Économie

À mi-chemin de son plan sur le “tourisme régénérateur”, Hawaï augmente ses revenus avec moins de touristes

Destination touristique prisée pour sa nature et ses paysages naturels, Hawaï promeut une forme de “tourisme régénérateur” qui semble compatible avec une augmentation des revenus pour 2022. Mais cela ne signifie pas que l’État souhaite réduire l’activité touristique au nom de la préservation de la nature.

Plage du parc d'État de Hāʻena sur l'île de Kauai
Plage du parc d’État de Hāʻena sur l’île de Kauai. Les nouveaux frais d’accès au parc permettent de gérer la fréquentation du parc | © Department of Land and Natural Resources

L’État d’Hawaï est à peu près à mi-chemin de ses plans pour stimuler l’industrie touristique locale avec du “tourisme régénérateur”. De janvier à septembre 2022, les touristes ont rapporté plus de revenus qu’à la même période avant la pandémie de Covid-19, malgré une diminution du nombre de touristes.

Les îles hawaïennes sont reconnues pour la beauté de leurs paysages naturels, si bien qu’elles ont accueilli en 2019 un nombre record de 10,4 millions de visiteurs. Cela avait rapporté près de 18 milliards de dollars aux entreprises locales, généré plus de 2 milliards de dollars de taxes et soutenu 216 000 emplois à travers l’archipel.

Mais l’Office du tourisme d’Hawaï notait en 2021 que ce tourisme a également “exercé une pression sur nos destinations et nos communautés”, soulignant “l’effet négatif du tourisme, qui a non seulement un impact sur la qualité de vie des résidents mais aussi sur la qualité de l’expérience des visiteurs.”

À ce titre, l’office du tourisme publiait en mars-avril 2021 ses plans d’action de gestion des destinations qui visent à “reconstruire, redéfinir et réinitialiser” le tourisme trois ans. Il souhaite attirer et éduquer des visiteurs responsables, impliquer davantage les communautés locales, éviter les attractions surpeuplées et promouvoir le concept de tourisme régénérateur dans l’État d’Hawaï. La pandémie a eu un rôle clé dans cette nouvelle vision.

Le tourisme régénérateur a pris de l’ampleur en 2020 lors de la pandémie de Covid-19 selon l’agence d’État du tourisme et va plus loin que le concept de tourisme durable qui se concentrait sur la réduction des dommages du tourisme. Avec le tourisme régénératif, les touristes ont un impact positif sur l’environnement qu’ils visitent.

Le tourisme régénérateur est plus audacieux et plus inspirant. Il ne vise pas seulement à faire moins de mal, mais aussi à réparer les dommages que notre système a déjà causés à la nature et, en utilisant les principes de la nature, à créer les conditions nécessaires à la vie pour prospérer“, selon Anna Pollock, consultante internationale en tourisme et fondatrice de Conscious Travel.

Pour ce faire, l’État d’Hawaï a encouragé la conservation de ses ressources naturelles en investissant dans le marketing et la communication, a repris ses partenariats avec des organisations à but non lucratif et a accéléré la mise en place de frais d’entrée dans un certain nombre de sites naturels afin d’obtenir davantage de fonds et de gérer le flux de visiteurs.

Cela avait commencé avant la pandémie et les plans de tourisme régénérateur. Après des inondations historiques wn 2018, une grande partie de la côte nord du parc d’État de Ha’ena, sur l’île de Kaua’i, avait été fermée pendant un an et demi. Mais un réaménagement de l’accès au parc et la mise en place d’un système de réservation permettent désormais de plafonner les visiteurs des parcs de Hāʻena et Nāpali Coast à 900 par jour, contre plus de 2 000 avant les inondations.

Pendant la pandémie de Covid-19, le Bureau des ressources naturelles avait même augmenté les tarifs de huit des cinquante parcs d’État des îles hawaïennes dans l’espoir de compenser la perte de visiteurs. Les visiteurs des parcs non résidents de l’État paient désormais 10 dollars par véhicule et 5 dollars pour les visiteurs à pieds, au lieu de 5 dollars par véhicule et 1 dollar pour les touristes à pieds.

Plus de recettes en janvier-septembre 2022 qu’à la même période en 2019 malgré la baisse du nombre de touristes

Randonnée du Diamond Head State Monument à Honolulu
Randonnée du Diamond Head State Monument à Honolulu. Depuis mai 2022, les personnes doivent payer pour accéder au parc | © Hawaii State Parks

Une grande partie des 50 parcs d’État sont gratuits mais le système de réservation et les frais d’entrée ont été étendus à davantage de sites. C’est par exemple le cas depuis mai 2022 à Diamond Head, un cratère volcanique situé à Honolulu et l’un des parcs les plus populaires de l’État. Des frais d’entrée de 1 dollar par touriste à pied et de 5 dollars par véhicule s’applique.

Le tourisme est le premier moteur économique de l’archipel et a augmenté pendant huit années consécutives jusqu’à la pandémie de Covid-19. En 2019, le tourisme représentait plus de 16 % du produit intérieur brut de l’État. Mais la conservation de son environnement peut également être cruciale pour l’économie hawaïenne, car une grande partie de son tourisme dépend du paysage et des ressources naturelles des îles.

Quatre-vingt-dix pour cent des 1 000 espèces vivantes des les parcs d’Hawaï sont endémiques des lieux. Et en raison du changement climatique, l’Agence américaine de protection de l’environnement avait estimé en 2016 que les récifs coralliens d’Hawaï pourraient diminuer jusqu’à 40 % d’ici 2100.

Néanmoins, l’utilisation plus répandue des systèmes de réservation et des droits d’entrée ne semble pas avoir affecté négativement l’industrie du tourisme en 2022 après deux années difficiles.

De janvier à septembre 2022, les dépenses totales des visiteurs ont augmenté de près de 8 % par rapport aux neuf premiers mois de 2019, malgré une baisse des arrivées de touristes de 12 %. Elle a été compensée par la hausse des dépenses quotidiennes moyennes des visiteurs (+26%). “Chaque visiteur à Hawaï dépense environ 2 100 dollars par voyage lors de son séjour dans nos îles”, selon Mike McCartney, directeur au sein du département du commerce, du développement économique et du tourisme.

Cependant, bien que l’éducation à la conservation semble bien se dérouler selon les derniers rapports de mis en place des plans de gestion, l’obtention de ressources financières adéquates reste le grand enjeu. “Nous savons que la conservation des ressources naturelles est chroniquement sous-financée ici à Hawaï et pourtant elle est si importante pour nous”, a commenté Ilihia Gionson de l’Autorité du tourisme d’Hawaï à KITV.

Un projet de loi qui aurait dû fournir plus de fonds à la protection de l’environnement naturel a été abandonné au cours de la dernière législature et des inquiétudes existent concernant une potentielle taxe sur les touristes qui arrivent dans les îles, selon Paul Drewes, journaliste à KITV.

Néanmoins, si le tourisme régénérateur consiste à impliquer les gens dans la conservation des ressources naturelles, la vision hawaïenne ne consiste pas vraiment à réduire le nombre de visiteurs. L’office du tourisme prévoit toujours de retrouver le niveau d’arrivées de touristes de 2019 d’ici 2025.

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