Une invasion de souris oblige à des transferts de prisonniers en Australie

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22 juin 2021

Des souris ont récemment endommagé une prison mais l’invasion des rongeurs frappe durement l’Australie depuis plusieurs mois. La situation pourrait durer encore un an.

Souris
Les souris ont envahi des fermes, des écoles ou encore des prisons en Nouvelle-Galles du Sud.

Le centre correctionnel de Wellington doit transférer 420 détenus et 200 employés vers d’autres centres pénitentiaires d’ici la fin du mois. Les souris ont endommagé le câblage interne et le plafond de l’établissement situé en Nouvelle-Galles du Sud, une région frappée par une invasion massive de souris avec celle du Queensland.

« La santé, la sécurité et le bien-être du personnel et des détenus sont notre priorité absolue. Il est donc important que nous agissions maintenant pour effectuer les travaux de remise en état indispensables », a déclaré Peter Severin, commissaire des services correctionnels de Nouvelle-Galles du Sud.

Les États de Nouvelle-Galles du Sud et du Queensland sont envahis depuis des mois par des souris qui investissent les prisons, les fermes, les écoles et même les maisons, des armoires aux lits.

À la maison, les souris mangent ou rongent à peu près tout : la moquette, le plancher en bois, l’isolation du plafond ou les fils électriques. Bien que voir des souris soit devenu monnaie courante au sein de la population, certains préfèrent porter un pantalon plutôt que d’avoir une souris grimper sur leurs jambes. Mais il y a une forte odeur de mort et d’excréments. Elle affecte aussi la santé mentale et le moral, notamment celle des agriculteurs, qui voient aussi leurs récoltes détruites.

Des souris dans une ferme australienne
Les souris ont envahi les fermes et il semble impossible de s’en débarrasser.

Des conditions favorables à la reproduction des souris

Certains agriculteurs vont jusqu’à brûler une production devenue invendable qui ne nourrit plus que les souris. Si l’urine des souris n’a pas infesté la récolte, les lots sont retournés car on retrouve des cadavres dans les graines. Les machines sont également touchées. Certaines étaient en feu parce que les souris avaient mâché les fils électriques. L’association des agriculteurs de Nouvelle-Galles du Sud a estimé que le fléau a coûté 1 milliard de dollars australiens (749 millions de dollars américains) de dommages aux producteurs céréaliers. Le gouvernement de l’État a jusqu’à présent fourni 150 millions de dollars australiens (112 millions de dollars américains) pour aider les agriculteurs.

L’Australie connaît une invasion de souris tous les dix ans environ, mais celle-ci pourrait être la pire depuis trente ans.

Pour une fois, les dernières récoltes avaient été bonnes après plusieurs années de sécheresse. Mais lorsque les agriculteurs ont stocké du foin pour leur bétail, cela a également fourni de la nourriture pour les souris.

Les conditions ont en effet été favorables aux rongeurs. Les sécheresses des quatre dernières années ont disséminé leurs principaux prédateurs. Mais les souris ont un cycle de reproduction rapide. Une mère peut donner environ 10 petits toutes les trois semaines, ce qui leur permet de se remettre assez vite de conditions difficiles.

L’année dernière, l’été doux et humide de décembre 2019 à février 2020 a permis d’obtenir une bonne production pour les fermes ainsi qu’une reproduction précoce pour les souris. Les souris se sont reproduites en continu de l’été jusqu’au printemps.

De plus, pour des raisons environnementales, les agriculteurs ont cessé de brûler leurs champs à la fin de la récolte pour nettoyer la terre, ce qui a donné plus de nourriture et d’abri aux rongeurs avec les brins restants au sol.

Sans prédateurs, avec de bonnes conditions de reproduction et une nourriture abondante, les souris ont proliféré et ont commencé à se manifester en septembre-novembre 2020, pendant le printemps.

Un poisson régurgitant des souris partiellement digérées en Australie
Un poisson régurgitant des souris partiellement digérées en Australie | @LucyThack, Twitter

Des problèmes environnementaux et sanitaires liés à l’utilisation de poison

Pour lutter contre l’invasion, les magasins ont vite fait de manquer de pièges et d’appâts. Les agriculteurs peuvent utiliser du poison : des grains de blé enrobés d’une toxine à base de phosphate de zinc. Au début, il s’est avéré inefficace car la quantité était minimum par rapport à l’ensemble des souris. Le gouvernement de l’État a permis de doubler la dose. Mais l’utilisation du poison pose aussi des problèmes environnementaux. Les graines peuvent être mangées par d’autres animaux, comme les oiseaux. Des dizaines de galahs ont été retrouvés morts à cause du poison.

L’impact sur l’ensemble de l’écosystème reste inconnu. Certains poissons ont ajouté les souris à leurs habitudes alimentaires. Des vidéos montrent des morues de Murray régurgitant des dizaines de souris de leur estomac. Plusieurs Ninoxes puissantes, une espèce de hiboux originaire d’Australie, sont mystérieusement morts. Ils souffraient d’hémorragies internes, ce qui est exactement ce qu’un poison puissant est censé faire aux souris.

La bromadiolone est actuellement interdite pour les usages extérieurs en Australie, mais le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud a demandé une dérogation d’urgence. Ce poison est un anticoagulant, ce qui reviendrait finalement à « napalmiser » les souris, a déclaré Adam Marshall, le ministre de l’agriculture de l’État. Sauf que le poison peut rester toxique pendant 6 mois dans un cadavre. Le phosphate de zinc, le poison standard, se transforme en gaz et sa toxicité disparaît en un jour.

Tous espèrent que les prochains mois d’hiver seront froids pour endiguer le fléau. Cela permettra également de gagner du temps pour l’été prochain. Mais l’Organisation de recherche scientifique et industrielle du Commonwealth a averti que la situation pourrait durer deux ans. Comme la population est nombreuse et que la nourriture reste abondante, la reproduction pourrait même s’accélérer l’année prochaine. Ou alors la population des souris a atteint son pic et les maladies et le cannibalisme mettront fin à l’invasion.

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Sources :

Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.