprès de 700 000 femmes dans le pays, est inférieure au seuil de remplacement des générations.
Ce taux de fécondité est désormais proche de celui des pays industrialisés. Mais cela signifie également que l’Inde est passée sous le seuil de remplacement établi à 2,1 enfants par femme en moyenne.
Et c’est la première fois que l’Inde s’avère ne pas avoir assez d’enfants pour renouveler sa population depuis qu’elle suit l’évolution des taux de fécondité.
Les femmes urbaines indiennes sont à l’origine de la baisse du taux de fécondité
Le taux de fécondité reste à 2,1 dans les zones rurales, mais les femmes urbaines ne devraient avoir en moyenne que 1,6 enfant au cours de leur vie.
De plus, la maternité chez les jeunes femmes diminue. Et c’est d’autant plus significatif que près de la moitié de la population indienne a moins de 25 ans.
Le nombre de femmes âgées de 15 à 19 ans qui étaient enceintes ou déjà mères au moment de l’enquête ont diminué de 7,9% à 6,8%. La disparité entre les femmes vivant dans les zones rurales et urbaines est très forte.
Près de 8% des femmes âgées de 15 à 19 ans interrogées étaient enceintes ou déjà mères dans les zones rurales alors que la proportion n’était que de 3,8% dans les villes.
Et la différence se voit aussi avec les 27 naissances pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans dans les villes, contre 49 naissances pour 1 000 adolescentes dans les zones rurales. Au niveau national, le taux de fécondité des adolescentes a diminué, passant de 51 naissances pour 1 000 femmes de 15 à 19 ans à 43 pour 1 000 en 2016.
L’une des raisons de la baisse du taux de fécondité des adolescentes est l’augmentation générale de l’utilisation de méthodes contraceptives ou du planning familial.
En Inde, 67% des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans utilisent désormais une méthode de planification familiale, contre 54% il y a cinq ans.
L’utilisation du préservatif a presque doublé, passant de 5,6 % à 9,5 %.
Le taux de fécondité de l’Inde comme indication de sa future structure démographique
Les dernières statistiques signifient que le nombre d’Indiens est susceptible de diminuer. Mais cela n’arrivera pas tout de suite.
Tout d’abord, l’Inde utilise une enquête pour calculer le taux de fécondité, ce qui peut être en décalage avec la réalité.
Un taux de fécondité inférieur au seuil de remplacement est une indication de la capacité d’un pays à renouveler sa génération et sur la potentielle augmentation de la population. Mais la taille future de la population est aussi le résultat d’autres facteurs et il peut s’écouler plusieurs années avant qu’une modification du taux de fécondité ne se matérialise dans la population.
Le taux de fécondité est le nombre moyen d’enfants qu’une femme aurait potentiellement tout au long de sa vie. C’est en revanche différent du taux de natalité qui est utilisé pour calculer la croissance réelle de la population.
La mortalité infantile est un facteur important à prendre en compte.
En Inde, le nombre de naissance est peut-être moins nombreux, mais les bébés ont aussi plus de chances de grandir. En effet, le taux de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans s’est amélioré, passant de 49,7 décès pour 1 000 naissances en 2015–2016 à 41,9 en 2019–2021.
Ainsi, une baisse du taux de fécondité devient partiellement compensée par une baisse de la mortalité infantile. De plus, la mortalité infantile reste élevée en Inde et peut encore être améliorée en comparaison aux pays développés.
La population indienne devrait diminuer en 2055
Par ailleurs, l’espérance de vie en Inde a également augmenté. Elle peut donc compenser en partie la baisse du taux de fécondité et ses conséquences sur la population totale.
À mesure que le taux de fécondité diminue et que l’espérance de vie augmente, la pyramide des âges montrera une Inde plus âgée tandis que sa population est encore très jeune.
En 2019, l’espérance de vie à la naissance était de 69,6 ans en Inde, bien inférieure à la moyenne mondiale de 72,7 ans.
En 2020, 1,38 milliard de personnes vivaient en Inde. En 1970, l’Inde comptait 555 millions d’habitants.
Et la population va donc encore augmenter, mais à un rythme plus lent que depuis le début des années 80. Les Nations unies prévoient que la population de l’Inde ne commencera à diminuer que vers 2055–2060.
Mais plus le taux de fécondité est faible, plus la population est susceptible de diminuer rapidement.