Une simulation informatique explique la rupture du barrage de Brumadinho au Brésil

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5 octobre 2021

Une nouvelle étude explique la cause potentielle de la catastrophe du barrage de Brumadinho en 2019 et accuse un forage survenu peu avant la rupture. Mais pour l’entreprise Vale, cela atteste d’un « concours de circonstances particulièrement défavorable ».

Image de la rupture du barrage de Brumadinho
La rupture du barrage a créé une coulée de boue qui a absorbé les bureaux et la cafétéria de la mine, et détruit un village situé à proximité. Elle a également déversé 12 millions de tonnes de résidus miniers dans la rivière. | © Gouvernement brésilien

La rupture du barrage retenant des résidus de minerai de fer à Brumadinho avait entraîné la mort de 259 personnes – 11 autres sont toujours portées disparues – et une catastrophe environnementale au Brésil.

À sa demande, le ministère public fédéral a reçu les résultats d’une étude menée par l’International Center for Numerical Methods in Engineering (CIMNE), un organisme de recherche faisant partie de l’Université technique de Catalogne.

Le rapport confirme que la rupture du barrage était due à la liquéfaction du sol. « Il est incontestable que la rupture du barrage numéro I a impliqué le mécanisme de liquéfaction des sols ».

Le rapport conforte une conclusion antérieure de la police fédérale et contredit la version du groupe minier Vale, qui estime que les pluies intenses des jours précédents avaient provoqué l’effondrement du barrage.

La liquéfaction se produit lorsque le sol, saturé d’eau, perd sa résistance et se comporte alors comme un fluide. Cet effet peut être provoqué par des secousses sismiques, entraînant une coulée de boue et l’effondrement de bâtiments.

Le CIMNE a analysé plusieurs simulations effectuées en incluant l’historique de la construction du barrage, son mouvement dans les années précédant la rupture ou les précipitations des 40 dernières années.

Le rapport souligne que « la plupart des résidus du barrage étaient duveteux, contractiles, saturés et mal drainés et donc très sensibles à la liquéfaction ».

Une liquéfaction contenue du barrage un an auparavant

Pour l’université, un forage qui avait démarré cinq jours avant la tragédie a été le potentiel déclencheur. Dans leur étude, « les caractéristiques de la rupture et le schéma des mouvements sont cohérents avec les observations visuelles ».

Les simulations de forage à d’autres endroits n’ont en revanche pas abouti à l’effondrement de l’infrastructure.

En effet, le profil du sol à l’endroit du forage était « particulièrement défavorable », provoquant une surpression d’eau sous le barrage. Le forage était destiné à installer un autre piézomètre, un dispositif utilisé pour mesurer la pression des liquides dans le sol.

En fait, les risques de liquéfaction n’étaient pas nouveaux. Un an avant la catastrophe, un autre forage avait été réalisé pour installer des drains et des piézomètres. Un incident majeur a entraîné des fuites de boue visibles en divers points du barrage, ce qui, pour l’université, a provoqué une liquéfaction modérée selon les enregistrements des graphiques sismiques.

L’étude a également exclu les activités sismiques ou minières comme déclencheurs potentiels de la catastrophe.

De plus, elle a révélé que la lente déformation du barrage et une augmentation de la quantité de précipitations n’auraient pas rendu le barrage instable pendant encore 100 ans.

Plus tôt en février, l’enquête menée par la police fédérale avait révélé qu’un forage inapproprié avait provoqué la rupture du barrage. Elle avait conclu que l’entreprise Vale aurait dû attendre de recevoir les résultats techniques avant de procéder au forage.

Pour Vale, comme le rapporte R7, l’étude montre qu’il n’y avait « aucune indication préalable à la rupture de la structure, qui s’est produite de manière soudaine », et qu’elle « atteste qu’il y a eu un concours de circonstances particulièrement défavorable ».

En février, Vale a accepté de verser 7 milliards de dollars à titre de compensation pour la catastrophe. Seize personnes ont été inculpées pour l’homicide de 270 personnes et pour crimes environnementaux. Cinq personnes n’ont toujours été retrouvées.

Vale avait également été impliquée dans la catastrophe liée à un autre barrage en 2015 au Brésil.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.