Le barrage éthiopien sur le Nil bleu a été inauguré dimanche alors que l’Égypte est toujours en profond désaccord avec le projet.
L’une des 13 turbines du barrage de la Renaissance sur le Nil Bleu a commencé à produire de l’électricité le 20 février.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a officié l’inauguration de cette infrastructure controversée. « À partir de maintenant, rien n’arrêtera l’Éthiopie », a déclaré M. Abiy.
Le barrage deviendra le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique avec une capacité de production d’électricité de 6 500 mégawatts une fois achevé, ce qui devrait se faire d’ici deux ans et demi à trois ans selon Kifle Horo, le chef de projet du barrage.
Le barrage a été une source récurrente de tensions avec l’Égypte et le Soudan, qui craignent les conséquences sur leur quantité d’eau disponible.
L’Egypte, qui dépend du Nil pour son agriculture et son commerce, serait vulnérable à la régulation du débit d’eau par l’Ethiopie. En avril 2021, le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly a déclaré que « l’Égypte ne cédera pas une seule goutte de sa part des eaux du Nil ».
Les États ripariens en amont ont trouvé un accord sur les quotas d’eau du Nil en 2010, mais il n’a pas été signé par l’Égypte et le Soudan. L’Égypte préfère les traités plus anciens qu’elle a signés. En 1959, l’Égypte et le Soudan ont sécurisé une quantité minimale d’eau qu’ils devaient recevoir du Nil entre eux mais sans inclure les neuf autres pays concernés.
Et en 1929, la Grande-Bretagne, qui représentait à l’époque l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie et le Soudan, avait donné à l’Égypte le droit d’opposer son veto à tout projet en amont qui pourrait avoir un impact sur sa part des eaux du Nil.
En 2015, l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte ont signé une déclaration de principes pour coopérer « basé sur une compréhension commune, des bénéfices mutuels, la bonne foi, le gagnant-gagnant et les principes du droit international » et avec « la compréhension des besoins en eau en amont et en aval sous ses différents aspects ».
Mais alors que l’Éthiopie a rempli les réservoirs d’eau et que le barrage a commencé à produire de l’électricité, la vitesse à laquelle ils seront remplis et la quantité d’eau qui sera libérée pendant les saisons de sécheresse ne sont toujours pas des questions résolues.
Le ministère égyptien des affaires étrangères a déclaré dimanche dans un communiqué que la décision de l’Éthiopie constituait une nouvelle « violation » de l’accord de principe.
M. Abiy a toutefois affirmé dimanche que le barrage profiterait également à l’Égypte et au Soudan, avançant l’objectif d’exporter de l’électricité neutre en carbone vers l’Europe via leur territoire. « L’Ethiopie ne veut et n’a pas l’intention de nuire à qui que ce soit », a‑t-il déclaré.
L’Éthiopie soutient que le barrage, d’une valeur de 4,2 milliards de dollars, est essentiel à son développement, car il permettra de distribuer de l’électricité à 60 % de ses 115 millions d’habitants.
La construction a commencé en 2011 mais les travaux ont été fortement retardé à cause de défauts de conception et de détournements de fonds.