Depuis 2003, les véhicules qui entrent dans le centre de Londres doivent s’acquitter d’un péage. Mais environ un tiers des missions diplomatiques installées dans la capitale du Royaume-Uni ne les paient pas. Le gouvernement cherche à percevoir les impayés, mais certains pays considèrent qu’ils sont exemptés.
Les représentations internationales doivent à Londres environ 145 millions de livres (169 millions d’euros) de redevances pour circuler dans la ville, selon le gouvernement britannique.
David Rutley, sous-secrétaire d’État au ministère des affaires étrangères, a détaillé les 85 ambassades et organisations internationales qui doivent plus de 100 000 livres (116 000 euros) d’impayés depuis l’introduction du péage de la ville jusqu’à décembre 2022.
La « congestion charge » est une taxe introduite à Londres en février 2003 pour limiter la circulation des véhicules dans le coeur de la capitale britannique. Le tarif est de 15 livres (17,5 euros) pour toute une journée.
Les trois pays les plus endettés sont les États-Unis (14,6 millions de livres ; 17 millions d’euros), le Japon (10 millions de livres ; 11,6 millions d’euros) et l’Inde (8,5 millions de livres ; 10 millions d’euros) mais talonnés par le Nigeria (8,38 millions de livres ; 9,7 millions d’euros).
Pour M. Rutley, les missions diplomatiques et les organisations internationales ne sont pas exemptées du péage de Londres, qu’il compare à des frais de stationnement qu’elles doivent payer. Le gouvernement britannique affirme que les diplomates doivent respecter les règles d’un pays en vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.
Mais certains pays ne sont pas prêts à la payer.
C’est le cas par exemple de la République tchèque, qui a accumulé 480 000 livres (559 000 euros) d’impayés. Mais Daniel Drake, porte-parole du ministère tchèque des affaires étrangères, a déclaré au média tchèque Novinky que son pays considérait qu’il s’agissait d’une taxe locale contraire à l’article 25 de cette même convention de Vienne. Cet article stipule que « l’État accréditaire accorde toutes facilités pour l’accomplissement des fonctions de la mission ».
Un certain nombre de véhicules sont exemptés, comme les ambulances et les chauffeurs de taxi, mais pas les voitures des corps diplomatique et consulaire.
Si la plupart des 85 pays ont vu leurs impayés augmenter depuis une précédente liste de 2018, certains pays s’en acquittent au moins partiellement.
La Finlande, l’un des six États membres de l’Union européenne à ne pas figurer sur la liste des débiteurs à plus de 100 000 livres, a payé au moins 278 000 livres (324 000 euros) ces dernières années. La Tunisie est également l’un des rares pays débiteurs à avoir diminué le montant de sa dette, de 63.000 livres, soit 18%, entre fin 2018 et 2022.
La France, le 8ème pays le plus gros débiteur derrière la Chine, la Russie et la Pologne, avec 4,8 millions de livres (5,6 millions d’euros) d’arriérés, a vu sa dette augmenter plus que tout autre pays. En quatre ans, l’encours a en effet plus que doublé, augmentant de 2,56 millions de livres.
Alors que cela représente une hausse de 113 %, les trois premiers pays ont eux ont augmenté leurs arriérés de 18 ou 19 %.
De plus, le péage urbain a été interrompu pendant quelques semaines au début de la pandémie de COVID-19. Et l’augmentation de 30 % en juin 2020, de 11,5 livres à 15 livres, n’explique pas une telle augmentation. L’ambassade de France à Londres, située au sud de Hyde Park et juste à la limite de la zone de péage, n’a pas répondu aux questions de Newsendip envoyées par email.
Mais le litige existe depuis l’introduction du péage. En 2006, Transport of London avait publié une déclaration parce que l’ambassade des Émirats arabes unis avait accepté que ses diplomates paient la taxe.
Une autre taxe pour les véhicules légers, l’Ultra Low Emission Zone, coûte 12,50 livres par jour et couvre tous les arrondissements de Londres et la City.