Alors que la pandémie COVID-19 joue sur la santé mentale des jeunes Autrichiens, le gouvernement consacre 13 millions d’euros à un programme de 15 mois visant à faciliter l’accès à une thérapie.
Le programme « La santé au-delà de la crise » débutera fin mars 2022 avec pour objectif d’aider les enfants et les jeunes à faire face aux problèmes de santé mentale résultant de la pandémie de COVID-19.
Le ministre de la santé, le ministre de l’éducation et la secrétaire d’État à la jeunesse ont présenté cette initiative le 18 février. Le paquet de mesures a été voté par le Conseil des ministres en juillet de l’année dernière.
« Plus de la moitié des jeunes Autrichiens luttent contre des symptômes dépressifs, 6 sur 10 ont des troubles alimentaires, 47 % souffrent de troubles du sommeil, 16 % ont des pensées suicidaires répétées », a déclaré Claudia Plakolm, 27 ans et secrétaire d’État autrichienne à la jeunesse, lors d’une conférence de presse.
Compte tenu de la situation particulièrement difficile pendant la pandémie de COVID-19, l’Autriche a décidé de dépenser 13 millions d’euros pour améliorer l’accès de ses jeunes aux thérapies de santé mentale.
Le programme s’adresse à toutes les personnes de moins de 21 ans. Il soutiendra également jusqu’à 7 500 garçons et filles particulièrement stressés par la crise du COVID-19 en leur offrant 15 heures d’aide par le biais de séances individuelles ou collectives.
Il y a 1,8 million de personnes âgées de moins de 21 ans en Autriche, selon les dernières données officielles de 2019.
Une partie des fonds ira aux psychologues et psychothérapeutes afin qu’ils offrent un accès rapide et gratuit à des conseils.
« Une goutte dans l’océan » des problèmes de santé mentale
Différents praticiens de la santé mentale, comme les pédiatres, les psychologues scolaires, les services de protection de la jeunesse agiront en tant que facilitateurs et référents. Une ligne d’assistance téléphonique renverra également vers les centres de conseil et de traitement appropriés pour une première consultation gratuite.
L’objectif est de créer une sorte de guichet unique pour toutes les consultations initiales avant une thérapie à proprement parler. « Nous soulageons les jeunes et leurs familles du poids de la bureaucratie », a déclaré Claudia Plakolm.
Eva-Maria Holzleitner, du parti social-démocrate, reconnaît que « mieux vaut tard que jamais ». Mais elle demande aussi de « se rendre compte que l’aide économique est versée deux ans après le début de la pandémie » ce qui atteste selon elle du manque de considération du gouvernement pour les jeunes.
Le porte-parole du Parti de la liberté d’Autriche, parti nationaliste de droite, Michael Schnedlitz, estime que les restrictions « excessives et erronées » mises en place par le gouvernement pour le COVID-19 ont rendu leurs enfants malades. Il a demandé à ce que toutes les restrictions et mesures concernant les jeunes soient levées immédiatement.
Pour Yannick Shetty, du parti Nouvelle Autriche et Forum libéral, « la santé mentale ne doit pas être un projet de financement ponctuel ».
« L’accès facile aux services de santé mentale est certainement une amélioration. Mais au vu de l’immense stress que les enfants et les jeunes ont subi ces dernières années, ces mesures restent une goutte d’eau dans l’océan », déclare Christian Moser, directeur général de SOS Villages d’enfants. L’organisation à but non lucratif estime qu’il manque en Autriche 70 000 établissements de soins proposant des thérapies de santé mentale.
Le projet débutera fin mars 2022 et s’achèvera fin juin 2023.