Corruption en Afrique du Sud : plus de la moitié des dépenses publiques liées au Covid-19 présentent des irrégularités

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25 janvier 2022

Un audit sur la corruption en Afrique du Sud dans les marchés publics liés à la pandémie de Covid-19 montre que 62% des contrats analysés jusqu’à présent présentent des irrégularités.

Président d'Afrique du Sud Cyril Ramaphosa
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a publié un rapport d’enquête sur les marchés publics. Plus de la moitié des contrats passés en réponse à la pandémie de Covid-19 présentent des irrégularités | © GovernmentZA, janvier 2022

La Special Investigating Unit vérifie ce que l’Afrique du Sud a dépensé dans sa lutte contre le Covid-19 et a partagé un rapport actualisé sur les cas de corruption, de fraude ou de faux qui ont indument profité de l’argent public.

Au total, la SIU passe au crible 5 467 contrats gouvernementaux accordés à 3 066 prestataires de services pour une valeur de 14,3 milliards de rands (937 millions de dollars).

L’enquête n’a été finalisée que pour 4 549 contrats et le présent rapport ne fait pas référence aux affaires en cours. Mais déjà 62% des contrats présentent des irrégularités, ce qui signifie qu’au moins 51% de tous les contrats signés par des fonctionnaires ne seront pas considérés corrects.

La SIU a fait part de ses actions le 10 décembre 2021 et le président sud-africain Cyril Ramaphosa a autorisé à le rendre public. Le rapport a été publié le 25 janvier.

L’unité d’enquête a noté qu’en raison de la déclaration d’un état de catastrophe nationale en mars 2020, les personnes occupant des postes d’autorité au sein des gouvernements provinciaux pensaient qu’elles n’avaient pas besoin de se conformer aux réglementations sur les marchés publics. Par conséquent, et pour des raisons d’urgence, elles ne se souciaient guère des appels d’offres impliquant des fonds publics.

Les premières allégations de fraude ou de corruption sont parvenues à la SIU aux sujets de l’achat d’équipements de protection individuels, de sites de quarantaine, de services de restauration ou de matériel de désinfection.

Certains fournisseurs ont été payés sans preuve de livraison, des paiements ont été effectués deux fois, des prestataires de services ne sont pas en règle avec les impôts, des produits ont été vendus à des prix exorbitants ou des contrats ont été accordés à des amis ou des membres de la famille de hauts fonctionnaires.

Le ministre de la santé d’Afrique du Sud a démissionné pour un scandale de corruption en pleine pandémie de Covid-19

La SIU a donc demandé au président de la République une proclamation pour enquêter sur les cas de mauvaise administration et de corruption concernant les contrats passés par toutes les institutions publiques en réponse à la pandémie de Covid-19.

Le président de l’Afrique du Sud a autorisé l’enquête en juillet 2020 afin de déterminer si des fonds publics avaient été détournés.

En rendant le rapport public, M. Ramaphosa veut montrer qu’il lutte contre la corruption car il était vice-président lorsque son prédécesseur Jacob Zuma a démissionné de la présidence à la suite de scandales de corruption en 2018.

À ce jour, les enquêtes ont conduit à 386 infractions telles que la fraude, la corruption ou la falsification qui ont été ensuite envoyées à l’Autorité nationale des poursuites, 224 notes pour des actions disciplinaires contre des fonctionnaires, 330 demandes d’actions administratives dont la mise sur liste noire d’entreprises.

Quarante-cinq affaires, représentant 2,1 milliards de rands (138 millions de dollars) de dépenses publiques, ont été portées devant le Tribunal sur la corruption, la fraude et les flux d’argent illicites.

Selon le rapport, l’enquête a permis d’éviter la perte de 114 millions de rands en raison de la corruption. L’Afrique du Sud devrait s’attendre à récupérer 551,5 millions de rands (36 millions de dollars) en raison de la mauvaise utilisation des fonds Covid-19, bien que seuls 6 % aient été effectivement récupérés jusqu’à présent.

En août dernier, le ministre de la santé Zweli Mkhize a démissionné à la suite du scandale de corruption Digital Vibes. La société, gérée par deux anciens assistants du ministre, a remporté un appel d’offres d’une valeur de 150 millions de rands en 2019 pour fournir des services de communication au ministère.

Le contrat a ensuite été irrégulièrement étendu pour inclure la gestion d’une campagne de sensibilisation contre le Covid-19. L’entreprise aurait donné de l’argent liquide, payé des travaux de rénovation privés ou encore acheté une voiture pour Mkhize et sa famille.

Le rapport final sur toutes les affaires de corruption doit être soumis au président d’ici juin 2022.

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Clément Vérité

Clément est le rédacteur en chef et fondateur de Newsendip.

Il a démarré dans l'univers des médias en tant que correspondant à 16 ans pour un journal local après l'école et ne l'a jamais quitté depuis. Il a ensuite pu travailler pendant 7 ans au New York Times, notamment en tant que data analyst. Il est titulaire d'un Master en management en France et d'un Master of Arts au Royaume-Uni en stratégie marketing et communication internationale. Il a vécu en France, au Royaume-Uni et en Italie.