Une commission portugaise va étudier les abus sexuels commis dans l’Église catholique durant ces 70 dernières années. Elle a déjà reçu de nombreux appels dès la première journée.
La Commission pour l’étude des abus sexuels dans l’Église catholique enquêtera sur les abus sexuels sur mineurs au Portugal par des représentants de l’Église catholique de 1950 à aujourd’hui.
Elle a ouvert une ligne téléphonique pour recueillir les plaintes et a été « presque toujours occupée » lors de sa première journée, le 11 janvier.
En fin d’après-midi, le personnel avait recueilli et validé une cinquantaine de témoignages, a écrit le pédopsychiatre et coordinateur de la commission Pedro Strecht à l’agence de presse portugaise Lusa. Les témoignages peuvent également être recueillis sur un site web, par email ou lors d’une rencontre en personne.
La mission s’intitule « Donner une voix au silence » et s’attachera principalement à écouter les victimes de l’Église et à recueillir les plaintes. La création de la commission fait suite à une décision prise par la Conférence épiscopale du Portugal en novembre 2021.
Des enquêtes similaires ont déjà été entreprises aux États-Unis, en Australie, en Irlande ou en Allemagne. Le dernier rapport de ce type a été publié en novembre en France, où des milliers d’abus furent commis au cours des 70 dernières années.
Et la publication de l’enquête en France a rouvert les plaies au Portugal selon l’Observador.
Une commission financée par l’Église catholique portugaise
La commission va également lire des articles de presse du passé, consulter des organisations de protection de l’enfance et, surtout, se pencher sur les archives de l’Église et examiner les méthodes utilisées par l’Église pour étouffer les affaires.
Lors d’une conférence de presse, Pedro Strecht a déclaré qu’ils avaient reçu une autonomie totale pour réaliser une étude sur les abus sexuels contre les enfants et les adolescents au sein de l’Église catholique portugaise. L’Église finance la commission. Néanmoins, Pedro Strecht a déclaré qu’il dénoncerait publiquement toute pression institutionnelle.
L’Église catholique portugaise est composée de 21 diocèses dirigés par des évêques. En 2019, plusieurs évêques avaient refusé de créer une commission sur les abus sexuels pour « gérer un problème qui n’existe pas ».
Si l’étude portera sur les crimes de nature sexuelle selon le Code pénal actuel, elle ne mène cependant pas d’enquête pénale. D’autant plus que les événements peuvent ne pas être considérés comme des actes criminels au moment où ils se sont produits. Mais elle maintiendra une communication directe avec le bureau de la police nationale portugaise pour l’envoi des plaintes.
La commission devrait publier son rapport à la fin de l’année.