Des études environnementales à Singapour doivent commencer l’année prochaine sur le projet d’une mégastructure artificielle d’une nouvelle « Long Island » pour lutter contre la montée du niveau de la mer. Des voix s’élèvent contre la perte d’activités sportives et récréatives nautiques.
Le gouvernement singapourien a annoncé qu’il envisageait de construire de nouvelles îles artificielles sur sa côte est afin de protéger les zones sous le niveau de la mer des effets de la montée du niveau des eaux.
Les études d’ingénierie et d’impact environnemental pour ce projet de « Long Island », du nom de l’île américaine – formée naturellement – où sont bâtis notamment les quartiers new-yorkais de Brooklyn et du Queens, devraient commencer l’année prochaine et prendront cinq ans pour être achevées.
Une fois les études terminées, le public sera consulté sur la conception et le plan directeur des 800 hectares de terres récupérées, soit la taille de 1 142 terrains de football. Si le projet aboutit, l’île aurait deux fois la superficie de l’acuelle Marina Bay, l’embouchure historique et le coeur de Singapore, et transformerait le parc East Coast Park, qui borde la mer, en un réservoir d’eau douce.
L’annonce de cette semaine a été faite par Desmond Lee, le ministre du Développement national de la cité-État, alors qu’il plantait un arbre sur le site d’un nouveau sentier de randonnée de 15 kilomètres qui traversera toute la longueur du parc. « Ils pourraient construire des maisons, créer des emplois, développer des services et des équipements dont ils ont besoin, et ajouter environ 20 kilomètres de nouveaux parcs côtiers et de réservoir, dans le prolongement de l’actuel East Coast Park, » a déclaré Lee en discutant du plan proposé. « Cela triplerait la longueur de la zone côtière existante le long du East Coast Park d’aujourd’hui. »
Les préoccupations concernant les niveaux croissants de la mer à Singapour en raison du changement climatique ont été soulevées pour la première fois par le Premier ministre Lee Hsien Loong en 2019 lorsqu’il a averti que les défenses côtières pourraient coûter 100 milliards de dollars singapouriens (69 milliards d’euros) ou plus au cours des 100 prochaines années.
Actuellement, un tiers de Singapour se trouve à moins de cinq mètres au-dessus du niveau de la mer. Plus tôt cette année, de vastes zones du plus grand parc de la ville ont été inondées en raison des pluies et des marées hautes. De tels événements, combinés à des études récentes prévoyant une hausse d’un mètre du niveau de la mer d’ici 2100, signifient que les lignes côtières actuelles pourraient être gravement affectées.
Cependant, les détracteurs du projet craignent que toute future récupération sur la mer n’affecte certains sports qui prospèrent dans la région. Cela est dû à la publication récente d’images du futur réservoir, qui semblent montrer qu’il sera trop étroit pour des activités telles que la planche à voile, le kitesurf et la voile.
Le Dr Lincoln Chee, président de Singapore Sailing, dont la fédération est située dans le parc et dont l’équipe nationale a remporté plusieurs médailles sportives régionales récemment, estime que le projet peut avoir un « impact significatif » sur le sport et plaide en faveur de consultations approfondies lorsque l’étude commencera. « Nous attendons avec impatience des discussions avec les différentes agences pour trouver créativement un moyen de concilier la sécurité nationale et la santé et le bien-être de nos traditions maritimes, » a‑t-il déclaré.
Si les études et les plans sont approuvés, les travaux de récupération au parc de la côte est de Singapour devraient prendre des décennies pour être achevés.